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Maroc

L’environnement

M. Kanchev, 
Suite à notre rencontre à Genève, je reprends contact à propos de missions à l’étranger. 
Je vous renvoie le texte de ma motivation et mon CV actualisé.

Cordialement.

Lettre de motivation

En Algérie depuis 3 ans, j’ai été d’abord chef d’aménagement,  sur un chantier à Tiaret (Station d’épuration pour 400.000 habitants), et maintenant chef d’aménagement à l’aval du barrage de Koudiat Acerdoune (Station de traitement pour l’eau potable produisant 5000 litres/seconde, et canalisations jusqu’à deux mètres de diamètres). Calcul: 5000 litres par seconde! soit 432 000 000 litres par jour permettent d’alimenter en eau 8 640 000 personnes à raison de 50 litres par jour et par personne…

A cause des attentats trop fréquents centrés sur notre zone de travail, j’envisage de quitter l’Algérie , et je souhaite repartir  prochainement à l’étranger.
Je vous envoie donc un résumé de mon CV:

J’ai travaillé dans de nombreux pays d’Océanie, d’Afrique et du centre de l’Europe, dans le secteur privé, dans l’aide aux pays en développement et dans l’humanitaire, comme chef de mission ou expert conseiller technique sur des programmes de l’Agence Française de développement, des Coopérations Allemande et Anglaise, de l’Union Européenne, du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, des Banques Africaine, Islamique, Mondiale de développement, des Fonds Européen, Saoudien et Koweitien
J’ai en particulier supervisé les travaux des STE de Niamey, Bamako, Mayotte, et Koudiat. Assumé également la Maîtrise d’oeuvre de programmes d’hydraulique villageoise au Maroc, au Sénégal, à Zanzibar, au Tchad et à Madagascar..Plus jeune j’avais en Polynésie Française fédéré les entreprises du BTP pour créer « Labotech S.A. » (laboratoire technique du Batîment et des travaux publics). Puis durant 4 ans ma propre entreprise de forages.
Au cours de l’année écoulée, j’ai développé sur « File Maker » des SGBD  (systéme de gestion par bases de données) pour faciliter la gestion décentralisée sur site des milliers de documents émis par la mission de contrôle (8 ingénieurs): phase d’ingéniérie: approbation des plans, mémoires techniques et notes de calcul. Phase de travaux: autorisations après points d’arrêt, PV contradictoires…etc. Ces banques de données sont  décentralisées et administrées directement sur site:  chaque ingénieur y accède par un réseau local, avec possibilité d’accès pour le Siège européen, grâce à la fonction publication web instantanée (travail en « workflow »)
L’enregistrement de tous ces documents permet une gestion  souple et rapide des projets (et prépare les réponses à d’éventuels futurs contentieux), et économise beaucoup de temps et de peine à tous les intervenants sur site.
Je souhaite donc avoir l’occasion de vous rencontrer bientôt pour approfondir nos contacts en vue d’une collaboration prochaine.

En route pour Rabat

La réponse de Kanjev est très positive. Le bureau d’études où il bosse, SGI vient de remporter un appel d’offres au Maroc, et cherche un expert en Hydraulique, spécialité assainissement..

J’arrive à Rabat et me rends à l’hotel Ibis, où j’ai rendez vous avec Kanjev, vers 14 h. Nous faisons connaissance. Je parle de moi, j’adore ça, bla,bla,bla, il parle de lui bla,bla,bla, et nous nous comprenons. Enfin, Kanjev se dit rassuré après cette discussion: il a confiance en mes capacités en bla,bla,bla et en gestion de programme. Tant mieux!

Je lui suggère alors d’aller faire un tour à Haroura plage, mon lieu de résidence il y a 9 ans, lors de ma mission d’assistance à l’ONEP Office National de l’Eau Potable pour l’alimentation en eau de 450 villages au Maroc.

Nous passons d’abord chez Mustapha, mon ancien chauffeur, tout à fait surpris de me revoir. Lorsqu’il me demande si pour cette mission je vais avoir besoin de ses services, il est, par contre, tout à fait déçu de ma réponse négative: il n’y a pas de poste de chauffeur prévu ni budgétisé dans le programme.

Puis nous nous dirigeons ensemble, vers le bar-restaurant le Miramar, où les gens du quartier me reconnaissent et certains viennent me saluer, tous surpris de me retrouver là, si longtemps après, et sans aucune nouvelle.
Mustapha me passe son portable avec Khalid en ligne. Khalid était un des animateurs dans les villages du MEDA, auquel à mon départ j’avais confié une mission spéciale: il devait se rendre à une conférence internationale à Bruxelles, et se débrouiller pour présenter aux conférenciers, à l’écran et sur la scène, le concept de l’IECNTIC, employé dans 450 villages du Maroc. Ainsi que le site internet consacré. Information, Education, Communication par les Nouvelles Technologies de la Communication. Pour cela, je lui avais payé de ma poche le voyage AR et le séjour à Bruxelles. Malheureusement il n’y avait pas eu les retombées que j’escomptais…Et maintenant il me dit qu’il vient me rejoindre, au Miramar, d’ici un quart d’heure.

Puis Kanchev en me passant aussi son téléphone me met en relation avec un de ses amis, entrepreneur qui est intéressé par le programme du Ministère de l’Environnement. Bla, bla, bla .. et il m’invite à déjeuner avec lui demain Dimanche, au Miramar.

Finalement, les consommations aidant il y a, à notre table qui commence à sa remplir, une bonne ambiance de buveurs joyeux. Moi même qui avais hésité à revenir au Maroc, je me félicite d’être revenu.
Et voilà Khalid qui arrive, tiré à quatre épingles, encravaté, dans un impeccable costume gris. C’est qu’en dix ans, il a beaucoup changé. D’adolescent, il est devenu adulte, avec une certaine assurance due à sa situation professionnelle: il est chef de projets à l’Agence du Nord.
Nous parlons du bon vieux temps mais aussi du présent , et le voilà qui me donne des nouvelles d’Hajiba. Elle vit à Marrakech, avec sa soeur et son fils et elle est danseuse dans une boîte de nuit réputée: le Jad Palace.
« Est ce que je veux la rencontrer? ».
« Oui, Khalid, mais pas tout de suite, je viens juste d’arriver, et de plus je pense faire venir ici mon amie sénégalaise (BB). »
« Comme tu veux, quand tu sera décidé, appelle moi nous irons ensemble ».
Là dessus, le temps passe et Kanjev me propose de rentrer à l’hôtel. Au passage, il me montre en ville, un petit appartement où lui même a habité pendant deux ans lors d’une précédente mission.
OK, mais moi je lui dis qu’il y a 10 ans j’habitais une belle villa au bord de la mer à Haroura plage, et que j’aimerais bien me réinstaller dedans si elle est libre.
« Bon, mais SGI ne paiera qu’une partie du loyer. Tu devras donc contribuer. Allez, on verra ça plus tard. Demain c’est Dimanche, repose toi bien et prépare un peu notre réunion de lundi matin, au Ministère de l’Environnement ».

Le projet: Protection de l’Environnement

Dans le cadre de l’objectif « Protection de l’environnement » du programme MEDA, l’Union Européenne a accordé un financement pour le projet « Assainissement et appui institutionnel », afin d’appuyer le Gouvernement marocain dans la mise en œuvre de sa politique environnementale de préservation des ressources en eau et d’assainissement liquide, notamment le Programme National d’Assainissement Liquide et d’Epuration des Eaux Usées (PNA). Ce projet permettra particulièrement de réaliser les objectifs de dépollution du bassin de Sebou par le traitement des eaux usées domestiques.

Le coût total du projet est estimé à 92,2 millions euros. La CE s’engage à financer un montant maximum de 30 millions euros. La contribution financière du Royaume du Maroc est fixée à 62,2 millions euros.

Le projet comporte deux composantes : « Appui institutionnel » et «Assainissement ».
La réalisation du volet institutionnel est confiée à une Unité de Gestion du Projet/Env placée au sein du MEMEE (Ministère de l’Environnement, des Mines, de l’Energie et de l’Equipement) alors que la composante « Assainissement » est réalisée par l’ONEP (Office National de l’ Eau Potable).

Entre autres responsabilités, l’UGP/Env est chargée de produire ( art 3.2.5. de la Convention de Financement) des rapports périodiques, qui décrivent l’avancement de sa composante « appui institutionnel » et en effectue la consolidation avec les rapports remis par l’ONEP sur l’avancement de la composante « Assainissement ». Cette somme constitue le rapport périodique présentée chaque semestre (ou trimestre) au Comité de Suivi et de Coordination.

Un coup d’oeil sur un rapport périodique? téléchargez

Ce rapport retrace l’avancement général du projet, tout en faisant ressortir la part de la contribution de la CE, soit :

– l’avancement de la totalité du volet institutionnel et,

– l’avancement des travaux d’assainissement financés par l’UE (6 centres sur un total de 17).

L’objectif général du projet est la protection des ressources en eau et l’amélioration de leur gestion environnementale dans un contexte de consolidation des acquis de la réforme du secteur de l’eau et de sa gouvernance.

Les principaux objectifs spécifiques du projet sont :

(i) contribuer à la préservation des ressources en eau par des actions d’assainissement / épuration des eaux usées ;

(ii) consolider la formalisation des mesures réglementaires et financières de mise en œuvre du Programme National d’Assainissement ;

(iii) améliorer la gouvernance du secteur de l’eau et de l’assainissement.

Voilà le genre de bla bla bla qu’il me faut relire trois fois pour comprendre ce que ça veut dire. Une fois encore, je suis sorti de ma zone de sécurité, en acceptant un poste important dans un domaine qui n’est pas vraiment ma spécialité! L’eau potable oui ça va, l’eau usée c’est plus difficile pour moi.
Toutefois, pensés-je, si le MEMEE du Maroc a accepté ma candidature, c’est que je peux le faire, « YES I CAN », mais ça va me demander un sérieux effort intellectuel, ne serait-ce que pour commencer à y comprendre quelque chose…

Enfin, on verra bien demain. La réunion devrait bien se passer, car il n’est pas question de revenir sur l’acceptation de ma candidature, mais plutôt de démarrer sans tarder ce que l’on attend de moi.

Et le lendemain effectivement la réunion se passe bien.

Comme je ne connais pas grand chose sur l’Environnement, je parle (il faut bien parler) d’autre chose, et notamment de ma marotte, la SGBD (Système de Gestion par Bases de données) configurée par mes soins pour la gestion des documents administratifs émis, par milliers lors de la réalisation d’un projet.

C’est toujours intéressant et pratique. Ainsi pour la rédaction, et la transmission des compte rendus de réunion, et d’autant plus intéressant qu’il y a de sur ce projet de nombreux participants, 44 au moins.
Téléchargez le compte rendu, et vous verrez.

La villa à Haroura plage

Après notre réunion, je suggère qu’on retourne à Haroura Plage pour retrouver la villa que je louais dix ans auparavant. Et nous la retrouvons, mais elle est occupée. Marchons donc un peu le long de cette petite route qui longe le rivage, en interrogeant les gens du quartier. L’un d’eux nous demande de le suivre jusqu’à ce que nous apercevions en contre bas un petit jardin suspendu au dessus de la mer, sur lequel est construite une maison qui offre, dés le premier regard un aspect très sympathique: Confortable, isolée, donc calme et dominant l’océan: du salon, on a vue sur la mer, quasiment à nos pieds. Et justement nous précise notre guide, elle est à louer. « Si vous la voulez, j’appelle tout de suite son propriétaire ». Celui-ci arrive rapidement et nous fait la visite. Deux chambres, cuisine, salle de bain et salon avec une cheminée. Excellent, tout est propre, net et confortable. Cerise sur le gâteau, pour la belle saison, il y a une tente caïdale (tente de caïd, autorité algérienne) sur le gazon.

Le loyer, qui comprend le salaire du gardien, est un peu cher mais SGI en prendra la moitié. Je loue donc la maison et le gardien. Le lendemain, le bail préparé par le propriétaire est signé.
Je quitte l’hôtel et j’emménage tout seul. Mustapha me propose alors, de me faire la cuisine, et ainsi m’éviter d’aller manger tous les jours au restaurant. Le Ministère n’est pas très loin, et avec la Logan qui m’est affectée, je peux revenir à la maison tous les jours pour le repas.
Et Mustapha me voyant seul, ce qui pour moi n’est pas si mal que ça, me dit un jour:
« Xavier, tu sais au Maroc, ça n’a pas tellement changé ».
« Ah bon..ça n’a pas tellement changé, mais à quel propos? » « A propos des filles; d’ailleurs si tu veux, après ton travail, je prends la voiture, et je vais draguer à l’Agdal ( le quartier chic et « intellectuel », les facs ne sont pas loin, les étudiantes non plus), et je les emmène ici ». OK, pourquoi pas? mais on verra le moment venu, plus tard, parce que pour le moment je bosse toute la journée sur le programme, le jour au Ministère et le soir à la maison.

Bon, mais finalement ça ne m’empêche pas d’avoir quelques relations amicales et sexuelles avec des étudiantes et des danseuses. Jusqu’au jour, où Mustafa se pointe le soir avec deux copines, mais qui n’ont pas franchement l’air très avancées dans leurs études. Celle qui dort avec moi a des morpions, une espèce pourtant en voie de disparition.
Le lendemain matin, au petit dej, je lui demande dans un arabe approximatif, (enti, schah?) toi, combien, c.a.d. quel est ton âge? Et sa réponse me stupéfait: « Achreen: quinze ».

Psychose

Stupéfait parce qu’il est convenu entre Mustapha et moi qu’il ne drague que des filles majeures, au dessus de 18 ans. Et aussi parce que cette « étudiante » est bien bâtie, bien charpentée, et a plus l’air d’en avoir 19 que 15.
Je vais le trouver sur le champ, il est est train de faire la vaisselle, et me dit qu’elle n’a sûrement pas compris ma question: elle ne parle pas le français, ni moi pas l’arabe.
A vrai dire, je ne suis pas convaincu et lui demande de ramener tout de suite à l’Agdal nos deux agrégées, et surtout de ne plus jamais faire ça. Je commence à me méfier de lui. Et s’il le faisait exprès, comme je l’en avais soupçonné, dix ans en arrière. S’il travaillait en douce pour l’ Organisation, celle qui ne m’a jamais lâché depuis le Mali, puis en France, en Albanie, au Kosovo, au Sénégal, en Algérie, au Tchad, au Sénégal, au Cameroun (où je rappelle qu’ au début de chaque mois, de janvier à août, un malien se postait à l’entrée de la Camwater, près de l’ascenceur, me fixant en me souriant tout en agitant son trousseau de clé). Vous pouvez sourire de cette obsession, mais à ce stade vous ne savez pas ce que l’avenir réserve à Mustapha…et à moi-même…..

