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Niger

Tonton Jean 3

Bon, nous traversons l’estuaire du fleuve Casamance, où on a l’impression d’être en pleine mer.
A l’arrivée, on est toujours à Banjul, mais de l’autre côté. En route vers Dakar!
Ça roule tout seul, la douane sénégalaise, puis la grande cote, la petite cote et l’arrivée à Dakar, dans la nuit.

L’ile de Gorée.
Tapez: Wiki Gorée.
Le lendemain matin, nous visitons l’île de Gorée, ancien lieu de rassemblement des esclaves avant le départ pour les Amériques

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La maison des esclaves.
Extraits:
« Au fil des décennies, les récits de son conservateur Boubacar Joseph Ndiaye ont contribué à faire connaître la Maison des Esclaves dans le monde entier.

Cette maison aurait été la dernière esclaverie en date à Gorée. La première remonterait à 1536, construite par les Portugais, premiers Européens à fouler le sol de l’île en 1444. Au rez-de-chaussée se trouvent les cellules: hommes, femmes, enfants. Dans celles réservées aux hommes, faisant chacune 2,60 m sur 2,60 m, on mettait jusqu’à 15 à 20 personnes, assis le dos contre le mur, des chaînes les maintenant au cou et aux bras. On ne les libérait qu’une fois par jour afin de leur permettre de satisfaire leurs besoins, généralement dans cette maison, ils y vivaient dans un état d’hygiène insupportable. L’effectif dans cette petite maison variait entre 150 à 200 esclaves. L’attente de départ durait parfois près de trois mois, ces esclaves ayant affaire à des voiliers pour leur transport. Dans cette maison, le père, la mère et l’enfant dans les cellules étaient séparés.

Un peu à l’écart, à droite du porche d’entrée, se trouve le bureau du conservateur, tapissé de documents et de citations humanistes, telles cette déclaration d’Hampâté Bâ : 
« En Afrique quand un viellard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » ou celle-ci de son propre cru : « Qu’à tout jamais, pour la préservation de ces lieux, les générations se souviennent pieusement des souffrances endurées ici par tant d’hommes de race noire ».

Tous partaient vers les Amériques, mais le pays de destination dépendait des besoins des acquéreurs, le père pouvait – par exemple – partir en Louisiane aux États-Unis, la mère au Brésil ou à Cuba et l’enfant à Haïti ou aux Antilles. Ils partaient de Gorée sous des numéros de matricule et jamais sous leurs noms africains.

Le regard du visiteur est immédiatement attiré par une ouverture lumineuse au milieu du couloir central. Donnant de plein pied sur la côte rocheuse, c’est la porte du « voyage sans retour », là où les esclaves embarquaient pour une vie de souffrances dans le Nouveau Monde, dont beaucoup mourraient en mer, encadrés par des gardiens armés au cas où ils auraient tenté de s’évader.

Jusqu’à sa mort en février 2009, l’infatigable octogénaire reprenait son récit, plusieurs fois par jour, bien déterminé à éveiller la conscience de son auditoire, et son message de compassion et de tolérance faisait mouche le plus souvent. Les touristes noirs américains, auxquels certaines agences d’Amérique du Nord proposent des « Black-History Tours », étaient particulièrement sensibles à ce discours. Les collèges locaux envoyaient leurs élèves l’écouter, par classes entières.

La consécration par l’UNESCO:
Dès les années 1960 la détermination de Boubacar Joseph Ndiaye avait attisé l’attention des médias, des gouvernants et des organismes internationaux sur une île que l’organisation du premier Festival mondial des arts nègres en 1966 avait déjà sortie de l’anonymat. Un vaste plan de sauvegarde se met en place.
Gorée est inscrite sur en 1978 sur la liste du patrimoine mondial.

Cette consécration internationale lui a conféré une apparence de légitimité et l’organisation onusienne est allée jusqu’à la qualifier de « centre historique du commerce triangulaire », la désignant comme « un lieu hautement symbolique de l’histoire des peuples ». »
Le bain sur la petite plage est très agréable, quelques jolies gazelles à regarder. Puis nous déjeunons au restau le chevalier de Bufflers, amant de la très belle signarès, qui avait fait construire la Maison des Esclaves.
Tapez impérativement: wiki signares.

