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Tahiti

Forages Tahitiens

Je me souviens des forages pour l’eau potable que nous avions fait ensemble, Bernard, Gabriel et moi même, à Tahiti, Tetiaroa, Moorea, Huahine, Bora-Bora, Maupiti, Ranguiroa.

Mais je vous propose d’abord un peu de géologie, avec l’Office de la recherche scientifique et technique outre-mer:

Tuamotus: la lentille d’eau douce.
INTRODUCTION
Cahier de l’ ORSTOM, office de la recherche scientifique et technique outre mer. Pedol., vol. XXIII, no 4, 1987 : 275-293

La Polynésie française s’étend sur un domaine maritime aussi vaste que l’Europe entière, mais la superficie de ses 118 îles n’atteint pas 4 000 km2. Dans cet ensemble, on ne dénombre pas moins de 84 îles basses ou atolls ; leur partie émergée, à laquelle on peut ajouter les îlots coralliens du complexe récifal des îles hautes, dépasse à peine 1 000 km2.

L’archipel des Tuamotu.
De nombreuses expéditions scientifiques se sont succédées sur ces atolls depuis le début du siècle dernier, avec pour objectif essentiel l’étude des formations récifales immergées. Quant aux parties émergées, les recherches les concernant n’ont été entreprises que tout récemment. Les premiers travaux de TERCINIER sur l’atoll de Rangiroa datent du début des années 50, ceux relatifs à la nappe d’eau douce (X. MEYER), de la fin des années 80.

https://www.tahiti-infos.com/Kauehi-la-sauvageonne-deuxieme-partie_a193849.html

Nos forages aux Tuamotu:

Nous implantions nos forages dans les atolls avec la méthode des sondages électriques, inventée par l’ingénieur Schlumberger, pour les forages pétroliers.Testée d’abord en Arabie Séoudite, elle est depuis utilisée universellement dans la recherche pétrolière. Et dans la reconnaissance des nappes phréatiques dans les atolls.

Nous avons déjà décrit par le détail la méthode de Sclumberger. Se reporter plus haut, si nécessaire à l’article « Labotech ».

Pompage dans la lentille d’eau douce:

L’eau douce, utilisée pour les besoins familiaux sur les atolls, est en général de l’eau de pluie recueillie sur les toits des habitations et stockée en citernes métalliques ou en béton. Pour les débits plus importants (hôtels, irrigation) cette récolte n’est plus suffisante, l’eau est alors obtenue par des puits.
Dans chacun des îlots coralliens (« les motus », qui constituent la ceinture des îles hautes), de même que dans les atolls, il existe en effet une nappe phréatique connue sous le nom de lentille d’eau douce ; son importance est fonction de la dimension et de la forme de l’îlot, des précipitations lors de la saison des pluies, et de la perméabilité du matériau.
Cette lentille se constitue sur l’eau salée sous-jacente, dans le matériau corallien. Plus légère, l’eau douce ne s’y mélange pas, elle flotte sur l’eau salée à la manière d’un iceberg sur l’océan salé. Une petite partie, dite charge nette d’eau douce, de hauteur h, demeure au-dessus du niveau moyen de l’eau du lagon ou de l’océan, tandis qu’un volume beaucoup plus important, repoussant l’eau salée, pénètre au-dessous de ce même niveau. Sa profondeur H est fonction de la salinité de l’eau de mer. Pour l’Océan Pacifique (24 g/l de sel) H = 27 h (loi de Ghyben-Herzberg) ; h et H sont maximums au centre de I’îlôt et ils croissent avec le diamètre de celui-ci.

La méthode de Schlumberger s’applique bien pour la détection de l’épaisseur de la lentille d’eau douce sur les atolls, qui au sein de la masse insulaire flotte donc au dessus de l’eau salée.

A Rangiroa, Manihi, et Tetiaora

Nous avons mesuré, que la nappe d’eau douce s’enfonce jusqu’à 12 m. Ainsi dans la plupart des atolls dont la largeur moyenne avoisine les 200 mètres, il est possible d’obtenir l’eau douce nécessaire aux besoins familiaux et à l’irrigation.
Sur des parties emmergées plus larges, comme le motu Tevaïroa, à Bora Bora, nous avons obtenu comme mesure de l’épaisseur de la lentille d’eau douce 25 mètres en saison sèche et 30 mètres lors de la saison des pluies. Le volume d’eau douce stocké dans la nappe atteint 3 à 6 millions de m3. Il en est approximativement de même à Maupiti.
Cependant ces eaux sont chargées en calcaire, provenant du corail. Pour l’éliminer, un traitement, actuellement à l’étude serait nécessaire. Sous cette réserve, il serait alors possible de pomper sur le motu, 500 m3/jour pour alimenter l’île haute. Toutefois la pose d’une conduite sous-marine est une autre difficulté. Si on y ajoute les problèmes fonciers et la nécessité d’interdire les cultures sur la zone de pompage, on peut penser que le dessalement de l’eau de mer par osmose inverse, pratiqué depuis des années, reste dans les atolls de Polynésie…et du reste du monde, la meilleure solution pour alimenter en eau potable les hôtels touristiques. Etant entendu que seuls les revenus du tourisme paraissent être suffisamment élevés pour couvrir les charges du dessalement. Cette constatation est une des raisons du développement actuel de nombreuses pensions de familles pour l’acceuil des touristes. Il faut mieux pomper des petits volumes d’eau douce en de nombreux puits dispersés, (cas des pensions de famille) plutôt qu’un gros débit dans un seul grand puits (cas d’un grand hôtel).
On évite ainsi la pollution de la lentille d’eau douce par des remontées d’eau de mer à partir du fond.
Un autre avantage des pensions, est bien sûr, pour les touristes, une plus grande proximité, donc une meilleure communication avec les populations insulaires.

A Bora-Bora, sur le grand motu Tevaïroa

Pour ma petite entreprise de forage, (Bernard, Gabriel, et moi même) je n’ai pas eu trop de mal à trouver des clients.. Par exemple nous avons installé un système de pompage original sur le motu Tevairoa à Bora Bora, original parce que, nous l’avons vu plus haut, pour éviter la pollution de l’eau de la lentille d’eau douce par des remontées d’eau salée, il ne fallait pas pomper dans un seul forage.
Nous avons donc effectué une vingtaine de forages verticaux courts (4 mètres) pour pomper 500 m3/jour et les transférer par une conduite sous marine, du motu vers l’île haute. Cette eau n’était pas salée, mais la population n’a pas voulu en boire, car elle avait un goût désagréable. Les analyses avaient pourtant montrées que les critères de potabilité étaient respectés.

A Maupiti, sur le motu des pastèques

A Bora-Bora, sur le petit motu Tapu.

De l’eau douce sur le motu Tapu.
A Bora Bora , nous avons fait une reconnaissance de la lentille d’eau douce, sur un tout petit motu: le célèbre motu Tapu, pour le compte du Club Médittéranée.
Sa taille ne dépasse pas celle d’un terrain de football. L’ambition du Club était d’établir une douche d’eau douce sur le motu, à l’usage des touristes sortant de leur bain de mer. Pour se rincer et se déssaler.
Eh bien, nous avons fait nos sondages électriques par la méthode de Schlumberger décrite plus haut et employée en Arabe Saoudite pour la recherche de pétrole.
Grâce aux interprétations de nos mesures effectuées en France métropolitaine, au Centre de Géophysique de Garchy, par des étudiants africains en formation, souvent fils de ministre, et à la simulation numérique par ordinateur, nous pouvions affirmer dans notre rapport final, qu’il existait bien une lentille d’eau douce sur le motu Tapu et que sa profondeur maximale était de 60 centimètres, en son centre.
Ça ne permettrait pas de résoudre le probléme de l’eau potable sur la planète, mais ça permettait d’installer une douche d’eau douce sur le motu.
Et nous avons été payés pour ça, logés, nourris, blanchis comme des gentils membres. Evidemment nous avons dû nous plier aux horaires des pirogues qui transportaient les touristes depuis le village de Vaïtape, jusqu’au le motu. A l’aller comme au retour. A la demande puisque nous n’étions pas débordés nous expliquions aux touristes la théorie de la lentille d’eau douce de Ghyben Herzberg, et
allions même jusqu’à les faire participer aux mesures (planter des piquets dans le sable), comme je l’avais fait faire, entre d’autres temps à Marlon Brando, sur son atoll de Tetiaroa.

Jonhy et Natalie sur le motu Tapu.

A Bora Bora, sur le motu Tapu après un apéritif qui nous avait bien mis en forme: toutes les minutes il fallait boire, en plein soleil un verre de punch, et tourner trois fois le front appuyé sur un baton planté dans le sable. Un jeux du Club Med, proposé aux touristes par un gentil organisateur!

…A l’heure du déjeuner, parmi les paillottes où étaient servis les repas, il ne restait de la place que sous une seule, située de l’autre bout de l’espace de restauration.

Six places, trois occupants, trois places de libres, on y va!

Bernard, Gabriel et moi même, nous dirigeons vers ce petit fare, la tête un peu embrouillée par la chaleur et le punch, et nous enjambons les bancs, en échangeant les traditionnels saluts: « Yaorana »..,.. »Yaorana ».
Je lève la tête, et incroyable mais vrai, en face de moi, je reconnais incrédule, Johny Halliday et Natalie Baye! le couple culte des années 80! avec à leur coté l’ami Lou, dessinateur humoristique.
On peut dire que Bernard, Gabriel et moi, on ne s’y attendait pas vraiment..
Loin d’être initimidé, Bernard entame la conversation:
– Alors, M’sieux-dame, ça vous plaît Bora?
Et puis on discute tous ensemble, je parle de moi, et de notre job sur le motu:
– De l’eau douce sur ce motu, ce si petit ilôt?
– Eh oui Johny, là sous nos pieds, environ 150.000 litres d’eau douce.
Alors comme c’est un sujet qui intéresse l’Humanité, je leur explique rapidement le début de mon rapport.
« A Bora Bora , nous avons réalisé, Bernard, Gabriel, et moi même, une reconnaissance de la lentille d’eau douce, sur le motu Tapu, dont la taille ne dépasse pas celle d’un terrain de football. Ceci pour le compte du Cub Médittéranée.
L’ambition du Club était d’établir une douche d’eau douce sur le motu, à l’usage des touristes sortant du bain dans le lagon. Pour se rincer et se dessaler…..

