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Tonton Jean 4

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Le berger peuhl

Entre Dakar et Saint Louis

Entre Dakar et Saint Louis on trouve plusieurs zones:

La zone des Niayes

Avec son troupeau, venu de la vallée du fleuve Sénégal, le berger peuhl rejoint pendant la saison sèche les plaines éternellement herbeuses des Niayes, toutes proches de Gardiol.

Les Niayes sont une zone géographique du nord-ouest du Sénégal, constituée de dunes et de dépressions propices aux cultures maraîchères.
La région se situe dans le sud du Sahel africain et la saison humide y est concentrée sur trois mois (de juillet à septembre). Même si les conditions climatiques sont assez favorables, notamment grâce à la proximité de l’océan une menace de désertification existe, liée au réchauffement climatique global. Des dispositions ont été prises, comme la plantation d’un cordon de filaos destiné à protéger les cultures. Les femmes jouent un rôle significatif dans l’économie de cette région.
La zone des Niayes (de Dakar à Saint-Louis) qui, est créditée de plus de 60 % des récoltes, fournit oignons, pommes de terre, carottes, chou vert, tomates cerises et de table, aubergines, laitue, piment alors que la vallée du fleuve avec ses immenses potentialités est spécialisée dans la production de tomates industrielles, d’oignons et de patates douces.

Psychologie du berger

CHOELO: L’alchimiste

Alors que parassaient les premières lueurs de l’aube, le berger commença à faire avancer son troupeau dans la direction du soleil levant. « ils n’ont jamais à prendre une écision, pensa-il. C’est peut être pour cette raison qu’ils restent près de moi » le seul besoin qu’éprouvaient les boeufs et les vaches de son troupeau, c’était celui de l’eau et de la nourriture ». Et tant que leur berger connaîtrait les meilleurs paturages du Ferlo, il seraient toujours ses amis. Même si tous les jours étaient semblables les uns aux autres, faits de longues heures qui se traînaient entre le lever et le coucher du soleil. Ils se contentaient de nourriture et d’eau, et c’était bien suffisant. En échange ils offraient généreusement leur lait, leur compagnie et de temps en temps leur viande.
« Si d’un moment à l’autre, je me transformais en monstre et me mettais à les tuer un à un, ils ne commenceraient à comprendre qu’une fois le troupeau déjà presque tout entier exterminé, pensa-t-il. Parce qu’ils ont confiance en moi, et qu’ils ont cessé de se fier à leurs propres instincts.
Tout cela parce que c’est moi qui les mène au pâturage ».
« Le probléme, c’est qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils parcourent de nouveaux chemins tous les jours. Il ne s’aperçoivent pas que les paturages ont changé, que les saisons sont différentes. Car ils n’ont d’autres préoccupation que la nourriture et l’eau ».
 » C’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante ».
« Et quand tu veux quelque chose tout l’Univers conspire à réaliser ton désir ».

Il savait que dans quelques heures, le soleil à pic, il allait faire si chaud, qu’il ne pourrait plus mener son troupeau a travers la brousse. Au bout de multiples années passées à parcourir les plaines du Ferlo, du Gandiol et du Dhiéri, il connaissait par coeur tous les villages de la région, et c’était là ce qui donnait un sens à sa vie: voyager.
Il avait envie de courir le monde.

YOU TUBE Francis Cabrel les murs de poussières

Francis Cabrel
Il rêvait d’une ville étrangère,
Une ville de filles et de jeux,
Il voulait vivre d’autre manière dans un monde de jeux.
Le soleil sur les murs de poussières, il n’a pas trouvé mieux.
Il rèvait sur son chemin de pierres, il n’a pas trouvé mieux
J’ai la force qu’il faut pour le faire et j’irai trouver mieux
Il voulait trouver mieux que son lopin de terre, que son viel arbre planté au milieu,
Trouver mieux que la douce lumière le soir près du feu
Qui réchauffait son père, et la troupe entière de ses ayeux
Le soleil sur les murs de poussières, il voulait trouver mieux.
Il n’a pas trouvé mieux,
Il a fait tout le tour de la terre, il a même demandé à Dieu,
J’ai la force qu’il faut pour le faire
Il n’a pas trouvé mieux
Il a fait tout l’amour de la terre, il n’a pas trouvé mieux
Il a croisé des rois de naguère, tout drappés de diamants et de feu.
Mais dans les chàteaux des rois de naguère
Il n’a pas trouver mieux

