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Prime jeunesse 1945

A Paris, nous sommes hébergés dès notre arrivée, chez Mémé, ma grand mère, mais nous trouvons assez rapidement à nous loger gratuitement au deuxième étage d’un hôtel particulier, ceci sans doute en raison des états de service de P’pa: au 66 avenue Mozard, à l’angle de la rue d’Aviou, dans le 16ème arrondissement, un des quartiers chics de Paris.
Je partageais ma chambre avec ma soeur Geneviève, 2 ans de plus que moi. Le temps passe paisiblement et j’entre doucement dans ma vie mémorable.
J’aimais au printemps le fouillis des feuilles vertes des platanes, écloses près du balcon à portée de main.

Evidemment nous n’avions ni frigo ni télévision, mais quand même dans la cuisine, un trou dans le mur à hauteur de femme, un « garde manger », aménagement suffisant pour conserver les aliments en toutes saisons sauf peut être quelques semaines en été.
Nous sommes restés là de 1944 à 1954. J’allais à l’école maternelle, puis primaire de la rue des boches (sic), et j’ai eu pendant quelques années le plaisir d’en passer le porche sous ma propre photo en noir et blanc, tellement réussie avait dit le Directeur qu’il en avait fait son frontispice! Une p’tit tête d’enfant bien propre, bien nette, coiffée en brosse, sentant bon le savon de Marseille, et souriant de toutes ses dents. Maman était bien sûr encore plus fière que moi, et ne pouvait s’empêcher de lever la tête, en approchant de la photo de son rejeton.

Papa, menuisier ébéniste, n’a jamais eu de pb pour trouver du travail, d’abord chez M.Grilly, à Paris, pendant quelques années. Chaque matin M’an lui préparait sa gamelle, à étages. A l’époque on disait pas le boss, ou le patron, encore moins le chef; M.Grilly c’était « le Singe ».

Pierre sabagh : la télé en 1946, j’avais quatre ans….

A sept ans j’ai pris ma première cuite, chez mon grand père!
Il était médecin, et propriétaire de deux pharmacies, à Paris, rue de Rennes. Les affaires marchaient bien, et justement il venait d’inventer un nouveau médicament, le REYNIOL. De grosse osties couleur beige, pour calmer les douleurs. Un peu l’ancêtre du doliprane ou du paracétamol. Il avait concocté ce nouveau médicament avec son préparateur Abel. Et pour lancer sa marque, il avait organisé un cocktail, avec les médecins du quartier.
Maman y était conviée, et m’y avait emmené avec elle.
J’étais donc assis sagement à coté d’elle, et regardais autour de moi, tous ces messieurs bien habillés et encravatés. Les discours succédaient au discours et les voeux de succès aux voeux de bonne réussite. Je voyais les gens lever leurs verres, et boire à l’intérieur une eau un peu jaune et qui faisait des bulles. Puis pendant le repas, je reconnaissais dans les verres, du vin, pareil à ce que mon père buvait à table, à la maison. Mais c’était pas la même étiquette : sur la bouteille de P’pa, il y avait marqué en haut de l’étiquette, « Le Postillon », et en dessous l’image d’un cocher, conduisant une diligence en fouettant ses chevaux.
Ici, c’était plus simple, une simple étiquette avec un nom dessus: Bordeaux St Emilion. Et les invités avaient l’air d’aimer ça…

Le repas a duré longtemps, et n’ayant pas le droit de parler à table, je me contentais de regarder. Pépé parlait avec les hommes, et Mémé avec les femmes, tous le monde était bien gentil avec moi, mais toujours à chaque fois les mêmes questions: comment t’appelles tu, quel âge as tu, tu vas à l’école..blah, blah, blah.. Alors à chaque fois, je demandais: « qu’est ce qu’il y a dans ton verre, montre moi s’il te plait? » et toujours la même réponse « Ah, ça c’est pour les grands. Pas pour les enfants. Tu verras quand tu seras grand ».
Et Firmin venait faire le service, chaque fois que mémé tirait sur le cordon, qui était à son coté. A la fin du repas, le dessert, et en même temps, un vin blanc qui faisait des bulles.