Ismael Lô, Youssou N’dour.
La fin de la journée, nous ramenait à l’hôtel, d’où nous ressortions, Sido et moi même bien décidés à aller danser. Cette fois-ci, encore, Jean préfèrait aller se coucher de bonheur pour bien se reposer.
Deux night-club tenaient le haut de l’affiche: le Kilimandjaro de Youssou Ndour et le …? d’ Ismael Loe.
Les percussions traditionnelles s’y mêlaient au phrasé jazzé des cuivres, et aux créations musicales chantées par les deux auteurs, compositeurs, interprètes.
Youssou N’Dour né en 1959 à Dakar, auteur-compositeur, interprète, musicien et homme politique sénégalais. Roi du mbalax » au Sénégal, chanteur africain à la renommée internationale. Et également patron de presse à partir de 2003 et de la fondation du groupe Futurs Médias.
A voir et écouter aussi, sur www.Ismael Lô, Video, Talima, Tajabone sa fameuse chanson. Un grand moment d’émotion.

https://www.bing.com/videos/search?q=ismael+lo+tajabone&view=detail&mid=7398F9B0F77B5648A7B47398F9B0F77B5648A7B4&FORM=VIRE0&ru=%2fsearch%3fq%3dismael%2blo%2btajabone%26qs%3dHS%26pq%3dismael%2blo%26sc%3d8-9%26cvid%3d9C4641C7386940C8A75B8FC493AC2888%26FORM%3dQBLH%26sp%3d1
Le lendemain matin, nous décidons de reprendre la route. Notre plan: le lac rose, Saint Louis par la plage, puis longer la frontière mauritanienne pour atteindre Kidira, à la frontière du Mali. Là, nous aurrons le choix entre:
– mettre le 4×4 sur le train qui nous emmenera directement à Bamako, la capitale. Joindre Niamey sera ensuite rapide et facile, par la route goudronnée.
– ou bien continuer sur la piste par Manantali (avec son grand barrage hydroelectrique) et Nioro de Sahel. Je connais cette piste, pour l’avoir pratiquée 8 ans auparavant, avec ma moto « Tenere 600 ». C’est loin d’étre facile. Cette piste, difficile, est neanmoins fréquentée par des camions. Donc dangereuse et poussièreuse. En plus on attaque des escarpements assez raides, des plateaux rocheux, et il y a aussi passages en fech-fech , donc des risques d’ensablement à l’approche de Nioro.

La prudence, et la fatigue accumulée, nous engagent donc à poursuivre en train, au Mali, entre Kidira et Bamako

Le lac rose
Le lac Retba, plus connu sous le nom de lac Rose, doit sa renommée à sa teinte qui vire du rose au mauve en fonction de l’intensité des rayons solaires, et également au rallye Paris-Dakar dont il constituait l’ultime étape.
www.lac rose
En arrivant au lac rose, Tonton Jean ne pouvait pas savoir que sa petite fille Bérengère allait servir, dix ans plus tard, au sein de l’armée française, dans un centre de transmission très isolé, situé à quelques kilomètres de là. Quand je suis allé lui rendre visite en 2004, avec Moana, on pouvait voir le drapeau français flotter au dessus de cette petite concession, qui jouissait de l’extraterritorialité. Bérengère était vêtue d’un battle-dress miltaire vert-kaki et avait son famass dans sa chambre. Elle changeait malgré tout de tenue, avant qu’on aille faire un tour ensemble au lac rose. Bizarement je n’ai trouvé aucune référence sur le net sur ce centre militaire.
Mais revenons au temps présent.

La moto enduro

Dans un estaminet, au bord du lac, nous rencontrons un groupe de motards. Il s’agit de moto enduro, pour les pistes en terre ou en sable, et/ou la pleine nature africaine.