Un beau jour Khalid vient me rendre visite, le soir, après le dîner. Nous discutons et buvons une peu. Il revient sur la question de Hajiba, et me pousse à prendre contact avec elle; nous pourrions ensemble aller la rencontrer à Marrakech. Je lui réponds encore, pas tout de suite…plus tard peut être. On verra.
Bien compris, il prend congé et à bientôt. En fait il passe souvent le soir, à l’heure de ma sortie du Ministère, et me fait connaître les endroits cool, à l’Agdal le plus souvent. A l’heure de l’apéro, les bars sont bondés, et les bouteilles de bon vin rosé du Maroc sont très appréciées des consommateurs.
Ceci dit, ce soir Khalid rentre chez lui.

Aussi suis-je un peu surpris lorsque étant en train de dormir je reçois un appel de sa part: « Xavier en sortant de chez toi, j’ai rencontré deux belles filles, je les ai invités au Miramar, je leur ai parlé de toi, et maintenant elles seraient contentes de faire ta connaissance. Alors, d’accord, on vient chez toi? » Bon, mais cette fois là, étant déjà endormi, je décline…On verra une prochaine fois Khalid. Pas de problème. Au revoir mon frère.
 » Mack’ench Mouchkin, Slama Khouia. »

Finalement pour calmer le jeu, je téléphone à BB, ma Brigitte Bardot aussi noire qu’elle était blonde, et lui suggère de me rejoindre à Rabat. S’écoule alors une période de calme au cours de laquelle elle tient son rôle de maîtresse de maison, à savoir:

Coura: Amour et Dévouement…etc

Mise en beauté de la villa et de sa propre personne.
Mais aussi les courses, la cuisine, la vaisselle et le ménage, l’entretien de la maison, et de son locataire.
La vie s’écoule doucement le jour, de la maison au Ministère, puis du Ministère à la maison…la nuit avec ces petites folies, puis le jour suivant de la maison au Ministère, puis du Ministère à la maison. Et la nuit avec ces petites folies, puis le jour suivant de la maison au Ministère, puis du Ministère à la maison…Et ainsi de suite, jusqu’au
week end où on s’éclate, et on picole, et on danse, et on rentre, et on danse encore au lit une autre valse, et on s’endort puis se réveille avec la tête comme un tambour, on peut dire aussi la tête dans le cul c’est à dire un solide mal de tête. Qu’importe nous avons de l’Alka-Seltzer et du Doliprane à la maison, pour nous remettre d’aplomb et recommencer à boire, avec ceux qui viennent nous voir, jusqu’au soir. Mais soyons sérieux, demain on travaille, ne nous couchons pas trop tard. Avec un dernier petit coup avant de s’endormir, c’est si bon, et ça remplace si bien un somnifère…

Le Ministère de l’Environnement

Evidement au boulot, l’ambiance est beaucoup plus studieuse. Le Ministère est un bel immeuble, de quatre niveaux, tout récemment construit avec une architecture moderne, comprenant un jardin intérieur, sorte de cube de verdure déployé à l’horizontale et à la verticale sur toute la hauteur, la largeur et la longueur du bâtiment. Les communications entre bureaux se font par des balcons intérieurs; on est donc dans la verdure dès qu’on ouvre la porte de son bureau. L’extérieur est à l’intérieur, on l’aura bien compris.

Avec mes collègues, l’ambiance est agréable. En plus de l’amabilité naturelle des marocains, je bénéficie de leur aptitude à recevoir les experts internationaux, cheville ouvrière importante dans leur difficile travail, qui consiste pour l’essentiel à élaborer et proposer à l’Assemblée Nationale des textes de lois sur l’Environnement. Sujet nouveau s’il en est, qui suppose une étude approfondie, faisant le point de l’état des lieux relatif aux situations actuelles dans des domaines inexplorés au Maroc jusqu’alors. Donc de multiples rencontres entre partenaires marocains de tout horizon (monde agricole, industriels, pêcheurs,..etc) sous les angles de la production, de la pollution, de la protection en vue d’élaborer les solutions optimales pour préserver l’environnement. D’autres évaluations concernent les habitants du pays à titre collectif, mais aussi individuel.

En fait tout le travail des fonctionnaires de ce Ministère est empreint de créativité et de création. Puisque, à part des coutumes et des habitudes ancestrales le plus souvent à réviser, aucun texte centré sur cette nouvelle approche de la Nature n’existe, tout est à créer.
Très vite, les intervenants institutionnels (le Royaume du Maroc, les bailleurs de fonds) ont opté pour une coopération mutuelle, qui se traduit au Ministère par l’emploi d’experts étrangers issus de pays ayant déjà été confrontés à cette problématique. Ceux-ci s’intègrent physiquement et intellectuellement dans l’organigramme du Ministère, pour conjuguer leur expérience extérieure, avec celles de leurs collègues marocains dans un cadre législatif en cours d’élaboration.

Lors de ma réunion de présentation, au Ministère je me suis efforcé de faire comprendre comment j’intégrerai ma mission, à l’ensemble de toutes ces étapes déjà réalisées, aujourd’hui à mon arrivée.

Comme le soulignait Rama Yade en France, créer un Ministère est un parcours long et contraignant. Il faut d’abord trouver un terrain, puis dessiner les plans et bâtir l’immeuble, arrêter un organigramme, et sélectionner les candidats pour en remplir les fonctions et les bureaux. Identifier parmi les services administratifs existants de futurs partenaires…etc.
Et enfin commencer le travail législatif, qui est l’essence même, la raison d’être du Ministère de l’Environnement, de l’Eau, des Mines et de l’Energie (le MEEME).

Maintenant après ces explications préliminaire, j’en viens à mon job dont les termes de référence sont inclus dans le rapport trimestriel « Raptrim oct 10 – UGP E« , à télécharger sur le bouton donné plus haut, si ce n’est déjà fait, et si ça vous intéresse.

SCOOP

Ridicule, dangereux, évident, selon Idriss Aberkane, dans l' »Age de la Connaissance ». Voilà les trois étapes que devait franchir une innovation avant d’être acceptée et appliquée. L’innovation que je proposais d’emblée, c’était le recours à un Système de gestion par base de données (SGBD) et plus particulièrement au logiciel SCOOP, configuré par mes soins pour la gestion des programmes de développement.

Ridicule: peut être pour tous ceux auprès desquels j’essayais de promouvoir mon produit, et qui n’avaient ni le temps, ni la volonté de s’y impliquer.

Dangereux: pour ceux qui se sentiraient menacés s’ils leur fallait apprendre cette SGBD.

Evident pour moi même et mon équipe d’ingénieurs à Koudiat en Algérie, qui avions utilisé avec profit cette SGBD, que j’avais configurée, sous le nom de SCOOP pour gérer l’examen, le refus ou l’approbation de 7500 plans.

En examinant les tableaux fournis dans mes rapports semestriels comparés à ceux de l’ONEP, la différence saute aux yeux: le tableau ci-dessous vaut bien mieux qu’un mauvais baratin de deux pages.

Si de plus l’UGP/env l’avait accepté, je pouvais non seulement faire des tableaux synthétiques comme celui-ci, et aussi d’autres bien plus complexes. Et avec SCOOP je pouvais leur apprendre à gérer tous leurs documents et notamment leur courrier « arrivée » et « départ » de manière particulièrement conviviale, entièrement dématérialisée, avec un ordinateur et un scanner si nécessaire. Et mettre en partage les ordinateurs de nos partenaires concernés.

Mais voilà, non pas la Direction, mais le personnel n’était pas près à changer ses habitudes ancestrales.

Fichier à télécharger et à ouvrir pour apprécier les tableaux réalisés avec la SGBD, fournissant une synthèse visuelle des rapports de l’ONEP réalisés sous Word.

Psychose.

Je reviens maintenant à ma vie privée, en dehors du Ministère. Avant l’arrivée de BB, je ne suis pas tranquille. Comme d’habitude je me sens suivi, observé, objet de filatures. Notamment lorsque je prends l’avion vers la France. Des gens m’observent, me fixent du regard de manière, à mes yeux, suspecte. La première alerte sérieuse se produit à la sortie du Ministère, lorsqu’une voiture s’arrête à ma hauteur, dont le passager m’aborde sous un prétexte futil, et tente de poursuivre la conversation en se renseignant sur moi. Je le reconnais, mais me garde bien de le lui dire, c’est un ami de Jean B. le directeur de chantier de l’entreprise Hydropshitt au Mali, avec qui j’avais fait affaire, il y a 15 ans déjà.

Une autre fois, en fin de journée au Ministère, en descendant de l’ascenseur, j’arrive dans le hall d’entrée et aperçoit au portillon, un gars avec des lunettes de soleil qui m’observe à mi-distance. Il me semble le reconnaître, et cette impression se confirme lorsqu’il enlève ses lunettes. Il s’agit de l’inspecteur de police qu’Hajiba avait rencontré, au marché de Témara, avec sa collègue, inspecteur également. Elle les avait invités tous les deux à partager le repas de midi sur la terrasse de notre villa à Haroura plage. Et je me souviens leur avoir confié, à table, notre projet de mariage qui les avait enchantés à tel point que, pour les démarches, ils nous proposaient leur assistance.
Et maintenant là, à dix mètres en face de moi, mais de l’autre coté du portillon cet inspecteur affichait une mine patibulaire, sans doute furieux de mon départ inopiné, il y a une dizaine d’années, en laissant Hajiba enceinte.

Peu après, un incident plus concret allait nourrir ma psychose. Toujours à proximité du Ministère, je me dirige à pied vers l’hôtel Ibis, à proximité où j’ai l’intention de passer la nuit. Je réalise que derrière moi un groupe de quatre jeunes marocains me colle au train. J’accélère le pas et entre à l’hôtel où je me dirige vers la réception. Le temps de mon admission, de prendre une douche, de boire une verre au bar, et je ressors toujours à pied de l’hôtel, pour récupérer ma voiture parquée face au ministère. J’ai l’intention d’aller dîner en ville. Alors là, pour moi la surprise est totale. Le groupe qui me suivait est maintenant positionné sous un arbre, des canettes de bière à la main, et à mon passage me fixant de leurs regards hostiles un commentaire jaillit: « tiens le revoilà; et il a enlevé son chapeau ». Pas de doute, ceux là me suivent, m’attendent même et ne portent pas dans leur coeur.
Ils ne sont plus là, lorsque je rentre de l’Agdal, mais le lendemain matin, un homme plus agé, un père de famille avec sa femme et sa petite fille, m’attend lui aussi à la sortie de l’hôtel et me dévisage avec mépris….

Encore une anecdote: je roule dans une rue voisine, une voiture me suit de très près. Je roule au ralenti pour trouver une place où me garer. La voiture me suit toujours, alors qu’elle pourrait me doubler facilement.
Je trouve une place, je fais mon créneau. La voiture me dépasse un peu, puis entame un demi-tour et repart en sens inverse. En passant devant moi, le chauffeur se marre.

Tout ça, c’est de l’action psychologique qui me déstabilise, car j’y prête à chaque fois beaucoup d’attention. Je me souviens aussi qu’à mon arrivée, alors que nous étions en groupe à Haroura, pour visiter la villa, un homme se tenait à courte distance, un talkie walkie à la main dans lequel il parlait en me dévisageant.

Notre vie de couple

Maintenant je reviens à la vie de couple avec Coura, dans cette maison confortable avec ce jardin agréable suspendu au dessus des vagues. L’hiver se passe paisiblement, au coin du feu et nous avons pas mal d’amis marocains qui nous rendent visite, et tout cela va bien.
Je prenais conscience que cette vie tranquille me convenait tout à fait, et que la présence de BB à mes cotés me calmait, calmait ma psychose et était aussi de bon aloi pour ma vie professionnelle.

Lorsque soudain du jour au lendemain, à la sortie de l’hiver tout s’est dégradé. BB était sujette à de violentes colères (dont j’ignorais la raison ), suivies parfois de pugilats, de destructions dans la maison. Je ne savais comment réagir, mais voyait sourdre de ses yeux une colère permanente, inextensible. Ca ne pouvait pas venir de moi, je ne l’agressais jamais… jusqu’au jour où elle me pique ma carte de crédit. Alors là, ça n’allait plus. Je lui proposais tout net de rentrer au Sénégal au moins pour une quinzaine de jours et de bien réfléchir à ce qu’elle attendait de moi.

Mais que s’était-il passé, pour expliquer son brutal changement de comportement? Pour le comprendre plaçons nous dans le contexte.

Avant qu’elle ne me rejoigne au Maroc, c’est vrai, je recevais des danseuses, et aussi quelques gazelles, régulières ou occasionnelles: filles ou femmes, sans doute démunies, citadines venues de la périphérie, ou villageoises de la campagne.
Attirées par la description élogieuse à mon endroit, livrée par Mustapha, et donc par l’assurance d’une bonne rétribution, payable avant l’amour (ça marche mieux avant qu’après), il y avaient des filles libres, disponibles, libres, et prêtes pour quelques billets rouges à partager un divan, un sofa ou un pouf pour la sieste, voire pour la nuit, avec un nabab, ou un étranger fortuné: …un français par exemple.
Un jour viendra peut être, où au sortir d’une liaison nocturne une danseuse ressentira l’envie ou le besoin d’une relation durable avec cet étranger, si différent des siens. 
Avec en extrapolant à l’infini, l’espoir d’établir une relation durable, à laquelle elle se consacrera totalement, corps et âme, et qui pourrait, Inch’Allah, l’aider à faire vivre sa famille, et qui sait, plus tard se conclure, après un voyage en France, un mariage, des enfants, une maison au Maroc ou en France…etc.
Je n’en étais pas si loin, avec Coura, toutefois je faisais vivre sa
famille à Dakar: chaque mois je faisais un don à BB, une ressource, dont une partie envoyée au village permettait de faire vivre leur famille.

J’indique que l’on trouvait souvent une mère seule à la tête d’une famille: le mari meurt souvent avant sa femme, emporté par la maladie, ou bien sans emploi il quitte le village pour la ville, ou encore désespéré de son impuissance à nourrir la famille, il s’en remet au sort , pour trouver, peut être ailleurs un travail. Ou encore tout simplement il part courir l’aventure.
Dans ces cas là, la seule ressource de la famille restée au village, c’est la fille en âge d’être mariée, qui doit partir en ville pour exercer son travail nocturne. Elle fera alors tout pour cacher ces activités, que personne au village ne voudrait envisager.
Cependant, tout les ans elle programme un retour au village, et achète à cette occasion une tenue complète et une paire de chaussures toutes neuves. Elle va chez la coiffeuse pour une coiffure exceptionnelle.
Arrivant à son village, bien propre, bien habillée et bien superbement coiffée, elle prendra plaisir à étaler sa « richesse » qui honore sa famille: ma fille a réussi !
Dans certain cas si elle a trouvé un amoureux, celui-ci l’accompagnera avec sa voiture au village. La bonne impression est encore plus forte.
Evidement cette description réaliste est un peu ambigüe, dans le sens où elle ne présume pas de l’avenir.
Avenir qui peut être limité, hélas, par la départ de l’étranger, à la fin de son contrat au Maroc.
Mais il existe bien des cas, où liée par un amour sincère et partagé, la danseuse habite, et vit avec son étranger, dans la maison de l’étranger, y tenant le rôle d’une femme complète.
Les comportements sont alors les mêmes qu’en métropole: « selon que vous serrez puissants ou misérables…. ».