A la fin de cette petite fête, fort sympathique, alors que tout le monde était parti, je restais sur ma chaise, seul dans la salle à manger. C’est alors que me vînt une idée. Je vais goûter ce qui reste dans les verres, et qu’on ne veut jamais me donner, ni ici, ni à la maison. Il y a des verres avec du vin, et d’autres avec du champagne, ce qu’on m’avait montré tout à l’heure. Sans être interrompu par quiconque, j’ai ainsi fait le tour de la table, au nez et à la barbe des grands. Un fond de rouge, un fond de champagne, c’est si bon je continue, un fond de champagne, un fond de rouge, c’est encore plus bon, je recommence, et je continue…etc.
Arrivé à la fin du tour, je me rassois sur ma chaise et j’attend, et je m’endors la tête sur la nappe….. C’est dans cet état qu’on me trouve un peu plus tard. M’man qui me connait bien a tout de suite compris.
Première cuite à 7 ans. La seconde a suivi à 15 ans. Un délai de 8ans entre les deux premières… Puis avec , l’âge le délai s’est raccourci, un mois entre deux grandes occasions, puis une semaine pour le week end et puis encore plus tard tous les deux à trois jours (le temps de récupérer) et enfin tous les jours et ça pendant au moins pendant quarante ans et plus…

A l’age de huit-neuf ans, à la sortie de l’école je marchais avec mes petits copains, qui avec les chaleurs de mai, juin, allaient piquer des fruits aux étalages montés sur le trottoir devant les boutiques. Des cerises, des bigarottes, des belles pêches, des pommes, des poires..etc (air connu).

Je les voyait faire, jour après jour, il piquaient un fruit et détalaient à toute allure avant que le patron ne se pointe, désappointé et réduit à les menacer de loin. J’en parlais à M’man qui m’interdisait, bien sûr, de faire pareil.
Mais, jour après jour l’envie me venait de faire comme mes copains. Et je le leur disais. Ci-bien que le lendemain, ils me proposaient de faire comme eux. Ils seront devant moi, piqueront leur fruit, se mettront à courir et moi, je n’est qu’à faire pareil et courir avec eux. Bien compris, Xavier?
Oui, bien compris, à la sortie tout à l’heure? C’est ça, à toute..
On y est, t’es prêt Xav? Toujours prêt! On y va. Arrivés aux pêches, l’air de rien, ils en piquent chacun une et détalent en bousculant les passants sur le trottoir; et moi, je saisis la mienne je reste immobile, alors ils s’arrêtent et de loin: « Viens vite, grouille toi » appuyé par le geste de la main.
Je ne bouge toujours pas, je regarde autour de moi et je croise le regard de patron qui….. franchit les quelques mètres, me saute dessus et me tire par l’oreille (c’était la manie des grands à l’époque, tirer les petits par l’oreille, entre le pouce et l’index!). Je reste immobile, stupéfait sans rien dire.
Et le patron:  » mais, je te reconnais toi, tous les jours tes copains me volent, et toi tu ne les suits jamais! Sauf maintenant, qu’est ce qui se passe? ».
« Ben M’sieur, je sais pas faire, je peux pas voler, c’est plus fort que moi. J’peux pas. »
Le patron: « ouais, ben t’as bien raison. Ne commence pas à faire comme eux. Tu voulais une pêche? » Il en saisit une belle: « tiens la voilà, et repasse quand tu veux. Mais sans tes copains , hein! ».
« Oui , M’sieur, merci, au revoir M’sieur, bonsoir. »
« Bonsoir mon gars »
Je m’éloigne mais je l’entends parler aux passants, qui n’avaient rien manqué: « ll est bien ce p’tit gars. L’est pas comme les autres. Il ira loin, lui, c’est moi qui vous l’dit ».
(-)).

Puis après quelques années, Papa est parti bosser à Cherbourg, comme menuisier sur le paquebot « les Antilles ».
On allait pas au restaurant, mais le dimanche au petit déjeuner c’était la fête parce que c’était le seul jour de la semaine où l’on mettait sur nos tartines du beurre ET DE LA CONFITURE ! Et puis nous étions tous ensemble devant notre bol de lait chaud. Un bon lait bien crémeux acheté chez l’épicier qui remplissait notre pot à lait à la louche à partir du sien, bien plus grand évidemment.

A vrai dire P’pa invitait M’man une fois par an au restaurant, chez « le Grec » (pas de pizzeria, ni de chinois, à l’époque). Et encore, seulement depuis peu, car auparavant Geneviève et moi étions trop petits pour rester tout seuls à la maison. D’ailleurs la première fois, qu’ils nous laissaient seuls, j’ai eu très peur, et j’ai vu de mes yeux vu une girafe et un hippopotame sortir du mur de ma chambre. Probablement un état de conscience modifié!
Evidement, dès leur retour j’en parlais à M’man, qui me rassurait et me disait de ne plus y penser. Au passage, je dois dire que j’ai connu bien des fois dans ma prime jeunesse d’autres hallucinations, et que maintenant à 75 ans je connais (je pratique?) des états de consciences modifiés. Un sujet sur lequel je reviendrai plus loin.