Pour la suite, merci de vous reporter aux § ci-dessus.

Après mon exposé, jugé unanimement très intéressant, Gabriel questionne Johny et Nathalie, à propos des paparazzi à Tahiti et dans les îles.
Ils ne se plaignent pas des tahitiens, qui les laissent tranquilles, quant aux autres, ceux qui travaillent pour les grands magazines, ce sont finalement des compagnons de voyages tolérables. Johny:
– « Rien à voir avec les déboires des rollings stones que Mick Jagger, m’a racontés »:
Demandant à un paparazi de s’éloigner, il se prend un direct dans le pif, et allongé par terre, bien sonné, en est réduit à regarder son agresseur qui le mittraille de plus belle avec son appareil photo!
« Un vrai, scoop, c’est sûr! »
Peu après, Johny et Natalie, vont faire la sieste sous un cocotier, et je reste avec Lou, dont je garde le souvenir d’un gars aimable, chaleureux et très marrant.
Et nous reprennons tous la pirogue à 16 h.
Finalement une journée de travail bien remplie, qui sera facturée au Club Med au tarif syndiqué: un ingénieur hydraulicien et deux techniciens, plus la location du matériel de mesures.
Evidemment je fredonne tout en écrivant ces lignes: « Quoi, ma geule, qu’est ce qu’elle a ma gueule! » et surtout « Lara » qui apparaîtra bientôt!

Ci-dessous, à propos de la dernière tournée de Johny.

Marlon Brando et son atoll de Tetiaroa

https://www.youtube.com/watch?v=ptQcC8roHsQ

Patrick Jourde, un ami travaillant au Centre d’expérimentation du Pacifique (la bombe atomique) m’appelle pour me demander de venir avec lui à Tetiaroa, où il a un rendez vous avec Marlon Brando qui s’intéresse à l’énergie solaire, d’une manière générale, et en particulier pour l’équipement nécessaire au bon fonctionnement de son hôtel, créé il y a plusieurs années déjà, et qu’il est en train de rénover. Après 10 minutes de vol entre Papeete et Tetiaroa, nous sommes introduits dans le fare de Marlon Brando. La porte est constitué de coquillage « 5 doigts » suspendu sur des cordons contigües. Il faut bien les écarter avec de rentrer sinon on se les prend en plein dans le visage et c’est pas vraiment bons pour les yeux. Marion se lève et nous accueille tout à fait aimablement. Pour répondre à la demande de Marlon, Patrick travaille un moment avec Marlon pour estimer grosso modo, les installations solaires nécessaires à l’hôtel pour l’éclairage, les frigos, et les équipements ménagers…etc. Après cette évaluation établie en terme de puissance solaire électrique nécessaire, on en vient au coût global: panneaux solaires, batteries, et alternateurs.
Le montant, forcément élevé, ne choque pas Marlon (on peut s’en douter) mais il va proposer quelque chose à Patrick, qui va nous laisser pantois ou du moins pensifs.

D’abord il questionne Patrick: vous travaillez au Centre d’expérimentation du Pacifique, mais pourquoi vous êtes vous branchés sur le solaire. Quel rapport entre la bombe et le solaire?
Patrick indique alors que le CEP souhaite changer son image, un peu dégradée par les indépendantistes d’Oscar Temaru.
Ainsi lui, Patrick, a été chargé de faire rapidement un rapport proposant des actions concrètes à entreprendre pour améliorer le quotidien des tahitiens, et en premier lieu des Paumotus, les habitants des Tuamotus, puisque les tirs nucléaires mobilisent les atolls de Fangataufa, Hao, et Mururoa.

Marlon: « Pour contribuer à changer votre image de marque, non seulement à Tahiti, mais aussi dans toute la Polynésie, Nouméa, les Cook, les Kiribati, Les Samoa, les îles Sandwich (Hawai) je mets à votre disposition mon image de marque. Vous connaissez ma stature mondiale, et bien voici ce que je peux vous proposer. Vous pourriez travailler un message allant dans le sens que vous souhaitez, et je me fais fort de le diffuser dans toute la Polynésie et même jusqu’au continent australien… J’ y mettrais toute ma sincérité pour provoquer l’adhésion à votre programme, et sa diffusion aux populations. Vous toucherez ainsi non seulement les bénéficiaires d votre programme, mais largement au delà, les opinions publiques des pays du Pacifique. Avec ds retentissement probables en Amérique et en Europe. Et pourquoi pas en Chine?
Patrick: « Ah, mais c’est une excellente idée. Et peut-on avoir une idée de la durée et du coût de votre pretation, Mr Marlon? »
« Eh bien c’est très simple, je diffuserai à l’échelle régionale votre message, disons de trois minutes. Soyez sûr qu’il sera reproduit à travers le monde ».
« Et vous me mettez en place, gratuitement (free of charge) les installations solaires pour mon hôtel. »
« Are you Okay? ».

Patrick, assure qu’il transmettre cette proposition au COMSUP, le général en chef du CEP…
Puis après l’électricité, Marlon met sur le tapis l’alimentation en eau potable de Tetiaroa. C’est pour ça que Patrick m’a demandé de l’accompagner. Il me présente maintenant plus en détail à Marlon, et je prend la parole.
J’explique ma petite histoire, bien huilée de l’eau douce sur les atolls (telles que figurant plus haut), parle de mes travaux de reconnaissance de la nappe phréatique, appelée ici « la lentille d’eau douce », et termine en beauté sur l’application de la recherche géophysique, qui fournira en chaque point d’investigation, la profondeur de la lentille d’eau douce, au dessus de l’eau salée, et permettra ainsi avec par exemple une cinquantaine de points d’investigation, de tracer la carte souterraine du volume d’eau douce flottant au dessus de l’eau salée, continuité sous le sol de Tetiaroa de l’océan pacifique.

Je développe, j’ai tout le matériel nécessaire et j’ai déjà fait ce job à Bora Bora, sur un motu de la ceinture récifale, à Maupiti également, pour des épaisseurs d’eau douce jusqu’à 50 mètres de profondeur. Et aussi à Ranguiroa, Mangareva, Tupaï, Manihi…etc.

Marlon est emballé, non seulement parce que potentiellement il aura son eau douce, mais surtout la carte de la réserve d’eau souterraine qui l’emballe, car Marlon avait pour son motu (son atoll) une curiosité scientifique sans limite. Pour preuve il avait en construction ce qu’il appelait son Université de la Mer, des bâtiments laboratoires avec des paillasses, et un système de télécommunication par satellite innovant pour l’époque.

Il me demande de produire un devis pour une reconnaissance géophysique sur le motu de l’hôtel (là ou est située la piste d’atterrissage). Ce qui fût rapidement fait, et accepté sans discussion par Marlon. Dans ce devis, j’avais prévu 15 jours de travail sur le motu, et une semaine pour les calculs de la profondeur d’eau douce en 50 points puis l’élaboration de la carte de la lentille et le l’élaboration du final. Le personnel c’était moi, et mes deux mangaréviens: Bernard et Gabriel. J’avais prévu en plus Maeva, ma poule de l’époque, que j’aimais beaucoup, pour à la fin de la journée de travail, assurer le repos du guerrier!
Nous avons bien travaillé sur ce motu, et un beau matin Marlon est même venu voir en quoi consistait notre matériel et le boulot. J’ai raconté plus haut, avant le § « Johny sur le motu tapu », le principe de nos mesures. On injecte un courant faible en connectant notre boitier (incluant une petite batterie, un voltmètre et un ampèremètre) avec un piquet planté dans le sol à 60 mètres de distance à droite, et un deuxième piquet, planté dans le sol à 60 mètres à gauche, le tout aligné en une seule ligne droite. Bien sûr le courant provenant de la batterie parvient aux électrodes (les piquets) éloignées par les fils électriques que nous avons déroulés, qui les connectent à la batterie.
Le voltmètre est dans le boitier au centre du dispositif, avec tout près à gauche une électrode à 2 m, et à droite une électrode à 2m qui lui sont reliées. Le voltage relevé dans le voltmètre au centre lorsqu’on injecte le courant dans les deux électrodes distantes, renseigne, grâce au logiciel développé par Benderitter et son équipe, du Centre de Géophysique de Garchy (CGG) sur la profondeur de l’interface entre ds horizons de même résistivité. Dit plus simplement nous avions ainsi :
L’épaisseur de sol sec et sa résistivité.
L’épaisseur d’eau douce et sa résistivité;
L’infini profondeur de l’eau salée et sa résistivité.
Pas facile d’expliquer tout ça à Marlon qui n’y comprenait rien. Par contre, pour lui donner le sentiment qu’il participait aux mesures (sentiment qui est de sa part une forme d’agrément de notre méthode) je lui tendais la massette et lui demandait de me placer les deux électrodes au centre du dispositif. Et il les a plantées ! Yes! He did it!
Et j’étais très fier de lui remettre trois semaines après une carte cohérente du volume d’eau douce sur ce motu de son atoll: en 50 points à quelle profondeur un puits rencontrerait l’eau, et quelle était au droit de ce puits la profondeur de l’interface d’eau douce.
Les lignes de niveaux tracées entre tous ces points donnaient par un calcul global et final le volume de la réserve d’eau douce souterraine dans cet atoll.
Tout ceci permettait de creuser des puits à des endroits convenables, jusqu’à une certaine profondeur et de déterminer leur débit de pompage, modéré afin de ne pas risquer de briser le fragile équilibre souterrain de la lentille d’eau douce flottant au dessus de l’eau salée, au sein de la masse insulaire.
Mais ce qui satisfaisait Marlon dans une premier temps, on le voyait bien, c’était de dérouler la carte avec les lignes de niveau (appelées « hydroisohypses »), oups !, dans le beau jargon du métier d’hydrologue).
Un beau métier , vraiment!
J’envoyais mes feuilles de mesures au CGG. Et c’était les thésards de Benderitter qui faisaient les calculs à l’ordinateur, avec traçage automatique de la carte.