Cette description concerne, à l’évidence les relations mixtes entre une marocaine et un étranger. Cependant je n’ai pas dit que toutes les marocaines se jetaient dans les bras d’un étranger. Je me suis simplement borné à raconter ce que j’ai vécu, connu, ou observé, sans prétention, sans jugement, sans introspection, et nous verrons, peut être sans suite. 
Je me garderai bien de transposer mon vécu, aux couples marocains, qui représentent je suppose 99 % des mariages au Maroc.

Que pensent les marocains de tout ce méli-mélo?
C’est simple, comme chez nous:
Un français et une marocaine, très bien si l’homme est sérieux. Agrément renforcé s’il se converti à l’Islam. On l’accueille dans la Ouma, la confrérie.
S’il est dépravé, le couple sera jugé infréquentable.

Il y a au Maroc, me semble-t-il deux types d’hommes, ceux qui couchent avec les danseuses, ou les gazelles et ceux qui ni touchent jamais.  
En fait, un seul type: les hommes fortunés y vont car comment résister à la facilité d’un plaisir aussi essentiel, naturel, que l’homme fortuné, (arabe, noir, blanc) peut obtenir, ici et maintenant, en étalant simplement un peu de sa richesse. Parmi les pratiquants, les uns se cachent (les mariés) et les autres se cachent aussi :
les célibataires, à cause du jugement des autres, fondé sur la rigeur omniprésente de l’islam.

Les citoyens sont, me semble-t-il, obnibulés par la religion, le prophète et le coran. Et, une fois par an, le jeûne du ramadan. Enfin, le roi est le commandeur des croyants.
Il est vrai que chaque jour, cinq fois par jour, tous les jours, la prière est là et maintient l’ambiance : on se lève de bonne heure pour celle du matin, on va à la mosquée matin, midi, aprés midi et deux fois le soir. On relève aussi à droite et à gauche, ne serait-ce que pour soi, les écarts de conduite des uns et des autres: fumer dans la rue, manger du khalouf, manquer la prière, boire de l’alcool…etc.
Ou encore, ne pas pratiquer les cinq piliers de l’islam: 
Et le moment venu, on commente invariablement les écarts de conduite des autres, en famille, ou à l’extérieur. 

Malgré ça, il me semble qu’ en afrique tout le monde baise avec tout le monde. Les hommes sont entreprenants, nombre de femmes (jeunes ou moins jeunes) attendent, indifférentes à l’age , par avance consentantes à leurs avances. .


BB, elle cherchait à prendre refuge, pour toute sa vie chez cet étranger que j’étais et qu’elle commençait à connaître. Comme les femmes de la préhistoire trouvaient refuge auprès d’un homme à forte musculature, elle visait à se réfugier chez un musclé du cerveau (lol).

Mais en s’apercevant que moi, son futur mari espérait elle, était un tant soit peu volage, elle réalisait que je l’avais trompée, et donc qu’elle s’était trompée sur moi et ça la mettait en colère contre moi, mais aussi contre elle-même.

Maintenant je me pose la question: qui peut lui avoir tenu des propos libidineux à mon sujet? Et la réponse qui vient évidemment à mon esprit: c’est encore et toujours l’Organisation, qui me savonne la planche au Maroc comme elle l’a fait dans tous les pays où j’ai travaillé depuis avoir quitté le Mali: Albanie, Kosovo, Maroc (2 séjours), Sénégal (2 séjours), Algérie (2 séjours), Tchad, Cameroun.

Mais je reviens à Coura: elle va donc retourner dans sa famille à Dakar, qu’elle n’a pas vu depuis un an.

Hajiba

et moi tellement mécontent de sa conduite à mon égard (notamment le fait qu’elle m’ait piqué ma carte Visa pendant plusieurs jours), je décide de revoir Hajiba, et j’en parle à Khalid qui va se renseigner pour trouver exactement où elle habite à Marrakech.

Video populaires au Maroc

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Mustapha me conseille de contacter Hassan, ancien chauffeur lors de ma précédente mission au Maroc, qui devrait avoir le renseignement. Et nous voilà partis Hassan et moi, le lendemain matin. Rabat-Marrakech, ça fait trois heures de route. Nous arrivons dans la ville rose juste pour manger. Au Renaissance, un endroit que tout le monde connaît, donc pratique pour un rendez-vous. Bien après le café, Hassan me dit qu’il va chercher Hajiba, pour la ramener ici. Je dois donc les attendre. Lorsqu’ils arrivent, Hassan vient me prévenir et Hajiba reste dans la voiture, garée en face. Je vais donc l’y retrouver. Hajiba est là un peu émue, comme moi du reste. Salam alekoum Hajiba, labass? Labass…
(Bonjour Hajiba, comment vas tu?)

On se fait la bise, elle n’a plus la beauté de sa jeunesse, mais celle de la maturité (29 ans), qu’elle paraît assumer avec assurance.
Elle est surprise de me trouver ici, mais finalement ça n’a pas l’air de la troubler. On discute un peu, elle, moi, et un peu plus tard avec Hassan. Elle est « belle danseuse » (la dance du ventre, bien sûr. En anglais « belly danse ») au Jad Palace, la boîte la plus chic de Marrakech, mais elle se fait du souci car elle est touchée par la limite d’âge des danseuses, à 30 ans c’est la fin de carrière. La discussion tourne autour de la santé de sa mère – qui je me le rappelle fait le meilleur couscous du monde- et de son père, Hassan le halkia, qui m’avait apprit bien des choses sur le monde rural. Malheureusement, mort il y a deux ans dans un accident de voiture.

Finalement elle nous invite à venir chez elle, à la sortie de la ville. En chemin elle m’explique qu’elle a un fils de 9 ans, Hachim et qu’elle vit dans son appartement avec lui, évidemment, et sa soeur Hannan. Et Hassan intervient pour me dire: « d’ailleurs Xavier, Hachim est ton fils. » « Vraiment Hajiba, Hachim est mon fils? »
« Oui tu te souviens bien quand tu est parti au Sénégal, j’étais enceinte. »
« Ah bon, super je vais le voir tout de suite alors? »
« Non, pas possible, il est au village (le douar Sheba), chez sa grand mère ».
« Dommage!, j’ai hâte de faire sa connaissance ».

Changement de paradigme en vue chez Xavier Meyer.

Changer de femme? Découvrir un fils? Un sacré bouleversement dans la vie d’un honnête homme!

Sur ce nous arrivons à l’appartement. La quartier est propre, les maisons tiennent la route, nous montons un escalier jusqu’au deuxième et sonnons à la porte. C’est Hannane qui nous ouvre. Autant Hajiba est mince, belle et désirable, autant sa soeur est grosse, disons même obèse. Elle a un petit bébé depuis peu, mais son mari l’a quittée sans laisser d’adresse le jour de l’accouchement, m’a précisé Hajiba. Et depuis ils vivent tout les quatre dans ce petit appart: Hajiba , son fils, sa soeur et son bébé. Hannane paraît très gentille, et toute les deux se mettent en quatre pour me recevoir, ainsi qu’Hassan.

Thé à la menthe, petits gâteaux, omelette à la viande (spécialité marocaine), tajine aux oeufs durs. Puis la conversation tourne sur Hachim et là, Hajiba a une idée opportune:
 » Xavier ce serait bien si on faisait une analyse de paternité pour Hachim, comme ça tu serais sûr. Tu sais, on a des cliniques, ou des pharmacies qui font ça ici ». « Oui c’est une bonne idée, Hajiba, je vais me renseigner de mon coté. Bon, nous sommes samedi et demain on va retourner à Rabat pour le boulot mais je vais me renseigner dans la semaine et je reviendrai samedi prochain avec Mustapha. Hachim sera là?  » « Oui, il sera là, bien sûr ».

Hajiba: « maintenant il faut que j’aille le coiffeur-maquilleur me préparer pour la soirée. Je danse ce soir: un premier show à 8h, et le deuxième à 1 heure du matin ».
« Dommage on serait bien aller te voir,mais il va falloir qu’on rentre Hassan et moi, demain boulot! Mais la semaine prochaine compte sur moi, je viendrais en costard, cravate pour entre au Jade Palace. Allez by by tout le monde. Et n’oublie pas Hachim, prochain week end…

Mais je me renseigne pour le test de paternité que nous allons imposer à Hachim. J’espère que ce ne sera pas trop traumatisant pour lui.

Sur le net je tombe sur une compagnie qui fournit la totale pour l’exécution et l’interprétation du test. Je passe commande et je règle par carte, et je reçois le surlendemain une enveloppe avec des cotons tiges, et le mode opératoire, plus une enveloppe toute prête pour l’expédition des cotons imprégnés de la salive du cobaye. Donc, pas de problème; le samedi suivant, Mustapha me conduit à Marrakech et nous nous arrêtons à l’entrée de la ville dans le quartier d’Hajiba. Hachim est plutôt intimidé, mais Hajiba ne lui a pas encore dit que son père l’avait retrouvé. Toutefois, elle lui demande d’ouvrir la bouche et elle frotte un coton tige sur sa langue. Et bonne inspiration, elle me demande de faire de même avec le second. Chacun son bout de chemin pour nos retrouvailles devant (notre ?) petit cobaye.
Pas de problème, Hachim n’est pas traumatisé, Dieu est grand, Allahou Akbar.

Et maintenant on va tous manger à la Taverne française, un petit hôtel avec une très grande piscine, endroit très agréable, sableux, avec un beau jardin de type sahélien, des oliviers, des gomiers (gomme arabique), des amandiers, et surtout des eucalyptus.

A Marrakech on est loin de la mer et en été il fait très chaud. Alors des big piscines comme celle là, il en a beaucoup. Et même des piscines communales bien plus immenses. On mange bien, on boit bien, le rosé est extra, Hajiba, Xavier et Mustapha, la vie est belle et démarre sous de satisfaisantes nouvelles hospices.

Olé!

Après on va pas tarder car Hajiba doit aller chez son coiffeur-maquilleur. Ce soir il y aura foule au Taj Mahal! Bon, Mustapha et moi, on en profite pour se reposer chez elle, et le moment venu on la conduit à son job. Elle est superbe, d’ailleurs c’est connu les coiffeurs-maquilleurs de ces dames danseuses sont les meilleurs.
Notons qu’elles y passent en moyenne trois heures par jour. On dépose Hajiba et avec Mustapha on va d’abord prendre un verre au Renaissance, puis on s’approche à pied de la place Dejma el Fnaa, en remontant à pied le long du boulevard Mohamed V, pour aboutir à pied, au pied de la grande mosquée Koutoubia. Qui n’a changée depuis la dernière fois.
Des roses partout, le long de l’avenue, et le long des remparts, à pied, c’est le plaisir des yeux, et avec l’odeur des roses c’est le nez qui prend son pied, le pied de nez.

La place Jemâ el Fna est investie comme tous les soirs par une foule de restaurants ambulants, éclairées à la lumière des lampes à pétrole. En guise d’apéro, on vous propose des petits escargots cuits sur le tas, ou des jus d’oranges, pressées par les mains expertes d’entrepreneurs individuels, à l’aide d’un pressoir au long manche emmanché d’un seul coup. C’est rapide, efficace, et d’un coût modéré. Il y a aussi des salades diverses et avariées, et en plat de résistance des bouzeloufs, têtes de moutons expressives. Sucer leurs yeux crus, est bon pour la santé.

Sans oublier les incontournables brochettes, de viandes, de foies et de coeurs qui grillent sur des centaines de BBQ, exhallant leurs odeurs appétisantes sur cette place légendaire, dont la réputation, depuis des millénaires, n’est certes plus à faire.

En montant l’escalier étroit du bar panoramique, on a une vue d’ensemble hypnotisante, de tous ces étals contigus, submergés par des nuages de fumée et d’odeurs; c’est l’invite à se perdre dans un passé composé d’une époque antérieure, commerçant du moyen âge, ou chevalier conquérant, en armure, à la recherche d’une gente damoiselle sur la place du massacre (Jemaâ el Fna).
A présent, j’élargie ma vision vers la grande mosquée, la Koutoubia, entité immobile, voyageant a travers les temps. Au pied de son minaret, sombre et puissant, je pense aux milliards de prières, murmurées à l’appel du muezzin, cinq fois par jour, ici depuis des siècles. La ferveur des générations de fidèles, transpire encore de ces vieux murs.
Bon, à présent c’est le moment de se pointer au Jade Palace, pour le premier spectacle du soir: « the belly danse, la danse du ventre ».

Hajiba, prête pour le spectacle.

Auparavant voici quelques photos du Taj Mahal, ..et d’ailleurs. Une bonne photo vaut mieux qu’un long discours.

Le Jade Palace

http://www.bing.com/images/search?q=jade+palace+morocco&qpvt=Jade+palace+Marrakech&FORM=IQFRML

Et maintenant place au spectacle!

http://www.bing.com/search?q=https://www.youtube.com/watch?v=kiFyToxvppk&form=IPRV10

Après le spectacle il est 23 h et nos danseuses doivent attendre jusqu’à 01 h du matin pour la seconde partie du spectacle. Alors elles ont une pièce qui leur est réservée dans la partie privée d’un night club situé à proximité. On les y accompagne et on monte avec elle dans leur petit refuge, où dans un coin de la pièce, elles sont protégées des regards indiscrets par un paravent judicieusement disposé. Une table basse quelques chaises et ces demoiselles (ou ces dames, jusqu’à 30 ans max) se font servir des bouteilles de vin rosé et rouge du pays, mais vraiment beaucoup de bouteilles vraiment délicieux, très agréable à boire, ça c’est clair! Plus quelque chose à se mettre sous la dent. Avec un narghilé pour fumer du tabac parfumé (pomme, poire, et des scoubidoubidou Ah). Nous voilà donc en train de discuter,de boire et de fumer en devisant de choses et d’autres. Et quand les bouteilles sont vides, on en commande d’autres. Et lorsque je pose la question: pour quoi est ce que vous buvez tant, on me répond:  » Xavier, nous devons encore danser tout à l’heure; ça nous soutient. Et avec le sourire encore. Le sourire accompagne obligatoirement la danse orientale. Si on sourit pas, on reste sur la touche au lieu d’aller danser. Sans sourire pas de danseuse. Et puis boire,ça nous donne le punch nécessaire à de type de danse, qui demande beaucoup d’énergie ». OK, Hajiba, je comprends mais toi tu en est déjà à ta troisième bouteille?  » et la voilà qui me répond et qui me méduse: « Xavier, trois bouteille c’est rien; je connais bien des danseuses qui en boivent SIX dans la journée!
Wahou…ça c’est une info!