Le soir, quand on était encore tout petits, M’man nous lavait, debout les pieds dans un grande bassine d’eau chaude, qu’elle nous versait sur la tête à l’aide d’une casserole. En ce qui me concerne, je suivais sur mon dos, le trajet de cette eau, dont une partie me semblait-il descendait le long de ma colonne vertébrale, me passant ensuite entre les jambes pour aboutir à mon petit bout, comme on disait. Si bien que M’man me disait d’arrêter de faire pipi par mon petit bout. Et pour me défendre de cette accusation je le secouais en le prenant entre le pouce et l’index. Bon finalement j’avais tort, j’était vraiment en train de faire pipi. Et puis triomphante, elle me disait  » tu vois, c’est moi qui ait raison ». Et puis elle ajoutait, « arrête de montrer ton petit bout…ça ne se fait pas ». Première suggestion judéo-chrétienne: « On ne montre pas son petit bout ».

Et moi, j’observe finement : « M’man, mais regarde Geneviève, elle n’a pas de petit bout! »….
Donc, à partir de ce jour, ma soeur et moi nous avons pris nos douches quotidiennes, l’un après l’autre chacun de notre coté

Puis c’était le repas du soir, lait chaud bien crémeux, et tartines de pain beurrées. La crème était meilleure un peu sucrée. Alors il fallait, tandis qu’elle flottait, saupoudrer doucement du sucre cristallisé, à sa surface, mais pas trop sinon elle coulait! Pendant ce temps M’man préparait nos affaires pour le lendemain à l’école. Quant à nous il nous restait à nous brosser les dents, à faire notre prière et à nous mettre au lit.

Quand on était encore petits maman nous couchait et restait auprès de nous pour nous raconter des histoires et nous chanter de belles chansons. Elles s’asseyait alors sur le bord de mon lit, ou celui de Geneviève, et nous contait, par exemple le grand méchant loup et des trois petits cochons.

Parfois, Maman qui avait une belle voix de soprano, nous chantais aussi une chanson…

Plus grands, après le repas du soir, nous écoutions sur notre TSF Raymond Souplex et Jane Surza dans leur feuilleton quotidien « Sur le banc »

Tous les dimanches nous allions en métro visiter la famille de maman qui habitait rue du vieux colombier prés de l’église Saint Sulpice. Une grande place devant l’église, remplie de pigeons, qui faisaient partout des trainées blanchâtres, leurs excréments. Non seulement par terre à l’horizontale sur l’espace de la place mais aussi en hauteur à la verticale, sur les murs de l’église, noircis par le temps et spoliés par les fientes.

Dans l’immeuble Haussmanien qu’habitent Mémé, Francine, Brigitte et Paul, on monte à l’étage dans un ascenseur vintage, à grilles coulissantes (attention à ne pas ce coincer les doigts) qui s’élève au sein d’un escalier en spirale, revêtu de moquette cramoisie. On va au troisième, donc on appuie sur le bouton n°2. Logique.Il y a 7 boutons donc il y a 7 étages. Mais « M’man, qu’est qui se passe si on l’ascenseur ne s’arrête pas au 7ème? ».

« Arrête de dire des bêtises. On est arrivés. On descend. »
 » L’ascenseur est immobile, mais nous on descend? » « En tout cas,si on dépasse le toit de l’immeuble? »… »Ca fait peur »!

Nous entrons dans l’appartement, embrassons tout le monde, nous débarrassons de nos vêtements chauds, et comme mes deux tantes sont à peine plus âgées que moi, et qu »elles sont parisiennes, elles cherchent à juste titre à parler avec leur neveeu qu’elles ne connaissent qu’un peu…. »Un peu, mon neveu ». Je suis aussi un peu intimidé.
Mon oncle Paul, s’exerce à jouer de la scie musicale, un instrument étrange dont il arrive à tirer des sons bizarres. Bizarres, bizarres, vous avez dit bizarres.. Comme c’est étrange.

Avec l’arrivée des beaux jours, au printemps, le dimanche, on prenait le train de banlieue pour aller nous baigner dans la Seine du coté de Joinville le pont. Et bien sûr, les gendarmes étaient là pour nous empêcher de nous amuser, et pour empêcher les pécheurs de pécher.

Et bien sûr, les gendarmes étaient là pour nous empêcher de nous amuser, et pour empêcher les baigneurs de se baigner. Ils ont même embarqué mon père en caleçon jusqu’au commissariat.