Comme ce que je pratique au Niger toutes les semaines en groupe avec des camarades militaires et civilsn
Au cours de nos sorties, ils me laissent en genéral ouvrir la route à la tête du groupe. Par respect de mon âge vénérable, ou peut être ont-ils peur de me perdre en route, si je roule derrière?
Ce qui est cool à Niamey, pour les motards qui aiment la nature, c’est qu’on sort de la ville tout de suite. Pas d’embouteillages, pas un seul feu rouge dans toute la ville, pas de kilomètres de goudrons stérils. Nous avons deux sites de prédilection: la grande dune, et le kory du diable (la rivière du diable).

La grande dune
Elle est la plus proche, quasiment à la sortie de la ville. Il est très difficile d’arriver à moto à son sommet, si on n’est pas un expert du sable. Il faut d’abord dégonfler un peu les pneus à 800 g/cm². Puis après bien prendre son élan sur le plat en bas de dune, encaisser le choc en prenant la pente, puis jouer de l’accelérateur et du débrayage, à savoir se réengager dans la pente si l’on commence à s’enliser pour reprendre un peu de vitesse et puis se réengager dans la montée.
L’idéal, c’est donc une moto enduro légère mais puissante. Et une bande de copains pour la désensabler quand on s’est planté.
Et pour ça y a pas mieux que les militaires, pour filer un coup de main: jeunes, sportifs, et surtout volontaires.
Nous on avait en général des pneux michelin « Bib mousse » dans lesquels la chambre à air est remplacée par un boudin de mousse de polipropylène, équivalent à la bonne pression (800g/cm²) et donc increvables. Donc parfaits pour le sable, omniprésent au Niger, et au Mali et au Tchad…etc.
Un truc bizarre, c’est que dans le sable du désert il y a toujours des épines d’accacias, ce qui n’est pas bon du tout pour les chambres à air. Une crevaison à moto c’est galère: sortir la roue du cadre, démonter le pneu, réparer la chambre à air avec une rustine collée à la dissolution, laisser sécher, et remonter le tout, pneu sur la roue et roue sur le cadre. En plus dans le sable on n’utilise pas de verin. Et regonfler la roue. Bref y en a au moins pour une heure d’efforts.
Et si dans un groupe, un mec crève, tous les autres l’attendent! D’où l’intérêt de s’équiper en Bib mousse. A l’avant et à l’arrière.
Question: mais d’où viennent donc ces épines d’accacias en plein désert? Réponse: sans doute des temps anciens lorsque les déserts étaient verdoyants, des dizaines de siécles auparavant.

Le kory du diable
Il s’agit de véritables défilés sableux creusés dans le sable par les eaux de pluies qui ruissellent sur des terrains en pentes régulières et creusent leur lit à la verticale, jusqu’à des profondeurs de cinq à quinze métres.
Par exemple lorsque les dunes s’accrochent aux contreforts rocheux des plateaux qui les dominent. Il n’y a que dans les déserts de sable que l’on rencontre ce type de relief spectaculaire.
Pour les motards c’est toujours un peu excitant de remonter ces koris en roulant sur le fond étroit du canyon, entre deux paroies subverticales de plusieurs mètres de hauteur. C’est tellement inhabituel qu’on a l’impression d’être sur la planète mars. Mais il y a un danger si on est seul à l’intérieur du canyon, c’est que plus on y pénètre plus il devient étroit. Et à un moment il est tellement resséré, que les paroies subverticales se rejoignent et qu’il n’y a plus assez d’espace pour que la moto puisse faire demi-tour. Le motars est coinçé, et pour en s’en sortir il devra faire des efforts considérable, comme par exemple faire reculer à la main sa moto.
Or dès qu’on arrête de rouler, on ressent que les paroies du kory concentrent la chaleur sur le fond. Atteignant déjà les 40⁰ à l’air libre, je pense qu’elle doit alors avoisiner les 50⁰ au fond du canyon.
Dans cette fournaise, le motard perd son souffle, halète et s’épuise très vite.
C’est ce qui m’est arrivé, un jour à midi au Niger: nous étions deux, moi et mon pote, Marco, qui avait eu la sagesse de faire demi-tour avant que le kory ne soit trop rétréci, trop étroit. Pour ma part, je continuais à m’engager et ce qui devait arriver, arriva: je me suis retrouvé complètement exténué, coincé au fond.
J’attends, j’attends, et j’attends encore. Epuisé, mort de soif.
Par miracle, Marc est revenu. Je dis bien par miracle car, il peut arriver que le premier motard en tête ne s’aperçoive pas forçément que le suivant ne suive pas!
Bon, finalement, m’apercevant de loin, il comprend ma situation, gare sa moto et s’approche de moi, à pied. A nous deux nous arrivons à tourner la moto, je l’enfourche, je la démarre (il m’a fallu kicker, ce qui dans mon état n’a pas été facile) et me dirige derrière Marco vers la sortie du kory. Heureusement on débouche sur un petit cours d’eau. Je m’allonge sur le sol et immerge complètement ma tête, tout en m’abreuvant goûlument. Je l’avais échappée belle!
C’est pour ça qu’il faut étre très prudent, et toujours à deux, avant de s’engager dans un kory. Oû un autre danger peut menacer encore le motard inexpérimenté: vers le débouché d’un kory dans la plaine, on peut rencontrer parfois, subitement un décrochement, une marche rocheuse de plusieurs mètres de hauteur. C’est encore l’érosion, qui a creusé le sable à l’aval du seuil rocheux. Si on n’y prend garde, ça peut faire un joli vol plané. Attention à la réception!