L’un dans l’autre, si j’ose dire, l’heure de retourner sur scène approche. Les dames vont se préparer…

Pendant le spectacle, je me suis positionné dans un coin de la scène, pour mieux profiter, j’observe Hajiba qui est une bonne danseuse, et donc elle me souris et quand elle arrive dans mon coin, un clin d’oeil, une amorce de petit baiser…Maintenant je vois s’approcher de moi (je suis en costard) une touriste française, qui aimerait bien engager la conversation avec le bonhomme, bel homme que je suis. Au moment où elle va engager le contact, la danse amène ma chérie dans mon coin. Clin d’oeil, sourire, mouvement engageant des hanches, complicité mutuelle, Hajiba est là juste au dessus de moi. Pour m’amuser je lui touche un pied. Sur ma gauche, je surprend le regard scandalisé de la touriste, qui furieuse va retourner à sa table…. Bonne soirée madame. Madame qu’importent nos 30 ou 40 ans de différence d’âge..je peux vivre avec. Merci à l’Univers.

Pour nos danseuses, après ce deuxième show, la nuit n’est pas finie. Ça se passe dans le quartier des noctambule, près de l’hôpital. Maintenant, vers deux ou trois heures du matin, : »after hours: », c’est dans un petit restau populaire le partage d’un vrai repas. C’est sûr les filles ont besoin de se retaper. Et c’est toujours comme ça, tous les jours. Et bien sûr on picole encore un peu. On discute, on discute, on discute encore et toujours jusqu’au moment où la fatigue se fait sentir. le discours s’étiole, des silences s’installent, et on commence à bailler…Il est l’heure de rentrer à la maison.

Arrivé à la maison, tout le monde s’écroule sur son matelas, moi a coté de Hajiba, dans la petite chambre où dors Hachim. Et là, je dois dire que ça m’a choqué, mais Hajiba me sollicite et commence à se déshabiller. J’admire sa plastique bien entretenue par la danse. Elle veut faire l’amour, ici et maintenant, pour ne pas dire toute suite. Devant son (notre?) fils qui dort. J’émet des réserves, mais ça lui échappe, « Hachim est habitué, il ne se réveillera pas: ». Tiens, tiens….Mais le désir est le plus fort et je lui fais l’amour sur la pointe des pieds. Une nouvelle position?

Les danseuses orientales ne doivent pas être trop minces: pour faire une bonne danseuse, il lui faut un peu de ventre, c’est plus excitant. Car ne nous y trompons pas les danseuses orientales n’ont pas tout à fait terminé leur soirée à la fin du spectacle. C’est l’heure de satisfaire les messieurs émoustillés qui ont eut l’audace de formuler leur demande auprès d’un membre du staff, et ainsi il peuvent baiser la danseuse, avec un regard hagard, dans une chambre dédiée par le Direction pour cet après-spectacle, cette troisième mi-temps.
Le prix a été négocié, et l’argent se partage, à l’issue de l’entrevue entre jambes, entre la prestataire et son employeur, le Jade Palace. Bonne manière de terminer la soirée pour un touriste audacieux, décidé à goûter la bonne chair marocaine.
Tout ceci m’a été confirmé fermement par Khalid qui le dit clairement: “toutes les danseuses du ventre, sont des péripathéticiennes! « .

Avant de m’endormir du sommeil du juste , je voudrais m’étendre, non pas sur Biba, mais sur les pratiques douteuses du Jade Palace. Avant l’heure de la sortie, ces demoiselles rejoignent leur victime potentielle. On boit au bar, on perd un peu la tête, lorsque le patron de l’établissement vient discuter, avec vous. Quel honneur! Durant l’entretien, un garçon vous présente la facture de la soirée. Vous tendez votre carte bancaire, le caissier l’introduit dans son appareil, et vous le dispose sur le bar pour taper le code. Il est donc bien placé pour en noter les numéros. A ce moment précis le patron vous offre une consommation aux frais de la maison. Vous trinquez ensemble…
Mais le caissier ne vous rend pas la carte!
Il la refile, mine de rien, à un comparse qui s’empresse jusqu’au distributeur de billets le plus proche. Ainsi pendant que vous vous félicitez de cette magnifique soirée, avec votre nouvelle conquête berbère, votre compte bancaire se vide à un premier DAB , et se vide encore à un second DAB, puis encore à un troisième DAB. Un policier en arme accompagne le videur afin de lui éviter tout inconvénient.

Entre temps le Directeur a pris congé en vous félicitant de la beauté, …de la beauté qui vous accompagne et qui vous conduit maintenant, accroché à son épaule, car vous titubez, vers la sortie. Avant de prendre congé, ou de venir terminer la nuit à votre hôtel, elle vous tend votre carte bancaire, que vous aviez oubliée, vous dit-elle avec un sourire complice, à la caisse. Alors avec le regard bordé de reconnaissance: « Merci chérie, heureusement que tu es là! sans ma carte je n’aurai pas pu prendre l’avion demain! Merci encore mon amour ».

Mais la soirée, qui est bien engagée (ça dépend pour qui..) n’est pas tout fait terminée. La belle va venir chez vous, pour vous délivrer des plaisirs immémoriaux, mais dès que vous serez endormi, ce qui peut bien arriver avec tout ce que vous avez picolé, elle soulagera votre porte-feuille (elle s’en saisit en vous déshabillant, avec des mots doux..) du liquide qui vous reste. Le lendemain après un petit déjeuner en amoureux, vous remettez le couvert, et remerciez pour la bonne soirée au Jade Palace, avec une danseuse berbère, que vous n’oublierez jamais.

Après la séparation, et la remise à la lionne de l’Atlas de la totalité de ce qu’on vous a laissé gentilment dans votre portefeuille, vous vous retrouvez sans liquide dans votre besace, un peu sonné par l’alcool, et vous passez devant un DAB, et en tirez un peu de monnaie pour aller en taxi à l’aéroport. Mais il faut vous dépêcher…

A vraiment, cette dernière soirée était formidable! Les marocains sont tellement accueillant: la lionne de l’Atlas, le Directeur, les danseuses et même le caissier était sympa, vraiment cool, Raoul. Mais maintenant il faut que je rentre à Paris , dans la grisaille.

Vive Marrakech, vive la Koutoubia, le soleil, la place Djemaâ el Fna, ses roses et ses pigeons. Vive le Roi!

Le test de paternité

Ceci dit le lendemain, dimanche matin, nous devons rentrer à Rabat car demain il faut reprendre le boulot au Ministère. Alors qu’Hajiba pensait garder les cotons tiges et faire faire les tests à Marrakech, je lui explique que je vais m’en charger en envoyant les cotons tiges par la poste, à Londres en utilisant leur enveloppe retour.
« A Londres, mais pourquoi? On peut le faire ici à Marrakech: »
Je lui explique que j’ai déjà payé le laboratoire à Londres. Elle a l’air contrariée, mais ne peut faire autrement que de me remettre les cotons tiges d’Hachim. En ce qui me concerne j’ai plus confiance dans les analyses faites à Londres, alors qu’ à Marrakech les résultats pourraient être truqués.

Une réponse est escomptée dans les trois jours. Il suffira de se connecter sur le site du labo anglais. Je téléphonerai à Hajiba pour la mettre au courant. Puis…aux dernières nouvelles les résultats ne seront publiés que Samedi.

Nous retournons à Marrakech le samedi matin de bonne heure, c’est Moustache qui conduit, et nous passons prendre Hajiba, la mamam d’ Hachim pour aller au cybercafé, boulevard Mohamed VI, un peu plus haut que le Renaissance, trottoir de droite.
Nous descendons un petit escalier, et entrons dans une salle truffée d’ordinateurs. L’un est libre, nous nous installons, allumons, saisissons le mot de passe, et tapons l’adresse URL du Labo. Ca mouline, et pendant ce temps là, je demande à Hajiba, qui ne me paraît pas très fière:
« Alors Hajiba, tu crois que le résultat va prouver qu’Hachim est bien mon fils ? ». La tête baissée, et à voix basse:
« Xavier, je n’en suit pas sûre.. ».

Et Bingo, le résultat tombe en bas de la lettre-réponse:

Hachim
Pourcentage pour qu’Hachim, soit votre fils: 0% .
Zéro pour cent!

« Alors Hajiba, qu’est ce qu’on va faire maintenant toi et moi?  » « Heu, je ne sais pas ».
« Eh bien voilà ce que je te propose, mais il ne faudra jamais en parler à qui que se soit. Même pas à Hachim, en tout cas pas avant ses 18 ans.
C’est un secret entre toi et moi: je te propose qu’on dise à tout le monde, à commencer par Mustapha et Hachim que le résultat est positif: Hachim est bien mon fils.
Et on va vivre ensemble tous les trois à Rabat, belle villa en bord de mer à Haroura plage. A deux pas de celle où nous vivions ensemble il y a dix ans. Qu’en pense tu?  »
« Oui, Habibi, tous les trois ensemble à Haroura. C’est d’accord. Merci. merci, merci ». Et elle me saisit la tête à deux mains, pour me gratifier d’un baiser  sensuel et langoureux, qui me réjouit les cinq sens. Quoique à vrai dire, je lui trouvais le souffle court et la bouche plutôt sèche : Hajiba, ma belle, venait , bel et bien, de l’échapper belle !

On remonte l’escalier, l’air ravi. Mustafa, est très content pour nous deux.

Maintenant retour à ma maison à Haroura plage, avec Coura qui va bientôt revenir du Sénégal. Un sérieux problème à régler. Pour ne pas traîner, dès qu’elle arrive, je lui apprends qu’à Marrakech j’ai retrouvé mon fils de dix ans, et qu’il doit m’appeler tout à l’heure..Et que je vais le faire venir ici, avec sa maman.

La consternation se lit sur son visage, parce qu’elle vient de comprendre que nous allons nous séparer. Bien fait pour elle, il ne fallait pas me voler ma carte de crédit! et foutre le bazar dans la maison pendant plus d’un mois.

La dessus le téléphone sonne, c’est Hajiba. Elle me demande quand est-ce que je reviens les chercher à Marrakech pour les amener à Haroura?
Coura veut intervenir et le mieux est de raccrocher. L’ambiance est tendue, plutôt désagréable. Je lui dis que je pars au travail.
Et de retour à midi, je lui précise que demain matin je retournerai à Marrakech. Et je préviens Mustapha de se tenir prêt de bonne heure avec la voiture.

Alors un peu après le repas, Coura apparaît bien coiffée et maquillée dans un petit short qui met en valeur les rondeurs de son arrière train (en gros, toute les africaines on un postérieur rieur et rebondi). Elle me propose de faire la sieste avec elle avant de retourner au Ministère. Je décline cette offre, quoique finalement, j’étais à deux doigts de replonger, je dois le reconnaître.

Durant la nuit elle essaye de raccrocher avec moi; je joue à cul tourné. Et la matin arrive. Et Mustapha est là qui m’attend. je saisi ma valise, préparée la veille, et hop! Salut Coura, à Lundi, et en route pour Marrakech.
On s’arrête à Casa pour prendre le petit déjeuner à la marocaine: pain rond, oignons et viande grillée. Et aussi thé à la menthe, amandes et huile d’olive (Zit zitoun).

On arrive à la ville rose un peu avant midi, et dès l’ouverture de la porte de son appartement je prends Hajiba par la taille: je l’entraîne dans sa chambre et cette fois-ci je ne lui fait pas l’amour sur la pointe des pieds comme la semaine dernière.
Au contraire, à quatre pattes, avec en tête une chanson de mon copain Marco:

« Sa jupette était au seuil de rupture et sa devanture prête à éclater, Ohé, Ohé ».
« Je l’ai emmenée jusqu’a sa chambrette, sur ma trotinette, j’lai prise en levrette, j’lai prise en levrette.
« On s’est amusé au pipo magique, au grand élastique et au tourniquet, Wallaye, et au tourniquet »
« Le regard bordé de reconnaissance par tant de jouissance, elle m’a dit quel pied, Wallaye, elle m’a dit quel pied. Ohé, Ohé ». »La moralité de cette chansonnette, c’est que les grenouillettes sont faites pour l’Amour, Wallaye, sont faites pour l’Amour. Ohé, Ohé ».

Une pensée émue pour Marco, qui lorsqu’il descendait de moto devenait compositeur de chanson intellectuelles. Normal pour un agrégé en philosophie…

Bon, tout ça m’a ouvert l’appétit, et on va tous ensemble à la Ferme française…Là de l’autre bout de la grande piscine j’entends pour la première fois Hachim qui m’appelle tout for:  » Papa », « Papa ». Ca me fait tout drôle, Wallaye!

Rentré chez Hajiba, il y a une odeur bizarre dans son appartement. Ca parait venir de ma valise, donc je l’ouvre et saisi un morceau de tissus qui sentait vraiment la petite fille mal lavée. Clairement c’était Coura qui m’avait fait un gris-gris en frottant le tissu sur son entrejambe et en l’enfouissant dans ma valise.
Mais ce gris-gris n’avait pas un pouvoir suffisant pour me ramener à sa propriétaire; la preuve: au lieu de passer seulement le week-end à Marrakech, je décide d’y passer deux semaines. Mustapha va prendre le train pour rentrer à Rabat, je conserve la voiture. Puis je m’incruste dans l’appartement d’Hajiba. Et là je vais comprendre ce que c’est que de partager la vie avec une danseuse de Marrakech!

Marrakech: attentat terroriste place Djemaa El Fna : 14 morts !

Un kamikaze s’est fait exploser dans un café situé sur la très touristique place Jemaa el Fna, faisant au moins quatorze morts dont huit Français, selon les dernières sources..

Un attentat provoqué par un kamikaze a dévasté jeudi 28 avril 2011 à midi un café situé sur la place Jemaa el Fna de Marrakech, haut-lieu touristique de la ville. L’explosion a fait quatorze tués dont deux Français, selon les informations du Figaro (8 selon les dernières sources). Une vingtaine de personnes ont été blessées. Les deux victimes françaises sont originaires de Marseille. Un Anglais aurait aussi été tué, ainsi que le kamikaze

Difficile à Vivre

Et là je vais comprendre ce que c’est que de partager la vie avec une danseuse de Marrakech!
Elle se couche à 04 h du matin. Elle dort 8 heures donc se lève à midi: un café noir, une cigarette, deux oeufs brouillés à la marocaine que lui prépare sa soeur Hannane. Puis c’est une petite sortie en djellaba, jetée par dessus la “faradjia“ ( le pyjama), pour effectuer les achats du jour. Le marché est à deux pas de l’appartement. Après, un peu de ménage avec sa soeur, et c’est l’heure de la douche.