Maman m’emmenait souvent au Luco, le jardin du Luxembourg pour y voir la parade de la garde républicaine de Paris à cheval dans de beaux uniformes rouges avec leurs casque de métal brillant.

On y allait en métro, on marchait un peu dans les allées jusqu’au grand bassin, où les canards divaguaient au milieu des bateaux à voile, modèles réduits. On s’asseyait sur le rebord du bassin, mais étions immanquablement, vite délogés par la dame des chaises pliantes, qui nous faisait, quand même de temps à autre la grâce de nous asseoir gratuitement.

Et parfois, c’était le spectacle de marionnettes du Luxembourg.

http://marionnettesduluxembourg.fr/acceuil.html

Pour aller au Luco on prenait le métro, mon père avait un vélo pour aller au boulot, mais bientôt on aurait notre petite auto…

En attendant, à l’école ça ne vas pas très fort pour moi. Le Directeur convoque M’man pour lui dire que je trouble la classe, faisant du bruit et ne comprenant pas bien le maître. Comme je suis au fond de la classe, M’man propose qu’on me fasse passer au premier rang.
Et puis lors d’un contrôle médical, à l’école on me trouve une mauvaise vue. Je suis myope. Avec l’ordonnance on se pointe chez l’oculiste qui nous dit de repasser le lendemain pour retirer ma paire de lunettes toute neuve.

Le lendemain, sortant de l’école, vint se garer à coté de moi, une deux chevaux Citroen (la 2 CV est un nouveau modèle, sorti récemment des ateliers Citroen). Perdu dans mes pensées, je passe à coté, je marche à pied, mais voilà qu’on me klaxonne! Je me retourne et reconnaît papa et maman, qui me font des grands signes avec des grands sourires. C’est mon père qui conduit, et M’man se met derrière pour me laisser la vue. Nous sommes tous vraiment contents et fiers de nous balader en 2 CV.

Et cerise sur le gâteau, maman me tend ma paire de lunettes toute neuve. Je les chausse sur mon nez, et levant les yeux vers les feuillages des platanes, plantés le long de l’avenue Mozart, je m’exclame: mais! qu’est-ce que c’est qui bouge tant dans les feuilles? « Xavier, enfin, ce sont les oiseaux! » On comprend, tous les trois, papa, maman et moi que j’avais eu vraiment une mauvaise vue, pour ne jamais avoir vu ces oiseaux dans les arbres..

Et depuis ce jour, j’ai porté des lunettes durant toute ma vie, jusqu’à ma retraite. Cela m’a aidé à mieux comprendre mes maîtres, mes instituteurs, mes professeurs et le monde entier!

En été nous partons en vacances en Bretagne à Lampaul Plouarzel dans le Finistère. Dans une usine désaffectée qui produisait auparavant de l’iode à partir du petit goemon. Le père de M’man en était dans le temps le Directeur Général, et à ce titre jouissait du privilège de pouvoir y passer des vacances dans la maison de fonction, délaissée mais entretenue, et très bien située aux abords de la plage.

Le procédé d’extraction de l’iode à partir du gouemon était tombé en désuétude, avec le développement de la chimie qui en permettait maintenant la synthèse.

Des infos sur le procédé d’extraction de l’iode à partir du gouemon, activité qui a fait vivre de nombreux agriculteurs dans la région. Ca commence en 1895 par la construction de l’usine.

http://lambaol.chez-alice.fr/usine/usine.htm

J’ai tout lu. Interessant mais le traitement du gouemon pour arriver à l’iode est vraiment compliqué. Par contre la vie des goémomiers nous renseigne bien sur les rudes conditions de travail des marins.Tout change finalement en une ou deux générations. Et la transition n’est pas toujours facile pour les employés, les habitants de la région.

Enfin à Lampaul, cela ne s’est pas trop mal passé, avec l’avènement du tourisme.

Pendant les grandes vacances, donc, ma grand mère habite à l’usine au bord de la mer avec ses enfants. Tandis que M’man et moi nous habitions un peu en retrait de l’autre coté du petit cimetière de Lampaul, situé juste derrière l’usine. Tous les matins après le p’tit déjeuner avec maman, je traversais ainsi le cimetière, dont les tombes étaient bien fleuries et je croyais bien faire en y prélevant chaque jour un bouquet pour l’offrir à mémé.
Evidement elle était ravie de ce geste, elle acceptait volontiers les bouquets, car je lui disais avoir coupé moi même ces jolies fleurs.