Comme on le voit un kory peut reçéler bien des pièges au motard inexpérimenté!
On risque aussi d’avoir à laisser sa moto au fond, par exemple si la marche occupe toute la largeur du fond..et je nai pas parlé des risque d’inondations! ….etc. Finalement on retiendra que faire de l’enduro, c’est très agréable car on est en relation intime avec la nature (là oû le 4×4 doit s’arrêter, la moto continue), mais, attention, il faut étre prudent, dautant plus qu’on évolue souvent, au sahel dans des environement déserts et désertiques.

Maintenant revenons au groupe que nous rencontrons dans un estaminet au bord du lac rose.
On fait les présentations, de notre coté Jean, Sido, Xavier, du leur Pierre Fazano et…les trois autres. Lorsquon dit qu’on rentre chez nous au Niger, leurs visages s’illuminent parce qu’ils ont un bon copain, motard émérite, accessoirement agrégé de sociologie (jeunes, ville, emploie), qui est affecté comme professeur a la faculté de Niamey. Le connaissons nous? Il s’appelle Marc Odeye. Ben oui, je le connais un peu, pour l’avoir croisé en balade dans le sable, au large de Niamey, quelques jours avant notre départ.
Et voilà, le lien entre les deux équipes.

Marc est un type étonnant, baroudeur, aventurier, dragueur impénitent, qui a vite décidé de ne pas faire carrière dans l’enseignement supérieur. Aucun intérêt. C’est tellement plus sympa de barouder, de bourlinguer de rouler à l’aventure….et de draguer, de baiser, d’aimer parfois, une nuit, un jour ou deux jours…mais guére plus.
Plaisirs et joies éphémères, il préferre l’amour en l’air, à l’abri des tracas ordinaires.
Avec son âme de chef, de compétiteur en permanence à la recherche d’un défi, se dépassant soi même, pour s’affirmer aux autres, il nous entraînera dans des trips d’enfer, comme Paris/Dakar, depuis la France, par l’Espagne, le Maroc, et la Mauritanie ou Niamey/Dakar: par les vents de sable, Niger, Mali, Mauritanie, Sénégal, , et les pistes désertes hors des sentiers battus. Niamey/Tchad..par le désert du Thal, …et tous les soirs la même obcession de trouver une gazelle pour la nuit! Comme on l’a vu plus haut, il n’est pas le seul…
En fait pour ces grands trips, nos deux groupes, de Dakar et de Niamey se sont souvent regroupés pour rouler de conserve.
Voir la note « la moto enduro ».