Quand le téléphone sonne, c’est chaque fois Hanane qui décroche, car elle filtre les appels. Hajiba ne les prend que s’ils passent le tamis.

Grosso modo, et c’est bien normal, je n’y comprends rien. Ils parlent entre eux en arabe; ou en berbère ?
J’ai quitté Tahiti en 1986, j’ai le plus souvent travaillé en langue française dans les anciennes colonies françaises (Afrique de l’Ouest, Europe de l’Est, Maghreb, Madagascar, Mayotte) avec des nationaux, francophones pendant le travail avec moi. Mais dans leur propre pays entre eux, ils parlent entre eux, dans leur langue à eux.
Et naturellement je ne comprend pas ce qu’ils disent dans leurs apartés. Et c’est très gênant, car en général, je n’y comprend rien!

Le Frenco-polynésien parle le Français mais aussi le Tahitien, l’Austral, le Raivavae, le Mangarévien, le Pa’umotu, le Marquisien .
En Algérie-Tunisie-Maroc, le Magrehbin parle le Français, l’Arabe, l’Amazighe .
Les Sénégalais parlent le Français mais aussi le Bambara, le Diola, le Mandingue…,
Les Guinéens parle le Français et aussi le Sousou, le Peul, le Maninka en Guinée Conakry.
Au Niger: Français, Zerma, Songhai, Arabe
Au Zaïre: Anglais, français, Swahili, Lingala,Kikongo
Au Mali :Français, Hassanniyya, Tamasheq
Au Tchad: Arabe, Arabe tchadien, Sara Ngambay
A Zanzibar: Swahili, Anglais, Gogo
A Madagascar: Malagasy
Au Cameroun: Français, Anglais, Peul, Ewondo, Pidgin
Au Kosovo: Albanais, Serbe, Turcs, Bosnien
En Albanie:Albanais, Illyrien , Guègue
En Mauritanie: Hassania, Peul, Arabe, Soninke, Mooré, Fulfudé, Diola, Bissa
en Cote d’Ivoire: Malinke, Baoulé, Sénoufo .

Pays d’Afrique :·Algérie·Bénin·Burkina Faso·Burundi·Cameroun·Cap-Vert·Côte d’Ivoire·Gambie·Ghana·Guinée·Guinée équatoriale·Guinée Bissau·Madagascar·Mali·Mauritanie·Maurice·Maroc·
Niger·République centrafricaine·République démocratique du Congo·Rwanda··Sénégal·Sierra Leone··Togo·Tunisie·Zambie·
Autres territoires : Sahara occidental

Par contre, Hajiba, à force de tortiller du ventre sur la scène du Jade Palace, parle maintenant le français. Ca simplifie nos relations.
Nous avons des problèmes dans l’immeuble où habite Hajiba et sa soeur: le propriétaire se plaint de ce que les week-end, j’habite dans l’appartement qu’il lui a loué.
« C’est immoral, et parfaitement illégal, car nous ne sommes pas mariés ».
Puisque le contrat de danseuse d’Hajiba arrive bientôt à terme, j’invite notre petite famille à se regrouper dès à présent tous ensemble dans ma villa, les pieds dans l’eau, à Harroura plage. Cela m’évitera aussi les déplacements à Marrakech, coûteux et fatiguant.
Ma chère danseuse en avise son patron, qui pour la libérer demande une attestation de ma part, précisant qu’il s’agit d’un regroupement en vue de mariage.
Sur le champ, je rédige et signe ma déclaration, et effectue mon retour de Marrakech à Haroura, avec l’assurance que la petite famille viendra m’y rejoindre dans la semaine.
En arrivant à la maison, je trouve Coura complètement déprimée, seule depuis deux semaines. Elle a ouvert un compte chez l’épicier du coin, qui nous connait bien. Mais maintenant je lui explique la situation, tout est fini entre nous, et il lui faut quitter la villa sans délai. Pour faire passer la pilule, je lui offre une somme rondelette, grâce à laquelle elle pourra louer un studio à Rabat et continuer à vivre quelque temps, mais le mieux serait qu’elle retourne à Dakar…
La main passe…..le vendredi suivant c’est l’arrivée des 3 H….

Hajiba, Hachim, Hanane et son bébé,
qui débarquent à la maison, avec une camionnette remplie de toutes leurs affaires. Il y deux chambres dans la villa: la mienne que je partage avec ma fiancée d’il y a 10 ans, Hajiba, une autre pour sa soeur et son bébé, et enfin le salon pour mon fils Hachim… il et elles déballent toute leurs affaires, et le soir pour fêter leur arrivée, je les invitent à dîner au Miramar, où le rosé marocain coule à flot.
De retour à la maison, Hajiba disparaît dans la salle de bain, et un bon moment après la revoilà, bien propre, bien nette, bien parfumée et bien souriante. Elle s’allonge sur le lit nuptial et m’ouvre ses bras…et ses jambes. Passons…Toutefois une ombre au tableau, elle m’informe qu’elle ne pratique plus, depuis longtemps, la fellation..ça la ferait vomir…Mon Dieu, que comme c’est dommage! Mon Dieu que c’est triste!
Enfin, on va faire avec, ou plutôt sans… Contre mauvaise fortune, bon coeur!
Cependant la vie en commun, ne se résume pas qu’à des séances de Radada.
Nous passons donc , tous ensemble, notre premier week end, les filles aiment bien faire la cuisine et préparer la table avec un art tout oriental. Comme le beau temps est de retour, je monte sur le gazon avec l’aide d’Amir, le gardien, la tente caïdale à grandes rayures oranges et blanches, et nous sortons sofas et poufs tandis que le petit déjeuner se met en place. Café au lait, thé à la menthe, croissants et cornes de gazelle. L’air de la mer est léger, l’ambiance détendue, familiale; ces dames, ces mamans, sont au quatre soins pour nous les hommes: Hachim et son papa.

« Bon Xavier, maintenant nous allons faire le grand ménage, Hanane et moi.. »
C’est comme un rituel de prise de possession des lieux. D’ailleurs toute les deux sortent les tapis et les battent sur le gazon, dans l’air du large, qui en chasse les poussières, et s’envolent avec les souvenirs… On déplace les meubles, la télé, on nettoie les planchers, on passe le chiffon, on lustre et on fait briller, on réarrange les banquettes et leurs lourds coussins, on passe d’une chambre à l’autre, on traverse et retraverse, des traversins dans les mains. Le Coran, protecteur, est rangé dans la bibliothèque. Les bibelots, bougeoirs, lampes à huile, boules-vitrail suspendues, les descentes de lits, les draps , les couvertures arabes et berbères, la cheminée, la réserve de bois, et dans la cuisine les verres et les couverts; les placards sont fouillés, vidés dans les moindres détails, tout est déplacé, lavé, séché, pliés, rangés, réarrangés, tourné et détourné, vidé. Les salières aussi, les sucrières et les glacières…Et on ouvre portes et fenêtres, persiennes, claustras et moucharabiehs, baies vitrées et cacahuètes… Les moquettes sont roulées, évacuées au loin, stockées dans le garage. Les tapis R’batis, Marrakchis, Fassis, sont déroulés, dévoilés.
Bref, à partir de maintenant rien ne sera plus comme avant !
Que l’air circule, avance ou recule, pourvu qu’il circule, que le vent rentre tourne et détourne….Ouragans, tornades emportez au loin la magie africaine, la magie noire.
Adieu, dehors, sortez, sorts, et sortilèges.
Oust, du vent, au large, gris-gris, magie noire d’afrique noire,
Place à la magie orientale…..Slama, Salamalekoum! Allahou Akbar…Hajiba allume une chicha, et le narguilé fait des bulles. L’odeur purificatrice de l’encens. Le gargouillis du thé à la menthe, la voie caressante de l’amante.
« Ca y est Xavier, tu peux rentrer chez toi, au Maroc, terre d’Islam, viens Xavier, ta femme te tends les bras, ta famille marocaine t’attend.
Bienvenue chez toi, Habibi »

Les jours heureux

Les jours s’écoulent, calme et bonheur dans la petite famille. Avec l’assentiment de sa mère, je donne à Hachim quelques leçons de calcul, et de temps en temps nous jouons aux cartes tous ensemble. Et bien sûr on regarde la télévision. Il y a certes au début, une certaine gêne entre nous tous, mais elle se dissipe peu à peu; pour la première fois depuis longtemps je me sens tout simplement heureux d’être enfin en famille…
Nous sommes pendant les grands vacances scolaires et nous avons tout notre temps pour démarrer notre nouvelle vie de famille. Pour le moment Hajiba reste tranquillement à la maison, où elle profite avec Hachim et Hanane de la quiétude des lieux.
L’océan est à nos pieds, et reflète le soleil en fin d’après midi: le salon s’illumine des rayons du crépuscule naissant. C’est le moment où le mental se calme, ralenti, cède à la contemplation, à la méditation…notre soleil se noit à l’infini. Le rayon vert. Le silence. Le clair obscur….
C’est le moment que nous choisissons, pour nous retirer dans notre grande chambre et nous adonner, souriant au plaisir, à nos caresses intimes, qui éveillent nos sens, et nous élèvent vers le plaisir de donner et de recevoir.

PSYCHOSE

Cependant, par malheur,  des nuages psychotiques persistent sur ma tête. Un dimanche soir, après un repas en solitaire au Miramar, franchissant le portail pour rejoindre ma voiture garée à l’extérieur, résonne à mes oreilles un bruyant :  « BONJOUR XAVIER »: Ce sont une vingtaine de personnes, qui cachées et massées derrière le mur attendaient ma sortie du restaurant, pour m’interpeller, tous en choeur, à voix hautes en m’appelant par mon prénom.
Je m’appuie sur le toit de la voiture et je les interpellent à mon tour.
« Ouais, je vous connais. Continuez comme ça, continuez à m’emmerder, si ça vous amuse. Je n’en ai rien à foutre ».
Ils sont interloqués et y en a quand même un qui me réponds: « et toi, continue comme ça , continue comme tu fais, toi aussi… »
Bon je monte dans ma voiture et je me barre. Ce sont probablement les parents des filles que Mustapha à amené chez moi, j’ai compris. Ils ont été payés pour cette manifestation ridicule.
Et peut-être même vont- ils signer une feuille témoignant de mon identité… On verra bien.
Evidement je ne parle pas de cet incident à Hajiba.

Mais au moins maintenant c’est clair, c’est bien l’Organisation qui continue d’ essayer de me coincer, mais qui n’y arrive pas, pour deux raisons, à mon avis.
– Parce que je ne reste jamais plus de deux ans dans un pays, ce qui ne laisse pas le temps à leur procédure d’aboutir.
– Parce que, en tant que détaché, à chacune de mes missions par un ou plusieurs bailleurs de fonds, qui déversent leur manne sur le pays, il ne peut être question d’interrompre mon travail, sans raison officielle. Cela signifierait interrompre le programme et faire classer le pays comme incapable d’atteindre les objectifs du bailleur de fonds.
Eh oui! j’ai occupé des postes diplomatiques et stratégiques.
Et puis dans le fond de quoi peut-on m’accuser? Je n’ai fais qu’accepter les propositions de jeune femmes majeures, en leur fournissant en échange de leurs charmes et de leur gentillesse ce qu’elles demandaient: de l’argent et plutôt généreusement. Et si leurs parents trouvent à y redire, il eut fallu à leurs filles, l’interdire….


Par contre, il y en a un qui vas payer cher ses interventions, c’est Mustapha, qui disparaitra un jour de la circulation, pendant plus d’un mois sans qu’on sache le retrouver. Mais nous on a compris, et nous ne sommes pas les seuls. Il est au main de la police des moeurs qui s’occupe de lui avec les méthodes qu’on peut deviner au Maroc. Ils ont dû lui coller de sacrées raclées, et le torturer pour avoir fait l’entremetteur, et pour lui faire passer l’envie de recommencer. D’ailleurs quand il a refait surface, le visage tuméfié, et des traces de brûlures sur le corps, il ne pouvait même plus parler.

Arrivé à ce point du récit, il me souvient avoir entendu Hajiba, faire état devant moi, de ses relations très haut placées. Hajiba et moi, nous nous connaissions depuis longtemps et elle savait comment je vivait dix ans auparavant, quand nous étions, plus ou moins ensemble.
Et il était manifeste qu’elle détestait Mustapha, probablement parce qu’elle connaissait son rôle de rabatteur à mon égard. Je ne pense pas qu’elle était jalouse, et en tout cas au moment de cette histoire, moi je ne ressentais pas le besoin d’avoir d’autres relations qu’avec elle.
Cependant je suis a peu près persuadé qu’elle a déposé contre Mustapha, dans toute cette affaire. Et à mon avis elle était indic, comme tant d’autres de ses soeurs danseuses pour l’inspecteur principal de la police de Marrakech.

Je n’exclue pas d’ailleurs que Mustapha ai pu travailler pour le compte de l’Organisation, comme je l’avais aussi envisagé dix ans auparavant. Pour me faire tomber, l’Organisation devait attirer l’attention de la police nationale sur mon cas, puis me tendre des pièges par l’intermédiaire de Mustapha, dont un oncle, qu’il me présentait était du reste inspecteur de police. Pour me faire tomber dans son piège, Mustafa devait utiliser mon goût prononcé pour la gent féminine, puis, s’étant fait embaucher en tant que chauffeur personnel, donc devenu suffisamment familier avec moi, pour me faire rencontrer de jolies filles (majeures ce n’est pas un délit) me faire plonger en trahissant ma confiance, en me frappant avec l’arme fatale: me proposer sans que je le sache, des mineures. Ce que j’avais constaté quelque fois.

Mais comme je viens de l’expliquer plus haut, je pensais que j’étais en quelque sorte indéboulonnable du moins sous ce chef d’accusation.

Par contre l’Organisation pouvait à loisir distribuer des bakchichs aux policiers qui en contre partie me foutait la frousse, et alimentait ma psychose…

Maintenant ces élucubrations explicitées, je reviens à Hajiba. Ce qu’on lui avait dit au commissariat de Marrakech, m’avait déboulonné du piédestal sur lequel elle m’avait placé. Ne pouvant élaborer l’analyse ci-dessus, elle semblait craindre mon arrestation d’un moment à l’autre.
La bouée à laquelle elle s’accrochait était en train de sombrer.