Emballé à la remise de cette première carte, celle du motu de l’hôtel, Marlon me demande combien ça coûterait de faire le total des 7 motus restants. J’ai une sorte de recul, et commence à souligner les difficultés: nous venons de travailler sur un motu propre, c.a.d. débroussé. Je crains que les 7 autres motu ne soit à l’état sauvage, et il nous faudrait alors ouvrir dans la végétation de multiples layons, ça prend du temps, il faut du personnel, des bateaux..etc.
Ca va coûter cher.
Un réflexe nul de ma part et fort préjudiciable, car Marlon me répond: « Alors, ci ça va coûter cher, on ne le fait pas ».
Je viens de louper, par inexpérience des affaires, un nouveau job de 6 mois avec Marlon Brando ! Nul de chez nul!

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tetiaroa#/media/Fichier:Tetiaroa.JPG


Mais j’encaisse quand même un chèque d’un montant honorable, avec la signature de Marlon Brando. Je l’ai gardé affiché derrière mon bureau, en ville, pendant un moment avant de l’utiliser, la mort dans l’âme, pour acheter un marteau fond de trou. Qui me servira bien, voir ci-après.

L’ancien hôtel de Tetiaroa:

Un petit hôtel rudimentaire qui est aujourd’hui fermé.

En 2002, soit deux ans avant sa mort, Brando signe un accord pour construire un complexe hôtelier de luxe.

https://www.translatetheweb.com/?from=en&to=fr&ref=SERP&dl=fr&rr=UC&a=https%3a%2f%2fwww.islandconservation.org%2f

https://thebrando.com/?lang=fr#

https://www.translatetheweb.com/?from=en&to=fr&ref=SERP&dl=fr&rr=UC&a=https%3a%2f%2fwww.islandconservation.org%2f

Les forages horizontaux sur les îles hautes:

Les forages horizontaux sur les îles hautes:
Les forages horizontaux, pratiqués au pied de cascades, en fond de vallée, sont une alternative plus économique, car l’eau s’en écoule toute seule, sous pression. Et elle n’est pas menacée par la pollution saline.
En effet, lors des éruptions une partie de la lave s’insère dans les fissures en général verticales et rectilignes, longues et profondes qui affectent le soubassement basaltique. De véritables barrages naturels souterrains (des dykes), constitués de lave saine et compacte sont ainsi formés, derrière lesquels les eaux de pluies infiltrées viennent se stocker sur de fortes hauteurs, dépassant parfois les 200 mètres.
Maintenant, on fait un forage horizontal, (pour percer ce barrage souterrain), qui devient un exutoire sous pression de toute l’eau stockée derrière le dyke.
Ainsi dans une grande vallée (la Fautaua) qui domine Papeete, une batterie de forages horizontaux a été réalisée, par l’entreprise internationale de forages SIF Bachy, avec succès, fournissant pendant les premiers mois un débit total de 250 litres /seconde, soit 3 fois le débit necessaire pour alimenter la capitale, à l’époque. A moindre coût car sans frais de pompage, ni de traitement (c’est une eau de source) et avec peu de tuyaux. Le problème c’est que pendant un an on n’a pas fermé les vannes. Peu à peu les forages ont fourni de moins en moins d’eau. C’est ainsi que les débits sortants sont tombés en une année des 250 l/s initiaux à moins de 50 l/s. On a alors fermé les vannes pour observer la recharge pendant la saison des pluies, des nappes suspendues, mais malheureusement celle-ci s’est révélée très faible, quasi inexistante. On avait donc gaspillé pendant une année environ 200 litres par seconde, soit 7 884 000 m3. Cette quantité représente 10 années de consommation de la ville de Papeete!
Un sérieux coup d’épée dans l’eau de ce programme de forages qui a couté cher à la mairie et n’a pas rapporté gros.



Nukutepipi private island

http://www.bing.com/videos/search?q=nukutepipi+french+polynesia&qs=AS&pq=nukutepipi&sk=HS1&sc=4-10&cvid=01821D19C6C04E30B5DC8B5BED6DD3A9&sp=2&ru=%2fsearch%3fq%3dnukutepipi%2bfrench%2bpolynesia%26qs%3dAS%26pq%3dnukutepipi%26sk%3dHS1%26sc%3d4-10%26cvid%3d01821D19C6C04E30B5DC8B5BED6DD3A9%26FORM%3dQBLH%26sp%3d2&view=detail&mmscn=vwrc&mid=0408942BA5A93A71374D0408942BA5A93A71374D&FORM=WRVORC

Nos forages verticaux sur les îles hautes:

Les forages verticaux permettent d’atteindre la nappe de base à l’approche du niveau de l’océan. En fait il s’agit d’une lentille d’une lentille d’eau douce centrée sous toute la superficie de l’île haute. Cette lentille est donc sujette à pollution de son eau douce par l’eau salée remontant du fond en cas de pompage excessifs dans les forages. Toutefois vue la taille géante de l’île haute, et la puissance de la recharge des nappes encore accentuée par une forte pluviométrie, de nombreux forages verticaux fournissent des débits importants à Tahiti, sans risques de pollution. Par contre des sommes considérables sont dépensées par les communes en paiement de l’énergie électrique consommée par le pompage d’extraction de l’eau hors des forages profonds.


Des forages verticaux, nous en avons réalisés Bernard, Gabriel et moi, dans les îles cités plus haut. Des forages courts dans les atolls et les motus, mais aussi des forages profonds jusqu’à 80 m, et même quelques forages horizontaux.
Pour les forages verticaux, nous avons employé une technique nouvelle en Polynésie: le forage à l’air comprimé, au marteau fond de trou. Il faut d’abord comprendre que les îles hautes volcaniques sont composées de laves refroidies et solidifiées rapidement, puis soumises aux transformations chimiques et à l’érosion au cours des temps géologiques. Le sous sol est donc surtout composé de rochers en masse, mais aussi de graviers et de sable noir en couches d’épaisseur variables.C’est d’ailleurs dans ces couches que l’on trouve de l’eau potable.
L’avantage principal du forage à l’air comprimé au marteau fond de trou était que le marteau actionné par l’air comprimé permettait de forer rapidement par percussion dans les roches dures (surtout du basalte) et de remonter les résidus (les cuttings) par la force de l’air comprimé qui les expulsait du trou. Une fois arrivé dans la nappe d’eau souterraine, l’eau également entraînée par l’air était expulsée en continu du forage sous forme d’une grande gerbe d’eau douce. C’est très spectaculaire et réjouissant, et Bernard, Gabriel et moi nous avons vu par exemple la population (une partie…) de Huahine danser autour du forage au son du Toere …avec en bruit de fond les moteurs de la foreuse et du compresseur.

J’ai vécu quelques années après bien des scènes semblable en Afrique. Nous sommes tous frères, nous avons tous besoin d’eau et nous nous réjouissons tous de la voir jaillir du sol!. Cependant, ça ne se fait pas comme ça. Il faut du matériel lourd, essentiellement une foreuse. Pour les initiés, je n’avais qu’une Craelius XCH 50, achetée d’occasion sur place, et un gros compresseur Ingersol Rand, CFM 750, loué cher à un entrepreneur, puis ensuite au CEP, (le centre d’expérimentation du pacifique, qui réalisait les expériences nucléaire). De plus le métier de foreur est difficile et dangereux, comme c’est le cas de tous les métiers employant du gros matériel de travaux publics.
Bernard, Gabriel et moi nous étions lancés dans cette aventure sans aucune expérience et sans beaucoup d’argent, de liquide.

A coeur vaillant, rien d’impossible!

Les lava tubes

Un tunnel de lave est formé par une coulée volcanique qui s’est refroidie en surface en formant une croûte solide mais dont le cœur est resté fluide, permettant à la lave de continuer à s’écouler. Lorsque la coulée cesse d’être alimentée par l’éruption, elle se vide et laisse une cavité en forme de galerie. Les tunnels de lave sont associés à un volcanisme effusif (« volcans rouges »), généralement de type basaltique.

Les dimensions des tunnels de lave sont très variables. Sur Terre les plus longs tunnels peuvent atteindre plusieurs kilomètres de développement, avec une largeur et une hauteur de l’ordre de quelques mètres. Des tunnels bien plus grands encore ont été identifiés sur Mars1 et surtout sur la Lune2 et sur Vénus3 : des dizaines de kilomètres de long, des centaines de mètres de large et plus de 100 m de haut.

Les plafonds des tunnels de lave sont souvent ornés de stalactites de basalte figées, qui se sont formées lorsqu’une lave encore pâteuse, ou une roche qui a été ramollie par de nouvelles montées en température, s’est égouttée4, phénomène amplifié par l’effet Venturi d’aspiration qui se produit au moment où le tunnel se vide.

On observe le long des tunnels de lave des banquettes, parfois des planchers suspendus, qui correspondent aux traces des variations de niveau de l’écoulement5.