Saint Louis
Maintenant Pierre nous donne des conseils pour aller à Saint Louis par la plage: partir à marée basse, rouler sur le sable humide mais pas trop près de l’eau, attention aux cordes tendues par les pêcheurs de Kébémer qui attachent leurs grandes pirogues à la rive, elles traversent la plage; Enfin après 65 km roulés sur la plage (sur les indications du compteur) se repérer à un rail planté dans l’eau, pour quitter la plage et s’engager sur une piste qui rejoint la route nationale au niveau du village de Gandiol à quelques kilomètres de la ville.
En fait ces explications me sont familères car j’ ai déjà suivi ce même trajet, à plusieurs reprises, huit ans auparavant. Saint Louis est, en effet une destination attrayante.
Bien merci Pierre de tes bons conseils, que nous allons suivre dès à présent.
Alors au-revoir les gars, et on reste en contact pour une première balade à moto, de Niamey à Dakar, par exemple. Pierre nous avise qu’il à l’intention de venir à Niamey, seul, avec sa bécane, en passant par Kidira et les escarpements, puis Nioro et le fech fech, pour y retrouver son copain Marco. Ça permettra de monter, pour bientôt une grande virée à moto, tous ensemble. Super bonne idée. A bientôt.

Sido, se dirigeant vers notre 4×4 s’arrête devant l’étalage d’oiseleur, un vendeur d’oiseaux. Dans de petites cages en bambous sont entassés des moineaux sérrés, les uns contre les autres. Ils ont été capturés dans les bois autour de Gandiol, et offerts aux enfants, qui les garderont et les nourriront quelque jours, ….avant de décider d’ouvrir la porte de la cage pour les libérer, et ressentir le plaisir de suivre leur envol, l’envol vers la liberté…
Bonne petite leçon de vie pour ces jeunes.
Quant à Sido, désireux de se racheter, à ses propres yeux de ces turpitudes amoureuses, il achète, pour offrir à sa femme, un joli perroquet livré dans une jolie cage. Il l’installe à l’arrière du 4×4 à coté de Tonton Jean, plutôt dubitatif face à cette proximité. Et nous démarrons.
Retour à Dakar pour la nuit. Demain nous roulerons vers Saint Louis, 70 km par la playa! Olé!

Direction Saint Louis, par la plage. La marée est haute, en train de redescendre.
On peut rouler à 50 km/h. Cependant, apercevant Kebémer, nous ralentissons pour éviter de rompre les cordes d’amarrage. Les pêcheurs répondent à nos salutations. Prochain village, Lampoul Guedge au bord de l’océan! C’est l’occasion de s’arréter pour se désaltérer et manger sur le pouce, quelques brochettes.
Nous roulons un peu plus vite sur le sable dur, à marée basse, et traversons un petit ruisseau qui descend du cordon littoral. Il faut passer doucement pour éviter les projections: il s’agit du rejet de l’usine chimique de Louga qui traite à l’acide, les phosphates extraits des mines à ciel ouvert, à proximité.
En voiture à marée basse ça va, mais j’allais m’en apercevoir plus tard, à moto, à marée haute, bonjour les dégâts. De l’acide dans les bottes! Ça brûle et c’est tout rouge.
La marée commence à remonter, nous accelérons, et finalement apercevons le fameux rail planté dans l’océan!
A droite toute, franchir le cordon dunaire, chercher la piste pour le village de Gandiol, et après rejoindre la route nationale, à 5 ou 6 km de St Louis.

Tapez « www.saint louis sénégal »

 » L’accès à l île de St Louis, est toujours impressionnant car elle est reliée au continent par un pont métallique (à arcades boulonnées), fabriqué sans doute par les établissements Gustave Eiffel et livré en pièces détachées à assembler.
Saint-Louis est une ville située sur la côte nord-ouest du Sénégal. Elle est connue pour son architecture coloniale. La vieille ville se trouve sur l’île N’Dar du fleuve Sénégal. L’île est reliée au continent par le pont Faidherbe conçu en 1865. La place Faidherbe possède des monuments anciens bien conservés, dont le palais du gouverneur et la cathédrale néoclassique. Un musée est consacré à l’artisanat et à l’art traditionnel.