EMPOISONNEMENT

Qu’importe la vie, et le travail continuent….Précisément, demain matin, je dois animer au Ministère, la réunion trimestrielle du projet, qui regroupe tous nos partenaires au Ministère de l’Environnement.
Réveillée, le matin de bonne heure, Hajiba me prépare un solide petit déjeuner. Je soigne ma tenue: rasage de prêt et crème bronzante, chemise blanche impeccable, ma plus belle cravate, et mon magnifique costume noir d’ébène, italien.
« A toute à l’heure tout le monde! ». « Treck assalama Habibi! ». Alors que je démarre la voiture, Hajiba arrive avec un grand verre d’eau et de glaçons, qu’elle me tend par la vitre de la portière: « A ta santé, mon amour, ça te fera du bien.. » « Choukrane Habiba » et je m’enfile le verre tout de go. « C’est vrai, ça fait du bien! Allez Ciao Hajiba ».
J’arrivé au bureau, il me reste une heure avant la réunion. J’en profite pour me repasser sur mon ordinateur, la présentation que je dois faire sur grand écran, en version Power Point. Maintenant il est l’heure, je doit me rendre à la salle de réunion. A peine sorti de mon bureau, je suis interpellé par Khadijah, ma collègue du bureau contigu: avec un grand sourire, elle me tends un grand verre d’eau et de glaçons. Comme Hajiba! c’est sans doute une tradition nationale. J’avale le verre to de go, et remercie Khadijah (..qui est l’épouse du chef de service).
La conférence débute par un petit speech d’accueil de la Direction de l’Environnement, puis il me passe la parole. Je me rends sur la scène, pose mon ordi sur le bureau, le connecte au vidéo-projecteur et effectue rapidement les réglages sur mon computer. La première diapositive de ma présentation s’affiche sur l’écran. Un petit laïus pour saluer tout le monde et introduire le thème de mon exposé. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous présenter le système de gestion, suivi et contrôle du programme « Assainissement et Appui Institutionnel » . C’est un programme complexe, en particulier du fait du nombre élevé de parties prenantes:
Ministères de l’Environnement, des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Ministère de l’Intérieur, Provinces et Collectivités locales, …etc , Bureaux d’études et entreprises.
Le logiciel File Maker conçu et réalisé en environnement MacIntosh, par les informaticiens de Steeve Jobs, que j’ai configuré pour la réalisation de note programme, m’a permis de développer une SGBD – Système de Gestion par banques de données – que je vais vous présenter maintenant. Et je détaille à l’aide de diapositives Power Point, les tableaux modernes que j’ai créés.
Je parle, je parle, sans être interrompu (comme c’est l’usage, les questions ne seront posées qu’à la fin). Mais arrivé à un certain point je sens mon débit se ralentir, ma voix décroître et changer de ton; j’hésite, ma superbe assurance du début disparaît, je traîne sur les syllabes, je trébuche…et finalement me prend les pieds dans le tapis!
Remous dans la salle, et le Directeur de l’Environnement, s’adresse à moi, un peu inquiet: « M. Meyer, que vous arrive-t-il?, on dirait que vous êtes malade, vous devriez vous reposer ». Je bredouille des excuses, quitte la salle et retourne péniblement à mon bureau, où je m’allonge sur le plancher. Je ne récupère qu’au bout de deux heures. C’est le moment de rentrer à Harroura pour le déjeuner. Je raconte mon histoire à la famille, et ils sont tous étonnés. Etonnés comme moi, je le suis également.
Mais commence à trotter dans ma tête, la coïncidence des verres d’eau pleins de glaçons de ce matin. Hajiba et Khadijah..

Peu de temps après je reçois un mail de Pascal Peter, ingénieur chez IGIP, bureau d’études allemand pour lequel j’ai déjà travaillé plusieurs fois. Ils viennent d’obtenir un marché avec la Camwater, la société des eaux du Cameroun, mon dernier client avant ma venue au Maroc. Ils me proposent une mission d’une semaine au Cameroun, où ils se rendront prochainement. Avec en vue le poste de chef de mission pour une durée de trois ans. Ils souhaiteraient me rencontrer à Douala, pour un contact avec la Camwater.
Tout frais et honoraires à leur charge.
Ca m’intéresse, et je dépose une demande de congés, d’une dizaine de jours au Ministère de l’Environnement. Accordée. IGIP fait émettre un billet Casa-Douala à mon nom, et le jour dit mon vol est fixé à 18h30.

CAMEROUN

Avec un peu de retard, lorsque je quitte Haroura, Hajiba me demande de l’appeler dès que j’aurai récupérer mon billet au guichet.
Je quitte donc Rabat pour Casa… Et je rencontre quelques difficultés car tout l’aéroport est en travaux, en particulier les banques d’enregistrements ont été déplacées, et il est difficile de se repérer, à travers un dédale de couloirs de planches.
Je prends du retard et commence à me faire du soucis, lorsque mon phone sonne. C’est Hajiba, qui s’inquiète de ne pas avoir reçu mon appel, comme convenu. Elle insiste, à juste titre, pour que je me dépêche, car l’heure d’embarquement approche. Je lui assure de combien je suis content qu’elle m’ait appelé, avant de couper la communication.

De justesse j’arrive à prendre le vol sur Douala, ou l’avion se pose au milieu de la nuit. Cette fois-ci personne pour m’accueillir, mais c’est pas trop grave: après mon précédent séjour de deux mois je connais Douala comme ma poche. Je trouve un taxi qui va me déposer à l’hôtel convenu. Le groom qui m’accompagne à ma chambre, écarte les propositions de ces dames, campées à la porte de l’ascenseur.
Je me couche vers minuit.
Pascal Peter et Sophie Pain n’arriveront que demain après midi. Pour moi, c’est toujours un plaisir de me retrouver dans un endroit où j’ai auparavant bien vécu ; et le matin j’arpente en flânant les avenues de Douala et me dirige vers le bord de mer pour déjeuner dans ce restaurant à l’embouchure du fleuve, qui grille des gros poissons, et où nous allions souvent avec Coura. Qui sait où elle est passée, maintenant?
Dans l’après midi, Peter et Sophie me rejoignent à l’hôtel, et s’apprêtent pour le dîner. Je les emmène à une pizzeria fort sympathique, dont le patron me reconnaît, et nous profitons du dîner pour faire plus ample connaissance.
On me connaît déjà un peu chez IGP où j’ai auparavant effectué une missions longue durée, au Sénégal. Alors pour me présenter à mes commensaux, je parle de moi, j’adore ça. Et je passe en revue mes différentes mission, et mes activités dans l’administration et le privé. J’en dit tant et tant que j’ai l’impression de les énerver un peu. Alors nous allons parler de l’actualité, et inévitablement nous allons parler de l’affaire DSK, Dominique Strauss Khan qui est Directeur du FMI, et s’était fait surprendre à New York pour une fellation imposée à une femme de chambre guinéenne, qu’il aurait ensuite enfermée dans sa chambre, pour prendre en vitesse, le premier avion pour Paris. Seulement il avait été intercepté dans la cabine de l’avion, par les policiers new-yorkais. Et il avait fait quelques jours de prison, avant d’être assigné à résidence (surveillée, et avec une camera à l’intérieur) en attendant son procès. On ne parlais, dans le monde , que de cet énorme scandale. Et moi je pensais que perdre son poste de Directeur du F.M.I. pour une felallation, c’était cher payé. Et j’ajoutais que connaissant les guinéennes, il devait s’agir, à mon avis, d’un coup monté.
Mais qu’avais-je dis là? Tous les deux sont outrés par mes propos, et en plus que j’insiste pour défendre ma thèse!
Peter et Sophie: « Monsieur Meyer, arrêtez immédiatement cette conversation, sinon nous quittons la table! »
Bon, finalement nous quittons la table, mais après le dessert… et rendez vous demain matin, 7 heures au petit déjeuner puis après nous irons à la Camwater où nous avons rendez vous, n’est ce pas ? “Non, à vrai dire Xavier, le staff de la Camwater souhaite te rencontrer seul, d’abord, sans doute pour te parler du programme que tu as réalisé il y a deux ans avec eux“.
“D’accord, très bien j’y serai à 8 h. On se retrouve là bas vers 9 heures? C’est ça, bonne nuit“.
A l’heure dite, je me présente à l’immeuble de direction de la Camwater, et je monte au premier, l’étage de la grande salle de réunion. A vrai dire, il n’y a encore personne, et je me cale dans un coin de l’espace d’attente, près du secrétariat. Peu après arrive un jeune homme, tiré à quatre épingles, comme il sied quand on se rend pour affaire dans cette honorable Compagnie. Il sort de son cartable, un épais dossier, dont il extrait une pile de formulaires, qu’il passe en revue en les annotant l’un après l’autre. Cette tâche effectuée, il me tance du regard, sans même me dire bonjour, ceci n’est pas conforme aux habitudes à la Camwater, où les gens sont d’ordinaire, d’une politesse exquise.
Après un moment d’attente, une secrétaire sort de la salle de réunion et lui fait signe d’entrer. Un moment passe, et il ressort, puis c’est mon tour d’entrer. Je suis surpris car tout le staff de la Camwater est là. Du Directeur Général aux chefs de services, aux ingénieurs et jusqu’au femmes de ménage. Le tour de la grande table est complet. Tout le monde me dévisage, immobile et sans rien dire. Que faire?
Un tour de table, en serrant les mains de chacun, et pour certain un petit mot aimable. Puis à la fin, je termine par un sonore « Messieurs, Mesdames, je suis à votre disposition ».
Silence de mort, jusqu’à que Madame la Directrice financière m’adresse la parole: « Monsieur Meyer, merci de vous être dérangé…La réunion est terminée ».
« Vraiment, je ne comprend pas? »
« Monsieur Meyer, la réunion est terminée. Vous pouvez y aller. »
J’avoue que je ne m’attendais pas à un tel accueil! Ce qu’il en ressort immédiatement, c’est que le type qui m’avait précédé devait avoir provoqué cette réunion, pour faire signer à chacun des participants un certificat signalant ma présence au Cameroun. Et devait donc s’occuper d’une procédure visant à déposer une plainte à mon encontre.

Une heure après, passée en compagnie de quelques anciens collègues: ils me demandent comment je peux à la fois m’occuper d’un projet de l’Union Européenne au Maroc, et de leur propre projet, au Cameroun, financé par la Banque Mondiale?
Projet pour lequel IGIP à rendez vous tout de suite avec la Direction des travaux de la Camwater. Je le leur explique: ma mission à la Camwater n’interviendra qu’après la fin de mon projet au Maroc.
Et la réunion a lieu, c’est une réunion de présentation et de prise de contact, avec M. N’Gompa et ses chefs de projets. La parole est d’abord à Pascal Peter, et ensuite à Sophie, qui développe avec un certain talent, ses compétences en hydraulique urbaine. Enfin on saute mon tour, parce que tout le monde me connaît déjà. Pour M. Ngompa notre première intervention pourrait être une visite de l’ensemble des succursales de la Camwater dans les provinces du Cameroun. Il y en a sept au total, mais Sophie et Peter, n’étant venus que pour une prise de contact, ne s’attendaient pas à une mission de cet ordre, qui nécessiterait au moins une pleine semaine de travail (visite d’une province par jour). Alors tout le monde se tourne vers moi, et je fais état avec un grand sourire, de ma disponibilité pour une dizaine de jours, donc j’accepte cette mission, puisqu’on me le demande si gentiment.
L’avantage selon, M. Ngompa, sera de me permettre, en rencontrant chaque chef de subdivision, d’évaluer l’évolution stratégique de la situation depuis mon départ du poste de Chef de Mission de SOROPT (bureau d’étude français du groupe VEOLIA) deux années auparavant, et en même temps de répondre aux termes de référence de la mission d’AGIP (bureau d’études allemand) qui débute présentement.
Ceci tout en étant détaché comme expert par SGI (bureau d’études suisse) auprès du Ministère de l’Environnement du MAROC.

Tout le monde appréciant cette opportunité plutôt rare, Peter et Sophie déclarent se joindre à moi, mais pour deux jours seulement compte tenu de leurs agendas.

La réunion prend fin dans l’allégresse générale. Début de la tournée dans les Provinces demain matin.

A midi, je propose à mes collègues, de déjeuner au BAUJ (pour Beaujolais) point de rendez-vous des français du Cameroun, aimant le rugby, et bien sûr des intellectuels africains qui apprécient la compagnie des français du Cameroun. Le repas se passe fort bien, on devise sur la mission, et Sophie explique qu’outre les évolutions stratégiques, il s’agira, conformément à ses termes de référence, de proposer les chaises et les tables, voire les ordinateurs dont il faudra doter les agences provinciales de la Camwater, dès le démarrage effectif du programme.

Le voyage de deux jours se passe bien avec Peter et Sophie, c’est l’occasion de faire connaissance et de commencer à organiser de conserve la mission qu’ ils comptent bien me confier. Nous ne visitons du reste qu’une seule province, compte tenu des dates de retour de mes collègues. Il est convenu avec Sophie, que je visite les six autres délégations de la Camwater, et que je lui envoie mon rapport, qui donnera lieu à mon paiement suivant les termes de l’accord rédigé et signé hier au BAUJ.
J’effectue les visites avec plaisir, étant reçu par des chefs d’agences aimables et coopératifs. Une seule difficulté: il pleut énormément et cela entrave parfois notre démarche.

Toutefois les chefs d’agence qui avaient suivis, il y a deux années la cession informatique délivrée par Amirouche, à l’époque, mon jeune expert informaticien algérien, m’indiquent ne pas avoir reçu les documents promis à la fin de notre mission.
Documents qui devait leur permettre d’accéder à la Gestion Electronique Documentaire, à travers le logiciel SCOOP, configuré pour la Camwater.

PSYCHOSE A DOUALA


A mon retour à Douala, j’appelle Amirouche pour lui demander pourquoi il n’avait pas avancé sur ce sujet. Et sa réponse me surprend:  » je vais vous expliquer, mais je ne pourrai pas tout vous dire ».
« Voilà, peut après mon retour de mission du Cameroun, j’avais repris la responsabilité du cykercafé de la famille, que vous connaissez bien, à Bouira.
Un beau matin, un groupe de policiers fait irruption dans le Cyber, et ils ont commencé à me questionner sur ma mission effectuée au Cameroun. Ils crient, m’insultent, me questionnent, me rudoyent, me menacent, et me mettent la peur de ma vie. Il me reprochent:

D’une part d’avoir usurpé le titre d’expert international lors d’un programme de la Banque Mondiale au Cameroun,

D’autres part d’avoir acheté et installé en Algérie et au Cameroun, et en Algérie des copies illégales de logiciels de bases de données Apple achetées illégalement dans un souk à Alger.