Il a dit je retourne en arrière, je n’ai pas trouvé ce que je veux
Il a dit je retourne en arrière, il s’est brûlé les yeux
Il s’est brûlé les yeux, sur son lopin de terre, et sur son viel arbre tordu au milieu,
Au reflet de la douce lumière le soir près du feu,
Qui réchauffait son père, et la troupe entière de ses ayeux
Au soleil sur les murs de poussières,
Il s’est brûlé les yeux, brûlé les yeux…

J’ai assisté à plusieurs reprises à l’arrivée d’un troupeau de bovins à proximité du fleuve Sénégal. On aperçoit de loin le troupeau, bien groupé avec son berger, sur le coté. Ce dernier vétu sobrement d’un short et d’un Tshirt, marche pied nu sur le sol sableux; il n’a pour tout bagage qu’une théyère et une paire de savates suspendues aux deux extrémités, d’un baton, qu’il porte en équilibre sur l’épaule.
Alors que le troupeau est encore à une centaine de mètres du fleuve, une vache reniffle l’odeur de l’eau et s’élance au galop. Deux, trois…dix vaches et très vite tout le troupeau galope vers la rive du fleuve.
Et c’est le grand bain, en même temps qu’elles s’abreuvent goûlument.

Les zones de transhumance

Dans le Ferlo

D’une superficie de 70 000 km2 – soit plus d’un tiers du territoire national –, cette vaste région se trouve au sud du bassin du fleuve Sénégal et fait partie de la zone sahélienne.
Le Ferlo est une zone sylvo-pastorale semi-désertique du nord-est du Sénégal, principalement constituée de savane arbustive et arborée très ouverte et périodiquement soumise à des feux. La cueillette et l’agriculture sont en régression, mais on cultive néanmoins du mil, du niébé, de l’arachide, des pastèques et des courges. La gomme arabique est produite à partir de l’exsudat d’acacia. Le Ferlo abrite une variété de peuple: Wolofs, Sérères, Maures et Peuls. La densité de population est faible. Les villages de cases sont rares et isolés.
Le climat y est très chaud, de type tropical, semi-aride; la végétation clairsemée, avec notamment  des baobabs et des épineux, adaptés à la sécheresse. Des paysages de savane sèche, de steppe, et de dune, avec des sols à nu et donc particulièrement vulnérables à l’érosion éolienne et aux UV solaires.  On y rencontre des singes et nombre d’oiseaux, dont des grands calaos. Les chèvres y disputent de maigres pousses aux troupeaux de zébus menés par les bergers peuls.

Le Ferlo est en effet une ancienne zone de transhumance et de sécurité des bergers peuls. La population y pratique l’élevage extensif. , et dans le cadre de la politique d’hydraulique pastorale, avec la Sonafor nous y avions réalisé toute une campagne de forages à des profondeurs de l’ordre de 200 mètres, permettant de puiser dans la nappe d’eau du quaternaire et d’alimenter des abreuvoirs pour le bétail, construits à proximité.

Avec un peu plus de 13.000 habitants Linguère fait figure de très grande ville dans cette région démunie, où les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles; elle a été désenclavée par la voie férrée reliant Dakar à Saint-Louis, autrefois gérée et construite par la Cie du chemin de fer de Dakar à Saint-Louis, sur financement canadien (première ligne de chemin de fer en Afrique Occidentale française)…je l’ai prise, et je m’y suis gelé, tellement la climatisation était forte; et aujourd’hui elle ne fonctionne malheureusement plus.