La Langue de Barbarie
C’est une longue péninsule avec le site de Guet N’Dar, un village de pêcheurs qui prennent la mer en pirogues. Au sud se trouvent les plages de sable d’Hydrobase. La pointe sud de la péninsule fait partie du parc national de la Langue de Barbarie, célèbre pour les nombreux oiseaux qu’il abrite. Au nord-est de Saint-Louis, les zones humides du parc national du Djoudj attirent des oiseaux migrateurs comme le héron pourpré, la spatule africaine, mais aussi des flamands roses, des crocodiles ».

Jusqu’en octobre 2003 la Langue de Barbarie formait un même cordon de sable s’étirant sur plusieurs dizaines de kms
du Sud de Saint-Louis  à l’embouchure du fleuve. Mais craignant une inondation de Saint-Louis, le Président sénégalais Abdoulaye Wade ordonna d’ouvrir artificiellement une brèche à 7km de Saint-Louis avec l’aide de techniciens marocains.

Depuis la brèche ne cesse de s’élargir, vers le sud, séparant en deux et grignotant de plus en plus largement la Langue de Barbarie, d’une dizaine de mètres en 2003 à plusieurs kilomètres aujourd’hui. Cette nouvelle brèche s’est transformée en quelques années en une véritable nouvelle embouchure. Certes elle permet aux eaux du fleuve de s’évacuer plus rapidement lors des crues mais l’environnement en a été fortement perturbé. Plus proche de l’estuaire, l’île Saint-Louis est beaucoup plus vulnérable aux marées et donc à la hausse du niveau des océans. Les pêcheurs des villages de la Langue de Barbarie, Guet Ndar, Ndar toute, Goxumbacc ou Santiaba, qui auparavant accostaient leurs pirogues sur les plages de l’Atlantique, préfèrent désormais rentrer par l’embouchure et remonter leurs embarcations jusqu’aux rives du fleuve Sénégal. Ce passage est très risqué, de nombreux pêcheurs y ont perdu la vie.

J’ai parcouru à moto la Langue de Barbarie, en 1988 bien avant que la brèche y soit creusée, puis en 2004 peu aprés son excavation. Je peux témoigner ce que ci-dessus, et peux aussi y rajouter qu’au moins un hôtel à été emporté par son élargissement progressif. Et probablement tout un quartier aussi.

Parc National de la Langue de Barbarie 
Il est situé dans la région de Gandiol. Couvrant 2 000 hectares, ce parc créé en 1976, comprend l’estuaire du fleuve Sénégal, l’extrémité sableuse de la Langue de Barbarie, les marigots bordant le continent ainsi que deux îlots situés au milieu du fleuve. C’est un territoire d’un équilibre fragile et remarquable. Dès que je quitte Saint-Louis, j’apprécie la variété des paysages et la convivialité de l’atmosphère.

 Avant l’exécution de la brèche j’ai eu l’occasion de louer, à l’hôtel de la paix, un hobby cat et de descendre, en solitaire, l’embouchure du fleuve Sénégal. Avant d’embarquer, je traverse le marigot où les femmes amassent le sel que laisse le fleuve en s’évaporant.  Je découvre, au long du fleuve, les villages de maraîchers et de pêcheurs situés dans le périmètre du Parc.

Puis protégé par le fragile cordon de sable de la Langue, j’évolue lentement vers les ilots aux oiseaux, croisant les pirogues revenant de leur campagne de pêche. Sites privilégiés de par leur situation géographique, ces ilots accueillent chaque année, d’avril à octobre, des milliers d’oiseaux migrateurs, le temps de la nidification.