Ils m’ordonnent d’arrêter immédiatement toute activité, liée à l’informatique et procèdent à la fermeture définitive de mon Cybercafé. Voilà, je n’en dirai pas plus, Monsieur Meyer. J’ai bien trop peur de notre police nationale.
Alors, je suis désolé, je ne peux pas répondre aux engagements que j’avais pris avec vous, et avec SOROPT. Du reste je ne leur ai jamais adressé la moindre facture pour mes propres honoraires ».

« Merci Amirouche de ta sincérité, et bonne chance dans tes nouvelles activités. »

Maintenant je me pose la question: qui a pu provoquer l’intervention de ces policiers, sans doute de la brigade financière algérienne? Visant un algérien, sur la base de plaintes déposées probablement par Apple, dont des enquêteurs avaient pu me questionner, mine de rien, lors d’un des salons annuels tenus par la marque à la pomme, à Paris, porte de Versailles, salon que je ne manquais jamais. Qui ? L’Organisation ?

Peu après me rendant à Paris, pour le Salon annuel d’Apple, porte de Versailles, je me dirige vers le stand FileMaker pour discuter des dernières innovations et aussi des problèmes de transmission que nous avions en Algérie avec notre Back Office en Suisse. Je décris le contexte, notre mission pour l’ANBT, notre groupe d’une dizaine d’ingénieurs tous interconnectés..bla, bla, bla.

On me conduit alors vers une société spécialiste de « FileMaker », dont le boss me propose une évaluation de notre système de gestion par base de données SCOOP: un informaticien me demande mon ordinateur, et disparaît pour quelques minutes dans l’arrière boutique. Il revient assez rapidement et confirme ainsi à son boss que mon SCOOP est OK.

Il me revient aussi, que j’avais autorisé Kassava à faire une copie de SCOOP pour une évaluation par son ami Souleymane, chef du service informatique de la police nationale. Evaluation élogieuse, mais restée suite…sinon que Souleymane se proposait pour assurer le moment venu, la formation des cadres de la Camwater, telle que prévue dans notre contrat.

Cependant, moi, le moment venu, je téléphonais à Amirouche pour lui proposer de venir me rejoindre à la Camwater, assurer la formation à SCOOP. J’arrivais à le joindre à Koudiat puisqu’il travaillait toujours sur le chantier que j’avais quitté un an auparavant. Ayant son accord, je le proposait verbalement à NKompa, expliquant qu’il n’avait pas une formation universitaire, mais qu’il avait travaillé avec moi, pendant près de deux ans avec la base SCOOP (dont je venais de faire la présentation aux cadres de la Camwater). Nkompa me donnait son feu vert, pour le faire venir, en se faisant fort d’obtenir l’accord de la Banque Mondiale. Je lui faisais donc une proposition officielle par écrit, qu’il transmettait à la Banque. et le moment venu Amirouche assurait sa prestation pendant une durée d’un mois. De même qu’il l’avait fait en Algérie, il commençait la première séance par l’installation sur les ordinateurs des ingénieurs de la Direction Technique, d’une quinzaine de copies de l’application FileMaker , et de notre Système de Gestion par Base de données SCOOP.

Et qui, avait convaincu Hajiba et Khadija de me droguer avant une réunion au Ministère de l’Environnement à Rabat ? L’Organisation ?

Et qui avait agi pour me faire écarter de ma nouvelle mission projetée au Cameroun, qui allait être finalement réalisée par Sophie, venue s’installer à Douala ? L’Organisation ?

Et qui avait braqué contre moi, Hanane et Hajiba au commissariat de police de Marrakech ? L’Organisation ? Et qui allait me réserver cet accueil très particulier (voir ci-dessous) à mon retour à Rabat ?    

L’Organisation ?

Retour à Rabat

Et qui allait me réserver un accueil très particulier à mon retour à Rabat? Voilà ce qui s’est passé: à l’atterrissage à Casa, Mustapha m’attend pour me conduire à la villa de Harroura. Puis il rentre chez lui pour déjeuner. je reste seul dans la maison.
Fatigué par une nuit blanche (décollage de Douala à 01 heure du matin), je m’allonge sur le lit dans ma chambre, et je m’endors. Soudain je suis réveillé par un bruit sourd, un choc, qui se répète quelques secondes après. Le temps de sortir de ma torpeur, c’est maintenant un énorme bruit de verre brisé, qui provient du salon. Je m’y précipite, et voit deux jeunes en train d’essayer d’entrer par la fenêtre qu’ils viennent d’exploser, avec un énorme galet. Je pousse une grosse gueulante, et en me voyant ils sont stupéfaits et effrayés. Ils s’enfuient, à toute allure, traversent le gazon et disparaissent dans la propriété du voisin. Mon ordinateur posé sur la petite table, en face de la fenêtre, l’a échappé belle: Le galet est juste à coté!
Qoiqu’il en soit, les deux voyous semblaient penser que la maison était vide, si j’en juge par leur stupéfaction.

Alors qui a recruté les jeunes pour qu’ils cambriolent ma maison? Juste à mon arrivée? Et pourquoi le gardien était-il absent?

Je me rends sur le champ au Commissariat de Police, situé à proximité. Et j’explique mon cas. Rapidement deux policiers se lèvent et gagnent leur véhicule. Une ronde rapide permettra peut-être de répéter les jeunes malandrins, et de les ramener. Mais il reviennent bredouilles.
J’appelle alors le propriétaire de la maison, car il faudra bien remplacer la vitre, si possible avant la nuit.
En entrant, ce dernier est surpris de voir les multiples verrous que j’avais fait installer sur la porte, redoutant des intrusions nocturnes de la part de ceux qui m’en voulait dans le quartier. Il remarque aussi qu’une jolie lampe suspendue au plafond, a son verre brisé. Ça c’est un cadeau de Coura en fureur, je m’en souviens. Et diverses autres bricoles qui n’ont pas l’air de lui plaire.
Il interroge le gardien, qui était parti chez l’épicier, comme par hasard. Bon après sa petite inspection, il prend congé en m’indiquant qu’il va faire poser une nouvelle vitre.
Les filles reviennent de Marrakech le lendemain, et je leur raconte ma petite histoire. Alors là, elles sont stupéfaites, et me dise même que pendant mon absence, elle dormaient dans le salon, face à la mer, la baie vitrée, grande ouverte.

Quelques jours plus tard, un autre évènement désagréable, allait survenir et bouleverser notre quiétude rétablie, après la réparation de la vitre.
Au milieu de la nuit, dormant avec Hajiba à mes cotés, je suis réveillé par une odeur désagréable, qui paraît provenir de la salle de bain. Je me lève et je ne sais plus pourquoi, l’éclairage ne marchait pas. Donc j’avance dans l’obscurité totale vers la baignoire d’où me parait parvenir l’odeur foetide. Je tâtonne au fond et met la main sur un paquet en papier contenant la substance odorante. C’est visqueux, et avec le bout du doigt je l’approche de mon nez, et renifle pour mieux percevoir l’odeur.
Mais, bon Dieu, mais, c’est de …, oui c’est de la….,
Merde alors! C’est de la merde! Oui, c’est bien de la merde.
Je passe au salon , nanti de ce paquet de merde et m’empresse d’aller réveiller le gardien, pour lui demander des comptes.
Sa petite chambre donne sur la cour d’entrée dans la propriété, là où l’on gare les voitures. Je lui fous le paquet de merde sous le nez.
« Alors ou était tu, quand c’est arrivé? Qu’est ce que tu as vu? ». Il est à moitié endormi, brave gardien, et il va allumer la lumière dans la cour. C’est clair mes ennemis ont sauté par dessus le portail, traversé la cour, et introduit leur paquet, tout frais, par le « WhasIstDass », en dessous duquel la baignoire. Directement du producteur au consommateur! (je précise que je n’en avais approché que du bout du nez).
J’engueule Amir, du bout des lèvres, je lui refile mon sac de merde, et je retourne me coucher.
Le lendemain, je raconte l’histoire à mes deux soeurs, et j’appelle le propriétaire de la maison, pour qu’il vienne sermonner le gardien. Il arrive assez vite, et dans sa grande sagesse conclut qu’il y a des gens qui m’en veulent. Un temps de silence, et finalement la sentence que je redoutais, tombe.
« Monsieur Meyer vous avez des ennemis ici. Vous devriez déménager en ville. Là bas vous serez beaucoup plus tranquille, dans un appartement à l’étage ».
« Vous avez raison, on va déménager M. Alhaoui. Merci du conseil ». Et le voilà qui m’indique un appartement tout neuf , à louer dans le quartier Haï Ryad, à proximité du Ministère de l’environnement, pas très loin de l’Agdal.
« Monsieur Alhaoui, merci de l’information, je prend contact avec le propriétaire (il me donne son n°, et l’adresse du logement), et je vous rappelle ».
Avec Hajiba, et Hanane, on discute de ce déménagement, qui présente quelques avantages:
– D’abord nous éloigner de mes ennemis à Harroura.
– Puis c’est l’hiver qui arrive et il va faire très froid au bord de la mer (la température peut descendre à 7° seulement) et nous n’avons qu’une petite cheminée pour nous chauffer.
– L’appartement envisagé est proche de mon lieu de travail.
Ca m’évitera des aller-retours chaque jour entre Rabat et Harroura, et je pourrai plus facilement être à l’heure au bureau.
– Enfin, je le sais bien, l’hiver Haroura est une ville morte.

Alors que l’Agdal, est un quartier animé, un quartier d’étudiants avec des commerces (dont je me serais personnellement bien passé), des bistrots, des boîtes, des bars et des restaus. OK, les filles? OK, Xavier, on y va.

HAY RYAD

J’appelle le proprio et on se rencontre à l’appart, dont j’ai l’adresse. Nous somme dans un quartier récent, aéré, avec de larges artères, et des massifs de fleurs. Non loin, d’excellents restaurants et de belles boutiques. Des banques et des DAB (attention danger!), des immeubles de bureaux, dont le mien (le Ministère), le plus beau de tous, un quartier piétonnier parsemé de gazons et de massifs de fleurs. Et dans la journée, une foule qui travaille et mange, de la classe moyenne, bourgeoisie montante, bien habillée et bien propre sur elle. Coincée entre le Maghzen et les prolétaires, avec en bruit de fond, les mendiants et les éclopés, invisibles à l’Agdal. Le Maghzen, ce sont les gens proche du pouvoir: les généraux et officiers supérieurs, les bonnes familles, les serviteurs de SAM (sa Majesté).

Toutes ses bonnes raisons nous pressent à signer le contrat avec le propriétaire de l’appartement. Parking au sous sol, ascenseur, trois pièces spacieuses, dont la chambre à coucher du chef de famille et de sa future épouse. Chambre isolée au bout d’un long couloir, des miasmes de la vie, et des tracas quotidiens. Avec, en outre, un grand écran et un fauteuil immense en cuir noir, brillant, et cossu (du style d’Emmanuelle, mais pas en rotin!), tellement noir, brillant et cossu qu’il en est trop lourd être déplacé.

L’avantage de cette chambre au bout du couloir, c’est qu’on y est à l’abri des indiscrets et des bruits de fond du couloir.
Et avec une fiancée comme Hajiba, c’est plutôt util. Dans le grand salon, entouré de banquettes, et doté d’une grande table ronde, au coin du fond à droite, on y trouve toujours Hajiba et ses copines de danses, atteintes comme elle par la limite d’âge (30 ans pour la belly-dance, comme on dit à Marrakech), et ces demoiselles ont toutes conservé l’habitude de se coucher fort tard. Et pour maintenir le taux de vin rosé dans leur litre de sang (0,5 gramme de sang par litres d’alcool) elle picolent donc assidûment de l’après midi au petit matin. Moi, je me mèlerais bien volontiers à elles, mais c’est toujours la même refrain entêtant qui raisonne sous mon crâne: » attention, demain matin je bosse… » et il faut que les 1400 grammes de mon petit cerveau puissent maîtriser, demain dès le matin, les connections de ses 100 milliards de neurones. Il ne faudrait pas que le « gris de Boulaouane » grise ma matière grise.
Alors, comme malgré tout j’aime bien boire, je passe un moment avec ces demoiselles, mais sans comprendre l’arabe dialectal, j’ai du mal à suivre.
Donc finalement je me retranche dans mon donjon, au bout du couloir, et je regarde des films légers sur le grand écran.
Et quand Hajiba me rejoint sur le grand lit, et s’offre à moi pour le joli jeu du pousse-avant, je ne peux que décliner en adoptant la position dite du « cul tourné ».
Il est urgent qu’on synchronise nos emplois du temps.

C’est ce qu’elle devait penser ce soir là en me rejoignant dans notre petit lit douillet. Avec dans les mains, toute une batterie d’objets divers, plus longs que larges, fort heureusement. Et des flacons d’onguents glissants. Par des manipulations ésotériques, avec ses objets hétéroclites, elle faisait naître en moi, un tout nouvel intérêt pour ma prostate, dont je découvrais que plus qu’une simple usine de production spermatogorique, elle était un concentré de terminaisons nerveuses dédiées, par le créateur, à la jouissance de la créature, tout en évitant la création. Vous me suivez?

Et à la fin de cette exploration, Hajiba me demande se que j’en pense: suis je, ou ne suis je pas fâché? Eh bien, non je ne suis pas fâché. Alors elle a l’air contente…Voilà, je pense qu’elle a décidé de m’offrir un éventail de ses connaissances, de ces expériences, accumulées pendant une dizaine d’années de danse du ventre et du bas-ventre, au Jade Palace.
Moi, j’ai l’esprit large, et je m’en réjoui. Toujours curieux, plus que jamais dans ce domaine où l’on a tendance à répéter toujours les mêmes scénarios, avec la (ou les) mêmes partenaire(s). Je rentre en terre inconnue et je ne vais pas être déçu! De mon coté j’apporterai mon expérience d’amateur avisé, de son coté elle apporte son expériences de danseuse professionnelle. Un CV à ne pas négliger.
Je ne vais pas énumérer ici toutes les calipettes que nous avons pratiquées, mais il y en a une qui m’a vraiment bluffé, par son caractère inattendu, sexuel certes, mais aussi ésotérique, mystique, et gothique, chrétien et musulman, qui m’a renvoyé au moyen âge, à l’époque des croisés, et des guerres saintes. Voilà ce qui s’est passé:

Alors qu’une fois de plus, après le dîner, après un moment passé immobile, au milieu des danseuses réjouies par les quantités astronomiques de vins, ou de bières qu’elles ont absorbées, sans pouvoir vraiment participer à l’allégresse générale (dont le voisin du dessous se plaint de plus en plus), je me lève pour me rendre dans notre chambre, la pièce du fond. Hajiba me sentant un peu triste, me rejoint et me demande: « Xavier, où vas tu, que veux tu? ».
« Haijiba je vais regarder une film porno, à la télé, et je me demande, chérie, pourquoi je dois faire ça, alors que j’ai une si jolie fiancée à mes cotés? ».
 » Oui, oui, d’accord, alors attends moi au lit, j’arrive ». « Excellent: », me dis-je. Car comme je l’aimais, et qu’elle avait de l’expertise, j’aimais aussi ses tendres caresses et ses flacons d’onguents glissants, ces manipulations ésotériques, avec ses objets hétéroclites.
La voilà donc qui revient avec tout son attirail, et en guise de mise en bouche, si j’ose dire, elle pratique avec ses mains expertes. Quand je suis bien chaud, elle me dit: « Chéri, attends moi, je reviens tout de suite ». Effectivement, elle revient avec dans sa main droite, une sorte de rouleau à pâtisserie. Je redoute un instant qu’elle n’en fasse mauvais usage, car je ne vois pas quel usage on peut tirer d’un rouleau à pâtisserie, dans le présent contexte physico-érotico-amoureux.