Le mana du sourcier

Mais j’ai obtenu des contrats, du privé et des communes pour chercher de l’eau, et nous en avons trouvé à chaque fois. Il faut dire, qu’étant ingénieur hydraulicien, puis après dix ans de travail à Tahiti et dans les îles, j’avais acquis un bon niveau en géologie volcanique. De plus, je me suis découvert des dons de sourcier, ainsi dans les îles hautes j’implantais nos forages à la baguette, bien serrée entre mes deux mains. La meilleure baguette de sourcier est une fourche taillée dans un goyavier, mais on peut utiliser aussi deux baguettes de soudure coudées.
Coude serré au corps, je marche en avant en serrant les deux branches de la fourche de goyavier dans mes deux mains. Attention il faut un peu d’expérience sinon on prend la queue de la fourche dans le nez, et ça peut faire mal.
Quand j’arrive au droit de l’eau souterraine, la baguette s’incline et tire vers le bas.
Je suis obligé pour la tenir de la serrer dans mes mains de plus en plus fort.
Encore plus fort: je peux donner la profondeur de la nappe! Comment?
Voilà, je me tiens bien droit à l’emplacement indiqué par ma baguette, remise en position de départ, je me concentre et puis j’égrenne lentement à voix haute, les profondeurs croissantes que j’exprime en mètres tout en regardant bien ma baguette.
1…2…3…4… 5…6…7…8…9…10…11..
12…13…14…15…16…la baguette commence à s’incliner, j’approche de la nappe phréatique…17 l’inclinaison augmente, …18 ça tire dur, je suis dans l’eau, je peux annoncer que mon forage trouvera l’eau à 18 m (sol humide 16 m, un peu d’eau à 17 m, beaucoup plus à18 m).
J’en aurrais confirmation lors de la progression du forage, en sentant l’odeur des cuttings humides, puis en sentant que l’outil au bout du train de tiges a tendance à bouchonner, parce qu’il s’enfonce dans le sol mouillé; puis en sentant qu’il s’ est débouché. La preuve? Immédiatement une grande gerbe d’eau jaillit et continue de jaillir sans cesse, hors du tubage. Profondeur mesurée à l’avancement: 18 mètres. Pendant que les gens dansent autour de nous, Bernard, Gabriel, et moi, nous continuons de forer quelques mètres encore pour bien rentrer dans la nappe. L’eau jaillit toujours, au début elle est trouble, mais elle s’éclaircie peu à peu. J’arrête de descendre mais je laisse le compresseur en marche, pour développer le forage. L’eau est devenue bien claire, nous arrêtons tous les moteurs,… et pouvons enfin fumer un stick.

« Nous avons Bernard, Gabriel et moi, trouvé de l’eau claire pour quelques milliers d’êtres humains…. »
Les analyses confirmeront qu’elle est potable.

Nous aurons alors, Bernard, Gabriel et moi, trouvé et fait jaillir du sol, de l’eau potable disponible ici, en dessous depuis maintenant des milliers d’années. Elle sera source de vie pour des milliers d’êtres humains.Et pour quelques dizaine d’années. Ou quelques milliers. S’il est bien entretenu, ce forage pourrait-il encore couler après la disparition de l’espèce humaine? Mais bien sûr, puisque cette nappe phréatique existait sans doute bien avant l’apparition de l’espèce humaine, il y a 300.000 ans.

Foreur, beau métier, n’est ce pas? »
Plus poétique qu’une facture bi-mensuelle de la Lyonnaise ou de la Générale des Eaux.
N’est ce pas?

Les vendeurs de Mama’u.
Pour la construction en montagne des retenues, dédiées à l’hydroélectricité, il faut ouvrir des routes d’accès dont les tracés recoupent ça et là des massifs de bambous et de magnifiques forêts de fougères arborescentes. Il faut les déraciner, et on sait que leurs racines sont entremélées et constituent une sorte de bulbe nutritionnel. Nutritionnel pour qui, pour quoi ? Eh bien m’expliquent mes deux compagnons, Bernard et Gabriel, mangaréviens d’origine, « en coupant le tronc un mètre au dessus du globe, et en le plantant dans le jardin, à l’envers, on obtient un support idéal pour la culture d’orchidées, très prisées à Tahiti. Nous connaissons le gardien du chantier de la route, il nous a mis de côté quelques fougères déracinées et coupées, lors de la progression du chantier de la route. Nous les avons offert à nos mamans, qui ont maintenant un magnifique ensemble d’orchidées devant leur maison ». Ma réaction fût immédiate: « allons les voir chez vos mamans ». Celles-ci nous expliquent que ça pousse pour rien, pas d’engrais, pas de produit à rajouter, il suffit juste d’un petit peu d’arrosage des bulbes chaque jour. Personne ne savait cela à Tahiti. Pas étonnant, qui aurait été assez fou, pour aller en montagne, dans des lieux inaccessibles, autrement qu’à pied, pour couper ces magnifiques fougères géantes et les ramener, en les portant sur les épaules jusqu’à la maison? Un peu comme les porteurs d’oranges des plateaux de la Punaruu.
Mais voilà, la construction des routes d’accès aux retenues d’eau, nécessitait l’abattage des fougères arborescentes rencontrées lors de la progression des pistes d’accès. Et ces pistes praticables en 4×4 seulement permettaient, du même coup le transport vers la ville, des troncs de Mama’u raccourcis à un mètre de longueur.
Alors, j’ai dit à Bernard et Gabriel, « nous devrions les vendre, ça nous ferait un peu de monnaie ». « Oui mais comment faire, nous ne savons pas comment les vendre.
Nous en avons juste donné quelques-unes à nos mamans ».
Cette conversation se déroulait alors que nous redescendions du lac Vaïhiria, où nous étions en charge des mesures des variations de niveaux, en vue de la construction d’une nouvelle centrale électrique (ainsi après une nuit très pluvieuse, nous avons retrouvé nos enregistreurs sous plusieurs mètres d’eau).
Mais revenons à la vente des bulbes. « Arrêtons nous là, devant cette maison, et regardez bien comment je fais ».
J’appelle au portail, et on vient m’ouvrir.
Surprise, c’est une bonne sœur qui ouvre le petit portail.
– « Bonjour ma sœur, nous sommes des vendeurs de mamaoux »
– « Bonjour, …des mamaoux, mais qu’est ce que s’est? ».
– C’est pour faire pousser les orchidées, venez donc voir dans la voiture ».
Et là, je lui explique dans le détail, et Bernard et Gabriel parlent de leurs mamans…etc.
–  » Mais, comme c’est intéressant. Une minute, je vais chercher mes soeurs; elles sont en train de déjeuner ».
Là voilà qui revient avec cinq de ses soeurs. Et les explications reprennent, appuyées par les témoignages de Bernard et Gabriel, elles touchent les Mamaoux, on les retournent de tous les cotés etc… Nous laissons les sœurs papoter entre elles, elles semblent intéressées, et nous sommes bien contents lorsqu’elles nous posent la question fatidique: combien ça coute?
Réponse immédiate, un peu au hasard :
– 2500 francs pièce, ma sœur. Rebavardage et décision…
– Très bien, nous allons en prendre deux. Je vais chercher l’argent. Mettez les ici dans le jardin, s’il vous plaît.
Encore quelques conseils…et nous prenons le billet.
– Merci beaucoup mes soeurs, vous allez voir c’est facile, juste arrosez les bulbes le matin. Vous avez dans chaque bulbe assez de nourriture pour la vie entière de vos orchidées. Merci encore et bonne journée. Nana.
– Nana!

Le Pescadou
Et finalement arrivé en ville, nous allons boire et déjeuner ensemble au Pescadou », la nouvelle pizzeria de Mario, qui démarrait très fort. Beaucoup de gens attendaient debouts, en discutant avec le verre à la main, qu’une table se libère. Il faut dire que l’apéritif ètait gratuit pour tout client qui attendait une table. Mario m’a expliqué, plus tard que ça lui revenait moins cher qu’une pub dans le journal. En y réfléchissant, je n’en suis pas si sûr, vue le nombre de verres que nous mêmes buvions debout.
Mais après tout, il devait s’y retrouver, car les barmen les plus avisés le savent, après deux verres il faut offrir le troisième, et là le client perd la boule et commande à outrance…alors effectivement quand on passait à table, bien chauds, c’étaient pas des verres mais des bouteilles qu’on commandait.
Presque 40 ans après, je me souviens qu’une chanson napolitaine revenait souvent pour l’ambiance au Pescadou:
 » je suis fou de toi…, je suis fou de toi… »
Que les serveuses reprenaient en choeur et en riant:
« Je suis fiou de toi.., je suis fiou de toi… » 😋
Fiou en tahitien ça veut dire : ras le bol.

En tous cas, Bernard et Gabriel avaient bien compris, et s’étaient arrangés avec le gardien du chantier dans la vallée de la Fatautia: ce dernier récupérait régulièrement quelques exemplaires parmi le tas de mamaoux coupés par l’entreprise pour faire passer la route, racourcissait les troncs à un mètre et nettoyait les bulbes. Bernard et Gabriel n’avaient plus qu’à passer pour les charger dans le 4×4, et les emmener en ville, où ils avaient constitué un petit stock tampon, sur mes conseils, au fond d’une grande propriété que je leur avait indiquée et à ceci à l’insu du propriétaire! Ainsi lorsque nous n’avions ni forages d’eau, ni études de fondations, ni recherche de sources, ni quelqu’autres mesures à effectuer, et donc plus de moni, Bernard Gabriel et moi allions piocher deux ou trois mamaoux dans le stock tampon, pour les vendre aussitôt, facilement et sans problème, puis nantis de notre nouveau butin, nous nous rendions rituellement au « Pescadou » pour y boire l’apéro, debouts, mais à l’oeil, et puis y déguster, enfin assis, les délicieuses pizzas de Mario, propriétaire et pizzaloio, transpirant, chantant, interpellant sans cesse les clients ses amis.
Maintenant 40 ans ont passés, et Mario n’est plus de ce monde, mais il a bien su profiter du succès phénoménal de son Pescadou (il s’était, paraît-il, acheté une Ferrari pour ses vacances en Italie), et aujourd’hui ses pizzas et sa galerie de portraits au fusain, lui survivent, grâce à son fils.😏.



😏

A Bora bora

Maupiti
J’ai obtenu un contrat avec le Bureau Technique des Communes agissant pour le compte de la commune de Maupiti. En gros, il s’agit de réaliser les travaux explicités sur le dossier à télécharger ci-dessus.
Maupiti a en effet un sérieux problème pour l’alimentation de ses 2000 habitants. On peut voir sur la photographie aérienne de l’île de Maupiti, le motu sur lequel nous proposons une reconnaissance de la lentille d’eau douce, qui devrait mettre en évidence la possibilité » d’un pompage pour alimenter en eau l’île haute, où sont regroupés la majeure partie des habitants. On escompte trouver sur ce motu des résultats similaires à ceux obtenus sur le motu Tevaïroa à Bora Bora.