Jusqu’au jour où ayant piqué tous les bouquets sur toutes les tombes, j’arrive un beau matin, les mains vides. Et j’explique à mémé,qu’il n’y aura plus de bouquet à partir d’aujourd’hui. Elle sent bien qu’il y a anguille sous roche et finit par me faire avouer mes larcins quotidiens…qu’elle révèle à ma chère maman.
Je fus donc d’abord grondé, mais protestant de ma gentillesse envers ma grand mère, et commençant même à écraser une larme, je fus facilement pardonné par maman et félicité par mémé, qui avouait-elle n’avait jamais été ainsi gratifiée. Toutes les deux commençaient peut être à saisir que quand une opportunité se présente, mon truc c’est de sauter dessus, et de la réaliser le plus vite possible.

Pendant les journées nous avions la mer comme champ d’activités mais aussi l’usine désaffectée, certes, mais curieusement reconvertie comme aire de stockage pour des cuvettes de cabinet signées Jacob Delafond. Il y en avait des centaines. Sans doute des saisies réalisées par les douaniers dont les bureaux étaient à coté.
Nous nous amusions avec mes copains, fils du maire de Lampaul, à escalader des monceaux de WC, une distraction qui n’est pas à la portée de tous les garnements. Emportés par notre élan, nous décidâmes d’escalader par l’intérieur la grande cheminée de l’usine.
Une tâche bien trop difficile, le dos calé d’un coté, les pieds de l’autre il était possible de progresser en montant très lentement, mais c’était épuisant et, on s’en est rendu compte un peu dangereux. Ça on l’a pas dit aux parents. Sinon pour nous distraire et quand nous avions faim, on allait piquer des artichauts dans un champ voisin. Ou bien ramasser des palourdes à marée basse. Ou encore décoller, désincruster des « chapeaux chinois » des rochers.
A la demande nous allions chercher du petit goémon pour le ramener à M’an qui préparait avec une excellente crème. Voilà…, et puis l’été passait comme ça, insouciant, toujours à l’affût d’une bonne idée, d’une nouveauté pour s’amuser, pour rigoler, pour nous marrer. J’avais 7 ans, imaginatif, créatif, intéressé par tout, pour tout essayer ,et tout tenter. C’était l’époque bienheureuse de la « guerre » des boutons. A la fin des vacances, on repartait comme on était venu, par le train des congés payés.

Mais les vacances suivantes, avec notre 2 CV citroen toute neuve , nous partons sur la cote d’azur à la recherche du soleil, et de la mer méditerranée.

Un grand moment du voyage, c’est quand après deux jours de voyage, et 160 villages traversés sur la RN 7 , au détour d’un virage à l’approche de La Ciotat, nous découvrons la mer méditerranée, la grande bleue. Nous nous garons et restons sur le bord de la route , un bon moment sans rien dire, à contempler le soleil couchant. Puis nous continuons, le coeur léger, jusqu’à Hyères en longeant la cote et enfin nous recherchons le lieux dit l’Almanach, où nous sommes convenus de planter notre tentes chez des amis de famille.

https://images.app.goo.gl/VFJPBU2Mq78aEiEZ6

Pas de problème pour dormir, la nuit est calme car nous sommes dans une pinède, à la campagne, pas trop loin de la plage.

Le lendemain matin nous avons hâte d’aller nous baigner à la plage et de nager dans l’eau chaude. Il nous faut parcourir environ 5 kilomètres. Nous ne sommes pas déçus, au contraire, mais pour mieux profiter de la mer, nous devrions partir à la recherche d’une plage sur laquelle nous installerons notre tente, avec à coté notre voiture. Nous faisons quelques kilomètres en longeant la cote, et arrivé au petit village de l’aiguade, un terrain de camping nous convient tout à fait. On loue un petit box, avec l’eau courante, pour la cuisine et les toilettes. Le montage de la tente canadienne, notre chambre à coucher, s’effectue rapidement, le tapis de sol avec les petits piquets, le déploiement de la tente à l’aide des grands piquets, soigneusement arrimés par des cordes à tendeurs. Le double toit et pour finir, l’auvent sous lequel on installe la table et les chaises pliantes. On a oublié les petits fossés pour draîner l’eau de pluie; Voilà c’est fait.
On va faire des courses au village, et il ne reste plus qu’à faire la cuisine. Ca y est on a trouvé notre place pour le mois de vacances. Evidement on est au milieu du camp, donc des tentes, un peu les uns sur les autres. Mais c’est pas grave, au contraire on sympathise avec les voisins et on se fait rapidement des amis, on s’invite à boire un coup et on joue aux boules.

Le soir il y a des réjouissances: musique et danse. C’est la première fois que je vois P’pa et M’man en train de danser ensemble.













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