Xavier, mets toi là, allonge toi sur le dos, bien au milieu du lit, et repli un peu tes jambes. Bon, alors maintenant je vais glisser un coussin sous tes reins, soulève toi un peu, OK, comme ça, ça va. Et elle saisit le rouleau à pâtisserie.Pour bien comprendre la suite voici d’abord quelques précisions techniques: « un rouleau à pâtisserie est fabriqué à partir d’une ébauche en bois, sur un tour mécanique, qui dégage d’abord le cylindre central, puis ensuite à droite et à gauche les deux poignées latérales de plus petit diamètre ». Disons les deux extrémités.
Hagiba ouvre son flacon d’onguent glissant , et un impreigne les deux extrémités. Ensuite elle m’engage à ne pas me faire de soucis, et à me décontracter. …
Voilà, c’est fait. Je ne me fais pas de soucis, je suis décontracté.
Elle insert à présent, toute en délicatesse, et avec une précision millimétrique, une de ces poignée dans…, je dois bien le désigner, dans mon rectum, avec une poussée constante jusqu’à l’épaulement du cylindre central.
Et, s’approchant de moi, elle s’enfonce l’autre poignée dans dans son pussy, toujours avec délicatesse.. Alors, moi vraiment je ne vois pas ou elle veut en venir….Hajiba prend maintenant quelques mesures: son pied gauche, elle le pose sur la tranche du matelas (attention: on a pas dit « la tronche du matelot. »), puis elle le pousse jusqu’à mon pied droit; et elle le repose par terre sur le tapis persan. Enfin, elle fit de même avec son pied droit et mon pied gauche..
« Mais, bon Dieu, qu’est ce quelle fabrique? ».
Je devine qu’elle est maintenant en bonne position, debout devant le lit, à la distance requise. OK. « Mais pourquoi faire? ».
Un dernière vérification sur la position du rouleau à pâtisserie, en moi et en elle.
Bon , maintenant, toujours debout devant le lit, elle me demande de tendre les bras vers elle, elle ne les saisit pas mais elle demande de les tenir bien raides, sans les bouger. Elle les remontent un peu vers le haut.
« Putain! mais qu’est ce qu’elle fait. Où elle va? »
Elle regarde une dernière fois mes pieds, à droite, à gauche, mais mains à gauche, à droite et réajuste leurs positions. Et elle revérifie les insertions, devant, derrière, du rouleau à pâtisserie.

« Attention Xavier, bien raides tes bras!

Un bref instant, Hajiba ferme les yeux, se concentre, prend un grand souffle et

Un, Deux, Trois, du tapis persan, elle fait un saut, un peu comme une grenouille et elle ancre ses deux pieds sur le bord du matelas, contre les miens. En même temps jette ses deux bras en avant et s’accroche avec ses mains à mes deux mains tendues.                                       

Et elle termine le mouvement en se rehaussant sur ses jambes tendues, tandis qu’elle relève mes mains en hauteur. Incroyable spectacle! Elle est là, en face de moi, comme crucifiée, sur une croix en X. Son visage est tendu, son regard fixe, son corps est tout entier raidi pour tenir la position, et d’un mouvement des lèvres, elle rectifie la position de sa poignée.

Puis elle reste immobile, figée, sans rien dire, juste un petit sourire quand elle croise mon regard, écarquillé, ébahi, sidéré.

Dans mon mental, nos nudités abracadabrantes, renvoient aux messes noires. Et puis soudain, ça me saute aux yeux :

Place Djemaâ El Fnaâ, en l’an de grâce 1070:

Je suis le  Croisé!
Allongé, blessé, Terrassé
Elle est là, debout
Sacrifiée, crucifiée,mais encore dominante.Fière et insoumise.

 Je ne sais que penser, mes origines judéo-chrétiennes sont malmenées.

Toutefois en la contemplant dans sa splendide nudité, je suis saisi d’une forte érection. J’envoie balader le rouleau à pâtisserie et la saisit des deux mains par sa taille pour l’amener bien droite sur moi. Et là, il n’est plus question de pâtisserie lorsque je la pénètre, ou alors plutôt, un peu plus tard, de crème chantilly lorsque je me libère profondément en elle.  Waouh ! Olé ! Youpie….

Et en descendant du lit, elle me dit « Xavier, mon amour, garde pour toi tout que tu viens de vivre, et surtout n’en parle jamais à personne! »
Dont acte: je n’en parle à personne, mais je l’écris quand même. Et je sors maintenant de mes mille et une nuits, de mes histoires d’alcôves, pour replonger dans le quotidien, hostile à mon égard.

Hostile comme ce jour ou bloqué à un feux rouge, je ressens un léger choc de la voiture de derrière.
C’est pas grave, ça arrive, et je n’y fais pas attention. Juste un regard rapide dans le rétroviseur. C’est un 4×4.
Mais, cinq secondes après, un nouveau choc. Cette fois ci, courroucé, je me retourne et derrière le pare-brise de l’auto-tampon, le conducteur me fait un signe de la main, en me souriant.
Je le reconnais, mais le feu passant au vert, j’embraie et j’avance. Nous nous perdons de vue, mais j’ai reconnu le visage boursoufflé de Jean Brodier, le conducteur de travaux du programme au Mali, il y a 13 ans. Programme dont j’assurais le suivi et le contrôle et que j’avais quitté à la fin des travaux, à moto de Bamako à Niamey. Un raid effectué avec « Terrine d’Oeuf », un bon copain de l’époque. Ainsi Brodier réapparait dans ma vie.

Je me souviens avoir tenté de le joindre à son numéro en France. Mais j’étais tombé sur sa mère:
« Oui, Monsieur, vous désirez « 
 » Bonjour Madame, je voudrais parler à Jean »
 » Il est absent. Et qu’est ce que vous lui voulez à Jean ? »
« Jean est un viel ami; nous avons travaillé ensemble au Mali. Je m’appelle Meyer, Xavier Meyer »
 » Xavier Meyer! Au Mali ! Ho, mon dieu! », « non, non, non! »
Effrayée elle avait raccroché brusquement.

La réapparition de Jean, n’est pas une bonne nouvelle! enfin on verra bien!

Même cinéma, quelques jours plus tard, coincé par la voiture de devant, dans un carrefour, au sortir du Ministère, je croise le regard (dur, dur) du conducteur de la voiture de gauche. Ca se dégage devant moi, et j’embraie pour avancer. La voiture de gauche, au lieu de me céder la priorité, avance et me bloque. Même regard haineux qui me fixe. Moi qui pensait lui faire un beau sourire pour m’avoir laissé passer, c’est réussi. Alors je le bloque un moment en lui faisant la gueule moi aussi. Super, non?

Une autre fois, Mustapha insiste pour aller prendre un café à mon bar habituel. C’est pas mon heure, mais pourquoi pas.
Le bar est désert, si ce n’est un gars en costard de velours brun clair, assis à l’extérieur.
On s’asseye aussi à l’extérieur, et je crois bien, alors, reconnaître le client solitaire sur notre droite à une dizaine de mètres. Je l’observe en douce: il a un teint rougeâtre, le visage émacié, fatigué, et marqué de profondes rides. Et soudain, je le remets: Il était 10 ans auparavant le Directeur de l’entreprise Hydropshitt, à Bamako. Enfin, il l’était…quand je m’occupais du programme.

Décidément l’Organisation est une nouvelle fois, dans un phase d’identification, en ce qui me concerne!

Pour en revenir au Ministère, je m’étonne de ce que mon copain, expert allemand sur un programme de la coopération allemande (la KFW) croyait que j’avais démissionné car il ne me voyait plus. Mais non, je reviens juste d’une courte mission au Cameroun, mais maintenant je reprend le travail ici, et je suis du reste en train de rédiger mon prochain rapport trimestriel.
Inquiet, je passe tout de même au secrétariat du Ministère et demande une copie de la dernière lettre qui m’ait été adressée, et que j’avais égarée.
« Eh bien, me répond la secrétaire, vous ne l’avez pas perdue, en fait elle n’est pas encore partie ».
Très aimablement elle m’en remets une copie. Avec surprise, je suis en train de lire, une lettre de licenciement, à mon endroit. Toutefois, me fait-elle remarquer, la lettre n’est pas signée.
Il est vrai que depuis quelques jours, j’avais des discussions amicales ave Hassan Houaiddi, un ingénieur marocain, logé provisoirement dans mon bureau. Avec le recul, je pense qu’on l’avait mis avec moi pour mieux cerner mon domaine d’expertise.
Pour moi, c’était clair j’étais au top en gestion électronique documentaire. Ce qui pouvait rendre service au Ministère, où l’on travaillait toujours avec des classements papiers, dans des armoires métalliques ou en bois. Et où le courrier, « arrivée et départ » était enregistré dans un vieux grimoire, rempli à la pointe pic, en bleu pour les arrivées, en rouge pour le départ.

Cependant pour attaquer la dématérialisation du courrier, il convenait que j’en parle avant tout à Khadijah, la femme de notre chef de service, chargée de mon suivi (…et parfois, de mon empoisonnement). Sa réaction ne fût guère positive. Elle refusait la proposition de formation, que je lui destinait, ainsi qu’à ses collègues, sous le prétexte qu’il fallait commencer par acheter des ordinateurs Mac, et qu’il n’y avait pas de crédit inscrit au budget de cette année.
Prétexte fallacieux, s’il en est, car il aurait suffi d’acheter le logiciel « File Maker » version adaptée pour P.C.
Dommage pour eux, car on auraient pu configurer ensemble mon SCOOP pour les services du Ministère.
C’est aussi de ma faute, car je n’ai pas su saisir la balle au bon.

Il faut dire qu’avec les activités nocturnes qu’Hajiba me proposait, après des repas bien arrosés, poursuivis jusqu’à la fermeture des restaurants, et les séances amoureuses qui suivaient, si je dormais bien la nuit, les réveils étaient plutôt douloureux et tardifs. Et le matin, malgré le petit déjeuner et deux bons cafés noirs, je sentais – délicatement – encore la vinasse.
En fait les musulmans, et surtout les musulmanes qui ne boivent pas d’alcool, sont dérangés par l’odeur du vin et ont un sérieux flair pour détecter les buveurs. Et au Ministère j’étais entouré de femmes. Et elles se plaignaient, non pas à moi, mais à la hiérarchie, c’est à dire au Ministère, au Directeur du Département de l’Environnement.
Et finalement j’ai été viré!

A force de picoler, Hajiba part en vrille. Un soir en rentrant du restau avec sa soeur, son bébé et Hachim, elle est brusquement saisi de l’envie de fumer une cibich. Il est une heure du matin, et toutes les boutiques sont fermées, mis elle en connaît une ouverte toute le nuit, seulement voilà c’est à l’autre bout de la ville. Pour moi, pas question d’y aller, je dois me lever demain matin pour aller au boulot. Elle incite je tiens tête. Elle incite encore, alors que nous rentrons dans le parking de l’immeuble.
Alors que je ferme la portière de la voiture, elle entre dans une rage folle. Elle se met à hurler, se roule par terre, agite ses membres dans tous les sens et finalement après avoir fait un rafus terrible, le corps raide, elle sombre dans un coma profond. On a bien du mal, à la remonter dans l’ascenseur, heureusement sa soeur est baléze. D’ailleurs elle me rassure, en me disant qu’elle fait souvent de telles crises, et que demain matin, elle n’y pensera même plus.
Par moi, j’y penserai. Delirium tremens de l’alcoolique?

Une autre fois, à peu près à la même heure, toujours en présence d’Hachim, une violente dispute dégénère et je préfère la déposer à l’appartement pour aller dormir à l’hôtel. Enervé, je n’ai pas fait attention, quand elle sort de la voiture pour entrer dans l’immeuble, Hachim n’est pas descendu. Je redémarre, et fait le tour de l’immeuble pour sortir quartier. Hachim, dont je découvre qu’il est resté dans la voiture me crie qu’il veut sortir. Je le dépose là, dans l’avenue, il a vingt mètres à faire pour atteindre l’entrée de l’immeuble. Les rues sont désertes. Je redémarre, et voilà une voiture sortie de nulle part qui me suit.

On imagine bien que nos activités nocturnes dérangassent les voisins du dessous à cause, paraît-il, d’une faille dans le béton, qui transporte le son jusqu’à l’intérieur de leur appartement.

Il leur arrive de téléphoner pour se plaindre, ou même de venir taper à notre porte, mais chaque fois Hajiba les envoie balader: chacun est libre de faire ce qu’il veut dans son appartement, et elle, elle ne s’occupe pas de ce qui se passe dans le leurs. Argument fallacieux, s’il en est, mais qui fonctionne puisque les voisins impuissants, repartent chaque fois, complètement dépités.

Peu de temps après, Hajiba me rapporte ce que sa soeur vient de lui raconter:
 » Pendant notre absence, une voiture luxueuse, avec vitres teintées, s’est arrêtée ce matin en face de la maison. Un français, en est descendu et a demandé si c’était bien là qu’habitait Xavier Meyer? et si on pouvait le voir? Hanane lui dit poliment que je suis au travail. Voyant Hachim dans le jardin, il a demandé aussi si ce petit garçon était le fils que Xavier Meyer, avait eu avec une marocaine de Marrakech? »

No comment! Mais s’il comptait engager une procédure contre moi, il avait dû comprendre qu’elle n’aboutirait pas, parce que j’étais père d’une famille marocaine.

Puis Hanane s’est excusée, sa petite fille l’appelait pour son biberon.









2 réponses sur « L’environnement »

C’est une nouvelle mission qui débute pour moi au Maroc. Hassan II a été le roi des barrages pour l’irrigation et l’eau potable.

Mohamed VI engage son pays dans la sauvegarde de l’environnement.

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