Bon, j’ai le contrat, j’ai le matériel de Schlumberger pour la réalisation de l’étude géophysique, et aussi ma foreuse pour faire des forages mécaniques dans le sol du motu. Il me reste maintenant à trouver un foreur.

Et là, coup de chance. Dans un bistrot je commence à discuter avec un canadien, qui se tape une bière en compagnie de son épouse. Et, c’est immanquable, quand un foreur rencontre un autre foreur, ils se racontent des histoires de foreurs. Donc on s’aperçoit qu’on est tous les deux foreurs. Lui Marcel, et moi Xavier. Lui et madame sont en vacances et ne sont pas pressés de rentrer.

Je leurs offre de venir avec moi, et ma petite équipe, faire les forages à Maupiti. Ils me demandent un quart d’heure de conciliabule, et changent de table pour dialoguer. Quand il reviennent ils ont chacun un grand sourire: « c’est O.K. Mais quelles sont vos conditions? ».
OK: 100.000 francs CP/mois (1000 USD). Transportés, nourris, logés sur place dans l’île. Bon, ça marche…! Tant mieux.
Marcel: « alors expliquez nous le projet? » je le leur explique et ça leur plaît: « il y a du mouvement, la découverte de Maupiti, et de l’aventure ».
Dans aventure, il y a aventureux ou aventuriers. Allons voir le matériel demande Marcel. Je l’emmène voir la sondeuse dans mon petit atelier.
« Mais comment déplacer le sondeuse sur le motu? » Je lui répond: c’est simple, car le maire de Maupiti propose de mettre son Case (un tractopelle), tout neuf, à disposition, avec le chauffeur.
Marcel me déclare qu’il va y avoir des travaux pour pouvoir déplacer la sondeuse, qui pèse plus d’une tonne. Il faut la monter sur un skid en bastaings de bois pour que, tirée par le Case, elle puisse se mettre en mouvement et glisser sur le sol corallien du motu. O.K.? Montée sur son ski elle glissera comme sur des skis (mais moins vite..).
OK, Marcel. Il pense que l’on pourra trouver le matos, ici, à Papeete. Après il faudra acheter des bricoles: les boulons pour boulonner la foreuse sur le skid, une chaine solide pour la traction sur le motu, et surtout pour l’embarquement sur la goélette; je dois me renseigner laquelle et quand?
Le lendemain, nous allons chercher les bastaings. Puis j’emmène Marcel à mon petit atelier, où il pourra fabriquer le skid, et je vais me renseigner pour la goélette. Marcel déclare qu’il y a deux semaines de travail en tout, et qu’il faudrait le loger, lui et sa femme. Facile, dans immeuble où j’occupe un appartement au 4 ème étage, il y a un studio de libre, juste en dessous. Ce sont des logements luxueux, dans un immeuble neuf, avec ascenseur. En plein centre ville en face du marché. Pour l’électricité il suffira de passer une rallonge de mon appart à son studio.
Il y a une petite goélette, le Saint Xavier Marie Steele qui effectue un voyage chaque quinzaine, pour ravitailler Maupiti. Avec sont mât de charge, on pourra embarquer la foreuse sur le petit pont avant, et mon 4×4 sur l’arrière. Prochain voyage dans dix jours.
Marcel, tu travailles, j’organise notre séjour sur l’île, et on fait le point tous les soirs à l’apéro, au quatrième. Et avec Madame, vous dormez au troisième. On embarque dans dix jours. OK? « je vais mettre ma femme au courant, et on en parle ce soir. On en parle donc le soir, ils ont beaucoup de questions, Madame me paraît stressée, tendue et finalement: Bon, Marcel, Gertrude on est OK? Elle interroge son mari du regard…Alors OK? …OK.

Allez sa s’arrose, une bière ? deux bières ? Oui, oui: deux bières….

Dix jours plus tard, on est prêt, c’est l’embarquement à la tombée de la nuit. Marcel et moi, on n’est pas rassuré car la chaîne d’amarrage de la sondeuse au c^ble du mat de charge nous paraît assez mince. Est que ça va tenir. De toute façon on ne peut plus faire marche arrière. Je dis au capitaine d’y aller doucement, tout doucement pour le chargement, parce que ça passe, ou ça casse !
Et ça passe. Super. Le capitaine: on largue les amarres à 10 heure. On arrive à Maupiti demain dans la matinée. OK? OK, on va faire nos sacs. A tout à l’heure, mon capitaine. OK? OK.

Je retourne à l’appart et appelle ma vahiné du moment. Un petit coup de raddadda pour se dire au revoir. Et en bateau..
La traversée se passe bien sur une mer plate, très calme. Sur la surface l’océan multiplie les reflets de pleine lune, avec sous-jacentes en profondeur les nages erratiques des lucioles planctoniques. Je dors sur le pont, le plus loin possible du moteur, à cause du bruit. Bernard et Gabriel aussi. Quant à Marcel et Madame, ils sont dans une petite cabine pour touristes.
Réveillé vers minuit, je suis étonné de l’obscurité ambiante. Je cherche la lune, et ne la trouve pas! Où est elle passée, je ne le comprends pas.
Et soudain, ça fait tilt dans ma tête: seule hypothèse…?
La réponse au prochain numéro….!
Plus sérieusement il s’agit certainement d’une éclipse totale de lune. Hypothèse confirmée par la lente renaissance du croissant blanc. OK, j’ai compris, je reste un moment à profiter du spectacle, et j’y vois un signe positif au début de notre mission.
Le lendemain matin, au levé du soleil, nous sommes à hauteur de Bora Bora, et en vue de Maupiti dans le lointain.
Nous accostons sur le wharf vers 9h, et le débarquement de notre matériel commence sous les yeux d’une petite foule, venue pour récupérer ses commandes à l’arrivée de la goélette bi-mensuelle. La foreuse à présent sur le quai avec le matériel hétéroclite qui l’accompagne d’ordinaire.
La première chose à faire, c’est d’aller voir le maire. Un gentilhomme nous accompagne en voiture, et le maire est là, il nous attendait, et nous nous serrons vigoureusement les mains. M. le Maire est un homme d’action, très satisfait de nous voir à Maupiti, et il va faire son maximum pour le bon déroulement de notre mission. D’ailleurs la Mairie vient de recevoir un Case tout neuf, qu’il mets à notre disposition ( bien évidemment avec chauffeur) pour charger dès demain matin, si nous sommes prêts, notre foreuse sur la barge qui la transportera sur le motu (télécharger, ci-dessus, plus haut, la vue aérienne de l’ île).
Puis le Case passera à son tour, avec la barge sur l’île, pour aider au déplacement de la foreuse sur le motu.
Nous sommes vraiment ravis de l’attitude très positive de monsieur le Maire, et lui demandons de surcroît de nous conseiller pour le choix d’un hôtel. Facile: « il n’y en a qu’un: la pension de famille d’Edna. Elle est la vahine du maire de Taputapuatea, à Raiatea. Vous y serez bien accueillis et bien logés. Il me semble, d’ailleurs qu’elle est en train de faire construire une extension de sa pension de famille sur le motu ». « Maururuu, monsieur le Maire, à demain…et Tamaa maitaï (bon appétit).
Nous retournons au quai, et saluons le capitaine du Saint Xavier Marie Stella qui va reprendre bientôt la Mer.


J’embauche un gardien pout tout notre maths qui va rester sur le quai jusqu’à demain matin. Et nous filons chez Edna, à pied, c’est à coté. Mais voilà que la grand mère nous dit qu’Edna est sur le motu, et que nous devons la voir car c’est elle qui s’occupe de tout ce qui concerne l’hôtel.
« OK. Mais comment on y va sur le motu? »

 » Aïta pea-pea, y a pas de problème. Allez y à pied, c’est pas loin ». « A pied, et après, hum, à la nage? » « Non, marchez sur la piste jusqu’en face du motu et il y a un passage peu profond qui vous mènera au motu (vous pouvez pas vous tromper, et vous n’aurez pas mal aux pieds ce n’est que du sable. Environ 800 mètres à traverser pour arriver au motu. Allez y tout de suite, elle vous ferra à manger, là bas ». OK, Mamy merci beaucoup, on y va tout de suite. (Voir svp notre trajet sur la photo aérienne).
On prend chacun un peu d’eau dans une bouteille, et nous voilà partis. D’abord deux kilomètres avant d’être en face du motu. On regarde le départ dans le lagon, à droite, à gauche. C’est tout pareil, il n’y a que du sable et on a de l’eau jusqu’au genoux. Alors allons y. « OK Bernard. OK Gabriel? »- « OK » (Bernard), « OK » (Gabriel),
« OK » (Xavier), on y vas.
Ça se passe plutôt bien, on est inquiet, rapport à la profondeur, et aux requins..Vers le milieu du chenal, la profondeur augmente et dépasse un mètre cinquante. C’est pas facile d’avancer. Bon, on force un peu, et puis…..un peu plus loin, comme par miracle, le sol remonte, et c’est là le point important, la profondeur diminue!

Maupiti 40 ans après. Le tour de île avec la traversée du lagon vers le motu.