Sans accoster pour ne pas déranger les nicheurs, je reconnaîs , les aigrettes garzettes et dimorphes, les vanneaux éperonnés, les dendrocygnes veufs, les sternes caspiennes et royales, les goélands railleurs et autres mouettes à tête grise… Alors commence l’estuaire du fleuve. Le temps était idéal, après quelques heures de pluies, l’air était limpide et au coucher du soleil je me suis retrouvé dans une sorte de brouillard lumineux, d’un jaune penétrant, marié à l’ocre des champs de mil, récemment récoltés. Tout cela était féerique, dans un silence absolu. Quel pied!
Je n’ai pu observer un tel brouillard jaune lumineux qu’au Niger sur le pont de Niamey, et tenez vous bien, à Paris, en été, sur le canal St Martin, alors que le soleil se couchait exactement dans l’axe!

Un cordon plein de vitalité

La Langue de Barbarie, sur laquelle les quartiers dits des pêcheurs (Gooxumbath, N’Dar Toute, Guet N’Dar) forment une des trois entités de la cité de Saint-Louis-du-Sénégal (avec N’Dar Guedj, l’île Saint-Louis, et Sor, l’extension continentale). Large de 200 à 400 mètres sur une longueur nord sud d’environ 40 kilomètres depuis les confins mauritaniens, la Langue de Barbarie en sa partie urbanisée est un « segment proximal » qui commence à 3 kilomètres au nord de la ville de Saint-Louis, dans les landes de Sal Sal, et s’étire jusqu’à 1,5 kilomètres au sud, à l’Hydrobase. Cette portion de cordon est aussi la moins protégée de l’océan, avec seulement une pente de 3 à 4%. Et la plus densément peuplée de la cité. Juste au nord des dernières maisons de Gooxumbath, au-delà des séchoirs de poissons et des amoncellements de coquillages ‘yet’, il arrive que la mer tempétueuse franchisse la steppe côtière pour s’engouffrer dans le lagon du delta fluvial.

La côte sénégalo mauritanienne (surtout de Nouakchott à la péninsule dakaroise du Cap vert) est classée parmi les côtes à forte énergie de houle »*. Un courant vigoureux du Nord-Ouest, régulier et haut d’1,5 mètres vient heurter l’infinie plage qui, quasiment sans interruption court de Nouadhibou, sur la frontière marocaine, aux Niayes de la banlieue de Dakar. Générée par des tempêtes d’ouest des hautes latitudes de l’océan Atlantique (55-60° Nord), la houle transporte de très importantes quantités de sable qui façonne le littoral, de mi-octobre à mi-juillet. Avec un paroxysme de puissance en mars et avril, accompagnée de grands vents marins, les alizés. De mai à novembre les vents de l’Atlantique Nord faiblissent pour laisser place aux remontées de la mousson et à un courant du Sud-Ouest moins fort, les houles faiblissent à leur tour.

Du milieu du XIXème à la fin du XXème siècles, le modelage naturel de la Langue de Barbarie était à « l’engraissement »*. On pense que la « faiblesse d’ensemble des houles » y était favorable. Cela n’empêchait pas des brisures dans le cordon, régulièrement tous les quatorze ans ; celles-ci créaient une nouvelle embouchure du fleuve, à environ sept ou huit kilomètres en amont de la précédente, avant que celle-ci ne redescende peu à peu vers le sud, jusqu’à la rupture suivante. Il suffit de voir l’emplacement du phare de Tassinère puis de se rendre à l’embouchure du parc national de la Langue de Barbarie pour comprendre combien ce long cordon vit et bouge… En 1972 par exemple, l’embouchure était à 25 kilomètres de l’île de Saint-Louis ; en 1973, à 15 kilomètres ! En 2002 (un an avant l’ouverture d’une brèche artificielle par l’Etat sénégalais et des techniciens marocains, à 7 kilomètres de la ville), elle était redescendue à 30 kilomètres…

Depuis quelques années – dérèglements climatiques obligent ? Ou cycles naturels?-, la tendance est à l’effritement de la Langue ; le probable renforcement des courants et de la houle éroderaient plus violemment le cordon, et de plus en plus haut.
La Langue de Barbarie serait-elle appelée à se transformer en Radeau de la Méduse ?

Allez sur You tube et tapez: le grand tour saint louis sénégal



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