Exténués par la chaleur et l’effort nous accostons sur l e motu, et nous asseyons un petit moment sur la rive. C’est clair: nous avons faim, nous avons soif. Et nous ne savons exactement où se trouve les bungalows d’Edna, sur ce grand motu. Que faire sinon suivre le chemin, relativement bien tracé à partir de là ou nous sommes. Nous marchons encore environ un kilomètre, et finissons par arriver à l’hôtel en construction. Et voici Edna qui vient à notre rencontre avec un large sourire et des colliers de fleurs de tipanier (c.a.d. de jasmin). Orepiou est une belle femme, stature élancée et postérieur ambré comme l’indique son surnom (Ore c’est la mangue et peu c’est le…). C’est aussi le nom d’une espèce de mangue, dont le profil évoque celui d’Edna.
Edna: « Iaorana, vous arrivez à point, le repas est presque prêt. Suivez moi ».
Je n’ai pas oublié le repas qu’Edna nous avait préparé: des entrées constituées de chevrettes (crevettes provenant d’un ruisseau de l’île haute), et surtout des langoustes toutes fraîches, attrapées durant la nuit sur le récif (on les repère sur la barrière de corail à leurs yeux brillants, mais elles ont vite fait de dégager: d’un simple coup de queue, elles se projettent en arrière loin du pêcheur qui, s’il ne veut pas rentrer bredouille doit être suffisamment discret pour les approcher et les saisir rapidement de sa main gantée; l’autre main tenant le moripata – éclairage au pétrole).
Et comme dessert des papayes solo (les rouges, les meilleures) sur lesquelles on pressera un petit citron vert (lime tahiti). Et tout ça arrosé de rosé.
Je m’attendais à une facture salée, mais non! Pas plus cher que le steak frite! Un geste à la fois commercial et amical d cela part de Miss Orepiu, qui me glisse dans l’oreille qu’elle nous fera à manger tous les midis pendant tout le mois que nous entendons passer pour nos éminentes études sur le motu. Pour elle, une bonne affaire (notre équipe se composant de 4 personnes pendant un mois), une bonne affaire pour nous (un bon repas à midi, plutôt qu’un misérable sandwich, car nous ne pourrions pas rentrer à l’hôtel au village à midi).
Evidement nous n’avons pas eu de langoustes tous les jours, mais du poisson grillé du lagon servi avec du riz et endessert des fruits frais (papayes, mangues, fruits de la passion…). Avec une Hinano en apéro. Nous avions louée une pirogue, pour éviter de traverser le lagon à pied chaque jour. Cette pirogue appartenais à Gaby, que j’avais embauché comme piroguier, et il donnait un coup de main pour planter les piquets et dérouler les fils électriques au chantier de mesures géophysiques. C’était pratique.

Après ce délicieux premier repas chez Orepiu, nous nous sommes sérrés dans sa pirogue, pour rejoindre l’hôtel de sa grand mère, où nous avons bien dormi. Puis quelques jours plus tard, Gaby nous a trouvé un maison à louer, pour moi et le couple canadien. Galant, je leur laissait la chambre à l’étage, et me contentait d’un lit sous la véranda. Charmante maison, avec un jardin bien entretenu, le gazon, les hibiscus et les cocotiers qui oscillaient au gré des alizés bonheur…

La culture des pastèques est un ressource importante pour l’île. Elle se développe en dépit du sol corallien impropre à la culture mais grâce à l’omni-présence de l’eau de la nappe phréatique, la lentille d’eau douce.

Pour faire un champ de pastèques, il faut d’abord creuser de multiples trous, disons de 1 mètre de profondeur dans le sol du motu. Par exemple un champ creusé de trous d’un mètres de diamètre, selon une maille carrée de 2 m de coté. soit 4 m2 par pastèque. Puis chaque trou sera rempli de terre basaltique (le mamu). Mais la terre, il faut d’abord aller la chercher sur île haute, la creuser et les amener à dos d’homme jusqu’à la pirogue et les charger dedans. Traverser le lagon, jusqu’au motu et transporter les sacs jusqu’au champ. Il n’aura qu’une pastèque par trou. Si on veut 500 pastèque, il faudra débrousser le champ sur 2000 m2, creuser 500 trous 0, 5 m3 et ramener environ 250 m3 de terre à dos d’homme. Soit le volume d’environ 25 camions.
La préparation du champ pour produire 500 pastèques par récolte, sans moyens mécanique, sauf une pirogue est donc une véritable galère. Mais c’est un investissement initial à produire une fois, et une seule. Pour l’irrigation, théoriquement c’est argile qui est dans le trou qui va faire remonter l’eau vers les racines. Toutefois j’ai vu souvent des puits aux quatre coins des champs, dans lesquels le cultivateur, ou son employé, va remplir un arrosoir et arroser chaque trou. Trou après trou. Exactement comme font les maraîchers sur les rives du fleuve Niger, lors de la décrue.
Après se sera la galère de la récolte et de l’acheminement des pastèques jusqu’au marché de Papeete. Avec, quand même la satisfaction de constater que les pastèques de Maupiti sont appréciées pour leur taille et leur saveur.

L’aide de la Commune
Revenons maintenant au début de nos activités professionnelles.
Le lendemain matin de notre arrivé sur île, à 8 heures, nous étions sur le wharf à coté de la foreuse, avec M. le Maire et son équipe. On attendait la barge de la Commune, qui servait au transport des pastèques. Avec un dispositif de charge et décharge sur le quai, il nous est facile de charger la foreuse et tout notre petit matériel sur la grande barge. Et l’on va déposer tout ça sur le motu.
Le soir en écoutant la radio (il n’y a pas de télé sur l’ île) nous apprenons qu’un cyclone venant de l’Est se dirige vers la Polynésie, et risque de passer, durant la nuit, en premier lieu, sur Maupiti. Nous nous attendons donc à une nuit agitée et effectivement les prémisses de tempête se font sentir en début de soirée. Le vent forcit, et la toiture de la pension de famille est salement secouée….les vagues grossissent singulièrement….Puis, surprise, vers 11 heures du soir, le vent retombe peu à peu, mais nous craignons encore de nous trouver dans l’oeil du cyclone.
Finalement il n’en est rien et le calme dure tant et plus que tout le monde va se coucher. On a l’échappée belle.
Tout va bien pour le restant de la nuit, et au petit matin, on va comme convenu avec le Maire, à l’endroit, où il est prévu une manoeuvre délicate: charger le Case à l’intérieur de la barge. Celle-ci se positionne donc avec l’avant contre la berge. Des gros rouleaux de moquette, restes de cela récente construction de la mairie, son disposé sur le sol de vent la barge, pour permettre au Case de monter sur le nez de la barge, et de s’insérer tout doucement, à l’écoute du moindre craquement, vers le milieu de la barge. Voilà, le Case est bien chargé, au milieu de la big barge, tout c’est bien passé. Merci mon Dieu.
Tout le monde à le sourire au lèvres, et il y a du monde pour assister à la manoeuvre.
Il ne reste plus au chauffeur qu’à remonter sur son siège et à pousser doucement avec la pelle du Case, pour faire reculer la barge de la berge. Puis le capitaine montera à bord et avec le moteur, et le gouvernail il se dirigera le barge avec le case, vers le motu.
Le chauffeur du Case, en place sur son siège pousse donc délicatement vers l’arrière avec les griffes du godet planté dans le sol. La barge d’éloigne, de la rive d’environ un mètre, mais au lieu de flotter la voilà qui s’enfonce un peu, n peu plus et l’eau s’engouffre par dessus ses bordées. Puis brusquement elle commence à se disloquer dans le bruit du moteur qui tourne et de planches cassées. Le conducteur va sauter, mais il se ressaisit et à le temps d’éteindre le moteur, et de plonger, nager et s’éloigner de la barge qui disparait sous la surface, alors que de grosses bulles d’air émergent tout autour. Le sinistre n’a duré que 10 à 15 secondes, mais il ne subsiste maintenant, sortant des profondeurs que le bout du bras hydraulique avec à son extrémité le godet, la pelle, posé sur la rive.
Silence de mort dans la foule immobile, stupéfaite. Chacun, et surtout M. le Maire sait que c’était la première sortie de ce Case tout neuf. Et maintenant probablement la dernière!
C’était écrit dans la bible « les premières seront les derniéres ».
Puis peu peu, chacun sort de sa stupeur, et se remue, s’étire, cesse de pleurer. Enfin le Maire, à mes cotés, se tourne vers moi, désemparé:
« Monsieur Xavier, comment allez vous faire sur le motu? Je suis désolé, je n’ai plus de Case à mettre à votre disposition; comment allez vous faire vos forages, pour l’alimentation en eau de l’île? ».
J’exprime moi aussi, mes regrets et ma compassion. Et j’indique que les forages seront faits, nous y mettrons toute notre énergie, et il en faudra surtout pour déplacer à la main notre foreuse sur le motu. Mais nous avons des tubes de forage de 160 millimètres de diamètres sur lesquels nous ferons rouler la foreuse sur son ski. Bien sûr il nous faudra pousser la foreuse à la main, mais nous le feront, je m’y engage ». Monsieur le Maire:  » Vous allons vous trouver de la main d’oeuvre… ».
Sur cs bonnes paroles chacun va rentrer chez soi. Bernard, Gabriel, Marcel et moi, retournons à notre maison. Apprenant le désastre la femme de Marcel nous fait chauffer du café pour nous requinquer. Et puis je regarde l’heure: »Allez les gars, il est huit heure, notre mission commence. Au boulot! ».

Le piroguier Gaby, nous attends, nous rassemblons notre matériel, et en route vers le motu.
Arrivé sur place, notre premier travail sera de rouler la foreuse jusqu’aux bungalow d’Edna Orepiu. Gaby retourne au village pour chercher du renfort.
Il revient avec quatre malabars que nous allons garder tout le mois. Et ça le fait: on soulève l’avant du ski, on glisse un rouleau (un tube) en dessous. On soulève l’arrière et on pousse, ça progresse, le premier rouleau est maintenant vers l’arrière, c’est le moment de placer le second rouleau q sous le ski à l’avant. Etc…
C’est seulement en fin d’après midi que l’on atteint les bungalows. C’était plutôt long , mais maintenant, du moins, « nous sommes sur zone », comme disent les militaires. Nos forages sont prévus au centre de l’île, et nous y sommes.

NOS FORAGES:


Nous avons 25 forages de 4 mètres de profondeur à réaliser, plus au centre du dispositif un forage en flûte de pan,  descendant à des profondeurs croissantes (14 m, 18 m, 22 m, 26 m  et 30 m). Ca fait pas mal de boulot, à réaliser en une mois: 30 forages et donc 30 déplacements de la foreuse. Et à chaque déplacement, il faut non seulement pousser à la main la foreuse sur ses rouleaux, mais aussi transporter à la main également les équipements annexes. C’est un travail de forçats pour lequel je décide d’embaucher quatre manoeuvres de plus.

On va commencer par les forages profonds à proximité des bungalows. Marcel positionne la foreuse à l’emplacement déterminé sur la carte, puis il faut lever le mât de forage en poussant, toujours à la main, les deux tubes latéraux qui soulèvent le crown block et les boulonner en bas (un peu comme sur un bateau à voile, les élingues tiennent le mât).

Bernard démarre la petite pompe d’injection, qui envoie l’eau au fond du tubage, laquelle en remontant à l’air libre entraîne le sable affouillé, qui remonte du bas vers le haut pour finir expulsé du forage en une grande gerbe d’eau.
Puis Michel pour commence à forer avec le trépan accélère le moteur, mais, mauvaise surprise il n’arrive pas à le pousser à fond, et pour cause: la tirette d’accélération est détériorée.
Coup dur chez les mous!
Michel démonte la tirette, et l’examine en silence, puis examine aussi son logement dans le corps de la foreuse.
Et finalement, comme un bon foreur est nécessairement un bon mécanicien (car il opère le plus souvent en brousse, loin de tout atelier de mécanique), Michel comprend le fonctionnement et m’explique qu’il pense pouvoir faire une nouvelle tirette à partir d’un gros boulon, qu’il a dans sa valise. Michel ne sort jamais sans son gros boulon, ça peut toujours servir!
Il va essayer de nous dépanner, mais il ne promet rien…On le laisse donc travailler toute la journée avec nos outils (scie à étaux, poste de soudure) et le soir, triomphant à juste titre il monte la nouvelle tirette, puis il démarre le moteur, et il accélère et…miracle, ça marche. Bravo, et merci Michel, sincèrement merci!
Donc finalement les forages commenceront demain matin.
Le soir nous mangeons tous ensemble, Michel, Bernard, Gabriel et moi même. Je paye une cuisinière pour nous préparer chaque jour le dîner, il ne faudrait pas déranger Madame Michel…Nous discutons tous ensemble et il m’apparait rapidement, que excepté pour les forages, nous ne sommes pas d’accord pour grand chose. Surtout avec Madame, qui est une pessimiste enracinée. Elle voit tout en noir, n’est jamais d’accord avec moi (c’est normal, je suis un optimiste) et de plus elle se permet de donner des conseils aux uns et aux autres. Avec son mari, ça vas, mais avec moi ça va pas…ça me gonfle. Quand à Bernard et Gabriel, il préfère rester coi. Et Michel, il ne contredit pas sa femme.
La pierre achoppe d’abord sur mon mode de gestion du personnel tahitien. La voilà qui m’explique les niaiseries habituelles, ja suis trop familier, ils me critiquent entre eux sans que je ne m’en rende compte…etc. Alors je lui donne mon point de vue et Michel la soutiens…Jour après jour, ou plutôt soir après soir l’ambiance se gâte, elle finit par rester dans sa chambre pendant que nous dînons; puis Michel, bon toutou va la rejoindre…
Bref, la réalisation des forages mais l’ambiance s’est dégradée. Et puis je tombe malade de la dengue, une maladie courante en Polynésie, qui me colle la fièvre, le mal au dos et finalement me cloue au lit, et m’empêche de me rendre sur le motu. Dommage, parce que justement aujourd’hui je comptais faire des prélèvements des échantillons des sols rencontrés pendant les forages. Donc, étant immobilisé, j’avais demandé à Marcel de réaliser l’échantillonnage. Arrivé en face de notre villa, la pirogue jette l’ancre à une centaine de mètres du rivage; plus prêt il n’y a plus assez d’eau. Il faut donc franchir les derniers cent mètres à pied, ce qui n’est pas si facile car il ne faut pas marcher sur les coraux morts qui jalonne le fond…Je ne sais pas pourquoi, mais au lieu de me remettre les échantillons de la main à la main il les a laissé au fond de la pirogue. Fiévreux, je dois donc me farcir 200 mètres sur le fond du lagon…en évitant les coraux. Plutôt pénible pour un malade!
Quelques jours après allant mieux je retourne au chantier pour vérifier les forages. C’est comme d’habitude Gaby (pas Gabriel, Gaby!) qui pilote sa pirogue, et après une bonne demie heure il nous dépose sur le motu. Et chacun se met en route, pour rejoindre la sondeuse. Là, Gaby me fait signe: »Xavier, je peux te parler, seul à seul? » « No problem..que veux tu me dire ». Attends un peu, qu’ils s’éloignent – en désignant la fine équipe – c’est confidentiel ».
Peu après il me dit: « Tu sais il y a des gens qui t’en veulent à Tahiti. Ils veulent te monter un mauvais coup ici, à Maupiti.
Mais Xavier, dis moi tu es mariè? » « Non, Gaby, célibataire, libre comme l’air, pourquoi? » « Voilà, j’ai ne fille de 18 ans, elle est en âge de se marier, tu n’as pas envi d’une femme? »
« Non Gaby, pas vraiment, je suis bien comme ça ».
« Ecoute, si tu veux je te propose quelque chose. Rencontre ma fille, faîtes connaissance, ESSAYE POUR VOIR, passe la nuit avec elle et si ça va, viens me voir demain matin au village avant le travail, je vais tout arranger ».
« Ouais, et c’est quoi ces gens qui m’en veulent? »
« Laisse, si tu fais comme je te dis, ça va s’arranger. Alors tu veux voir ma fille ce soir? ».
« Ecoute Gaby, on va d’abord travailler, et je te donne ma réponse après, OK? ». « OK ». « Allez, on y va ».
L’expérience m’a montré qu’il fallait mieux être sur le chantier avec les gars (Marcel, Gabriel et Bernard) que de les laisser tout seul. Le forage, c’est pas un goûter de jeune fille, il y’a des décisions à prendre…etc.
Le soir alors que les autres ont regagné la pirogue, Gaby m’interpelle: » Alors Xavier, qu’est-ce que je dis à ma fille? »
« Dis lui OK. OK? » « OK! elle viendra mais discrètement. A quelle heure? » « Dis lui plutôt que je l’invite à dîner avec nous ». « Non, non, discrètement! A quelle heure? »
« Bon, après le dîner ».
Nous mangeons donc ensemble, Bernard, Gabriel, et les deux canadiens, puis tout le monde va se coucher. Ne voyant personne à l’horizon, je vais me coucher sur mon lit dans la véranda, de plein pied dans le jardin. Puis je me relève pour éteindre la lumière qui éclaire le jardin.
C’est alors que venue de derrière un buisson, apparaît la fille de Gabriel. Elle était donc là, et attendait son heure..!
« Alors Xavier, je viens avec toi? ». « OK, viens ». « OK, puis après un temps d’arrêt: j’espère que tu vas pas me déconner, Xavier ». Je fait quelques pas jusqu’à l’interrupteur et je reviens vers le lit. Elle est déjà en train de se déshabiller. Puis nue, elle s’étend sur mon lit: « Viens ».
Elle écarte les jambes « Allez viens, vite ». Bonjour l’ambiance, on est pas vraiment parti pour une discussion spirituelle. Droit au but! Alors je viens et cantonné au missionnaire, j’engage le mouvement de va et vient.
« Allez dépêche toi, Xavier ».
 » Voilà j’arrive, ça y est c’est fait ». « Ça t’as plu? ». « Ça va. »
 » Maintenant je vais au village, je t’attends demain au village. »
« Mais reste un peu; on peut discuter un peu. Tu dors ici et demain on prend le p’tit dejeuner ensemble et on va au village ensemble. OK?. »
« Non, Xavier, c’est pas possible, ici on est dans une île. Tu connais pas les gens il vont parler! »
« Ah bon, ils vont parler, et alors? »
« Au revoir, à demain, OK?……. »
« Bonne nuit ».
Je ne sais même pas comment elle s’appelle, la fille de Gabriel..J’avoue que pendant l’acte, j’ai pensé à Marcel et Madame, je suis sûr qu’ils écoutent : avec leurs préjugés, et leur morale de bénitier, ils en prennent pour leur grade, bande d’enfoirés.

D’ailleurs le lendemain matin je trouve qu’ils font une drôle de bobine tous les deux.

Le lendemain, plutôt déçu par la prestation de la fille de Gaby, je ne lui pipe mot. Lui non plus.

Après toutes ses aventures, le mois est passé, le chantier est terminé, Michel semble inquiet et me demande son dû, ce qui est la moindre des choses. Je le règle rubis sur l’ongle, 350.000 CFA, ce qui n’est pas mal pour un mois de travail, transportés, nourris et logés, lui et sa femme.
Puis ils me déclarent qu’ils vont rentrer seuls de leur coté.
« Alors au revoir, et merci Marcel pour le bon travail ».
Et nous, nous rapatrions la foreuse au village et nous tenons prêts pour le retour à Papeete, dès l’arrivée de la Marie Stella.

Le lendemain, j’apprends par Bernard et Gabriel que Marcel et Madame se sont rendus à la gendarmerie de l’île de Raiatea dont dépend Maupiti. Pourquoi faire? Ils ne savent pas….ou ne veulent pas me le dire?

Le surlendemain c’est le gendarme qui fait le déplacement pour m’interviewer. Qui suis-je? Ou vais-je? Dans quel état gère? En tout cas, il ne me parle pas de fille, ni de plainte.
Tant mieux. Toutefois je dois dire que de cette histoire avec la fille de Gaby, je n’est pas fini d’en entendre parler.
Mais ceci est une autre histoire…que je raconterai plus tard.
Bien, nous ramenons la foreuse à Tahiti,

https://youtu.be/rz9ZKQTFCro

L’EAU DOUCE SUR L’ATOLL                                      L  

L’eau douce, utilisée pour les besoins familiaux sur les atolls, est en général de l’eau de pluie recueillie sur les toits des habitations et stockée en citernes métalliques ou de béton. Pour les débits plus importants (hôtels, irrigation) cette récolte n’est plus suffisante, l’eau est alors obtenue par des puits.

La lentille d’eau douce : considérations générales

Dans la plupart des îlots coralliens, des atolls comme de la ceinture des îles hautes, se forme pendant la saison des pluies   une lentille d’eau douce, dite de Ghyben-Herzberg, flottant au-dessus de l’eau salée. 

Son importance est fonction de la taille et de la forme de l’île et, comme pour une nappe phréatique, de la perméabilité des matériaux qui constituent le sol ainsi que des précipitations, donc de la saison. Du fait de la différence de densité, l’eau douce s’installe sur une masse d’eau salée. La partie supérieure de cette lentille peut se trouver au-dessus du niveau de la mer. En même temps le sel de l’océan sous-jacent commence à diffuser du bas vers le haut jusqu’à pénétrer la lentille d’eau douce. Cette diffusion transforme peu à peu la lentille en une zone de transition   entre l’eau douce et l’eau salée et peut même atteindre en fin de saison sèche la partie supérieure de la lentille qui se trouve au-dessus du niveau de la mer. Progressivement l’eau des puits devient saumâtre (par diffusion du sel et non par convection de l‘eau salée). Ceci d’autant plus rapidement que la taille, la largeur du motu est petite.

Considérations particulières au motu Potou (largeur 180 mètres).

Un premier puits d’eau douce a été creusé à une trentaine de mètre du lagon, en dehors de l’emprise des bâtiments : 1.00 mètre de diamètre et 1.20 mètres de profondeur. Il fournira l’eau pour la confection des bétons du chantier. En outre un drum de 120 litres sera rempli tous les matins pour les divers besoins du chantier. Ce puits sera rebouché à la fin des travaux.

Un second puits (d’eau douce également) est en cours de réalisation à un emplacement plus éloigné du lagon. A la limite du sol détritique corallien sec (constitué de gravier, dans la partie proche de l’océan). Donc à proximité d’une dalle de grès induré (encroûtement calcaire appelé « paapa » par les polynésiens) de 1 à 2 m d’épaisseur. Ce puits sera conservé et équipé pour fournir l’eau douce sur la parcelle. Durant le chantier, on y prélèvera chaque jour 0,25 m3, soit 2 drums de 125 litres, pour confectionner le béton. Et l’on verra si le puits est bien, oui ou non, réalimenté par la nappe phréatique suffisamment puissante (la lentille d’eau douce) Sur chaque puits des prélèvements d’eau ont été effectués et confiés pour analyse à un laboratoire.                                              .                     .                                            

Des puits permettent de pomper de l’eau douce mais une surexploitation peut épuiser l’eau douce disponible : la lentille se sale peu à peu avec la diffusion vers le haut du sel à partir de l’interface avec l’océan pour aboutir en fin de saison sèche à sa contaminationCeci explique probablement l’abandon du pompage dans les puits aux Tuamotus :  Je viens en effet de retrouver sur mon ordinateur, un compte rendu de visite effectuée en 2013 par Serge Carabasse   technicien du SPCPF (Syndicat pour la promotion des communes en PF) :
 “Eau de la lentille : dans les 10 atolls adhérant au PAPE, équipés voici 10 ans, 9 SAEP (système d’alimentation en eau potable) sont en panne. Les salinités relevées ont été moyennes. “                                         .
Conclusion : la lentille d’eau douce sur les atolls est une spécificité hydrogéologique, utile en saison humide, mais se dégradant peu à peu en saison sèche. Ou à cause de surpompages :
car il est possible qu’à la longue, les consignes de pompages modérés communiquées aux pompistes des mairies n’aient pas été perpétuées, provoquant alors une intrusion saline se traduisant à terme par la salinisation de la lentille transformée de ce fait en zone de transition à salinité moyenne, donc non potable (salinités supérieures ou égales à 2gr/litre).

Enfin les lentilles d’eau douce peuvent facilement être polluées ou contaminées par les matières chimiques ou organiques dispersées en surface. Et elle a souvent le goût du corail. Traditionnellement cette eau est donc réservée aux usages domestiques (douches, lavages… et agricoles. Pour la boisson, nous proposons que l’eau pompée dans le puits soit traitée par le module de distillation solaire Helio. 

Une image contenant texte, arbre, extérieur, bâtiment

Description générée automatiquement

Morphologie de la lentille de Ghyben-Herzberg (extraits d’un article de 1983 publié sous mon nom, dans un Cahier de l’Office de la recherche scientifique et technique Outre-mer : l’ORSTOM)

Cette lentille se constitue sur l’eau salée sous-jacente, dans le matériau corallien. Plus légère, l’eau douce ne s’y mélange pas, elle flotte sur l’eau salée (fig. 4).

Une petite partie, dite charge nette d’eau douce, de hauteur h, demeure au-dessus du niveau moyen de l’eau du lagon ou de l’océan, tandis qu’un volume beaucoup plus important, repoussant l’eau salée, pénètre au-dessous de ce même niveau. Sa profondeur H est fonction de la salinité de l’eau de mer. Pour le Pacifique (24 g/l de sel) H = 27 h (loi de Ghyben- 

Herzberg) ; h et H sont maximums au centre de I’ îlot et ils croissent avec la largeur de celui-ci. Pour l’Atlantique (37 g/l de sel) H = 40 h (MEYER, 1980). La séparation eau douce – eau salée n’est cependant pas aussi nettement définie que, par exemple, celle de l’huile flottant sur l’eau : il existe une zone de transition saumâtre due à une certaine diffusion du sel vers le haut à partir de la masse d’eau salée sous-jacente.

A partir des coupes des forages que nous avons réalisés autrefois sur des atolls semblables, on peut définir une coupe des sols type :

  1. De la surface du sol  (0 m) à la nappe phréatique (2 à 3 m de profondeur) : un sol détritique corallien sec (constitué de gravier, dans la partie proche de l’océan) à humide (limon dans la partie proche du lagon).
  2. Dans la zone de marnage, ou de la frange capillaire du toit de la nappe : une dalle de grès induré (encroûtement calcaire appelé « paapa » par les polynésiens) de 1 à 2 m d’épaisseur.
  3. En dessous de cette dalle, et sur quelques mètres d’épaisseur, côté océan, un réseau de faille avec risques de connexion avec l’eau de mer, coté océan. Coté lagon, on passe plus souvent directement à des dépôts limoneux.
  4. Puis ce sont des sols coralliens sablo-limoneux de consistance lâche lorsque le forage progresse dans la lentille d’eau douce.
  5. Enfin en bas, dans l’interface, il est souligné à nouveau une zone indurée.

La lentille d’eau douce est, depuis quelques années, largement exploitée dans nombre d’îlots, soit pour l’irrigation, comme on peut le constater sur les parcelles voisines de la vôtre, soit pour l’usage familial au besoin en la faisant bouillir  L’eau est puisée manuellement ou par pompage dans de petits puits de 1 à 3 m. Pour les besoins plus importants des hôtels (quelques dizaines de m3/jour) les points de prélèvement à faible débit, par crépines à pointes filtrantes, doivent être multipliés afin d’éviter la remontée de l’eau saumâtre. A Rangiroa, et à Manihi, la nappe d’eau douce s’enfonce jusqu’à – 12 m, mais le plus grand champ de pompage est actuellement constitué par le mofu Tevairoa à Bora-Bora. Sur ce grand motu pseudo-circulaire de 200 ha, la profondeur de la lentille d’eau douce atteint 27 m en saison sèche, 30 m en saison des pluies, la charge nette étant proche de1 m. Le volume d’eau stockée se situe entre 3 et 5 Millions de m3 (MEYER, 1980.) Calcul mathématique effectué à l’époque par triple intégration (la seule de ma longue carrière). Il permettra l’approvisionnement en eau douce d’une partie de l’île de Bora-Bora à raison d’environ 500 m”/jour. L’énergie nécessaire est prévue d’origine solaire. Dans la plupart des îlots, dont la largeur moyenne avoisine les 200 m, il est ainsi possible d’obtenir l’eau douce nécessaire aux besoins familiaux et à l’irrigation. La nappe étant proche de la surface, les énergies nécessaires au pompage sont très faibles.                         .

Ces reconnaissances et études constituent une base documentaire concrète sur la morphologie des lentilles d’eau douce dans les atolls. Et donc sur leur volume. 

Elles sont ainsi particulièrement utiles pour les études d’alimentation en eau potable :  elles mettent en évidence une réserve d’eau douce importante, renouvelée chaque année par les pluies de saison, dans laquelle, on prélève par pompage ; et c’est dans ce but que ces études ont été réalisées. 

Des vidéos sont disponibles sur You Tube : tapez Ghyben

Interventions de Xavier Meyer sur lentilles d’eau douce dans les atolls.

Sur You Tube tapez module Hélio

Naissance d’une île

https://www.bing.com/videos/search?q=naissance+d%27une+île+volcanique&docid=608023904449953197&mid=D93CF85D8C91D11C6782D93CF85D8C91D11C6782&view=detail&FORM=VIRE


Le vieux mangarévien.
Il y a quelques jours, soit 40 ans après les évènements relatés ci-dessus, me promenant vers Mamao, je suis interpellé par un vieil homme, assis sur le bord du trottoir. Il me souhaite le bonjour, puis une bonne santé et me présente tous ses vœux pour ma retraite. Je commence donc à discuter, un peu, avec lui. Il m’apprend qu’il est natif de Mangareva, et je lui demande s’il connait Bernard et Gabriel. Il les a bien connus et m’apprend que Bernard est revenu au pays après s’être marié avec une jeune marquisienne rencontrée à Bora-Bora. Ils vivent de la vente de légumes qu’ils cultivent dans un petit faapu (un maraîchage). Quant à Bernard, il a travaillé « dans les perles » à Mangareva, jusqu’avant de décéder il y a peu.

Ce que me raconte aujourd’hui ce viel homme me renvoie instantanément 40 ans en arrière. Le passé s’invite dans le présent.
C’est l’ouverture qui me permet de dérouler tout ce qui va suivre, …ma légende de vie.

Retour vers ce passé, il y a 40 ans: c’était alors le temps pour moi de déployer mes ailes et de m’envoler avec l’aide d’Air Tahiti Nui, vers l’Afrique, qui m’attends….les bras ouverts, …en chantant.

Et voilà des chansons des années 1978:

https://www.youtube.com/channel/UCWvsIwkBI_U70n3huR9Ww7A



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