Dans le Diéri

Diéri est un terme géographique d’origine toucouleur qui désigne les terres non inondables de la vallée d’un fleuve.
Ces zones de cultures sèches sont généralement les plus menacées, car entièrement dépendantes de la pluviométrie (hivernage), c’est pourquoi on parle aussi de « cultures pluviales ». Éloignées du fleuve, jamais inondées, elles sont cependant propices à l’élevage et aux cultures maraîchères.
Le diéri sénégalais est sans doute le plus connu. Il se situe le long du fleuve Sénégal, approximativement entre Dagana et Matam, vers le sud, en direction du Ferlo. Mais on rencontre également cette forme de paysage dans d’autres contrées sahéliennes, telles que la Mauritanie.


Il est peuplé essentiellement des pasteurs, notamment des peuls, qui font transiter leur troupeau de bœufs vers le fleuve et des agriculteurs qui exploitent les rives du fleuve.
Leurs conditions de vie y sont très précaires.
– Les distances entre les villages peuvent parfois atteindre 50 km…
– Le poste de santé est largement insuffisant avec peu de moyen. Le matériel a besoin d’être renouvelé.
– Les maternités et cases de santé sont souvent fermées faute de personnel.
– L’hôpital régional est à… Saint-Louis.

L’État sénégalais tente de désenclaver cet endroit par une agriculture irriguée et le développement de laiteries. Difficilement à cause de son isolement et de la sécheresse

Dans un domaine de type sahélien, le sol est pauvre, car constitué essentiellement de sable, de dunes. La végétation clairsemée est ligneuse éparse et à dominances mimosacées. Les forêts sont en voie de disparition à cause de la forte demande en charbon de bois. Pourtant ces forêts sont nécessaires pour l’environnement car elles empêchent l’avancée du désert et protège le fleuve Sénégal.

De Saint Louis à Kidira

Nous avons dormi à l’ hôtel de la Poste, la dernière adresse de l’Aéropostale, avant la traversée de l’Atlantique.

En passant la porte d’entrée, on est saisi par la beauté des deux tigres en faïence, judicieucement colorés, de part et d’autre.
Et par la classe du bar: meubles de style colonial, trophés de chasse (massacre), défenses d’eléphant en ivoire, photos de l’Aéropostale en noir et blanc.

Saint Exupéry y avait sa chambre. C’est dans celle-ci que j’ai passé la nuit. Où, me transcendant en Saint Ex, je rendais les hommages à une belle Signares, peut être son arrière-petite-fille, qui s’envoyait en l’air, sur l’air d’une chanson bien connue de toutes les hôtesse de l’air:  « Elle  préfère l’amour en l’air, à l’abri des tracas ordinaire, etc…». Au moment de l’extase, le temps suspend son vol et je visualise les visages souriants des fantômes bienveillants de ses arrière-grand-parents, souriant derrière le hublot de la célèbre chambre “Saint Exupery“…Wallaye ! Il s’en passe de belles, à l’hôtel de la Poste !
Je présume que la nuit deTonton Jean, dans la chambre de Mermoz, fût nettement plus calme. Quoique?

Le lendemain matin de bonne heure, direction vers la frontière du Mali, la route est longue, mais on ne peut pas la perdre, elle suit le fleuve Sénegal et dans n’importe laquelle des nombreuses villes qui s’y succédent nous pourrons trouver à boire, à manger, à dormir…Nous nous arrêtons à la CSS companie sucriére du Sénegal, qui exploite, le long du fleuve 10.000.000 ha en plantations de canna à sucre. Nous garrant au parking, nous constatons que tous les véhicules en stationnement sont recouverts d’une fine couche de cendre provenant de l’usine de sucre. Cette cendre est du reste en suspension dans l’athmosphère. Il fait une chaleur torride. En bref on ne peut pas dire que les conditions sont favorables à une vie épanouie. Quand on pense que la CSS emploit plusieurs centaines de personne, on peut les plaindre.Même s’ils y ont contruit un joli club-house et une grande piscine. Et même s’ils ont en projet de faire un golf en bagasse (résidu du traitement de la canne).
Nous on passait juste pour dire bonjour à l’institutrice.

Après avoir traversé la zone du Diéri, nous atteignons Kidira dans la soirée, et passons au Mali par le grand pont tout neuf, qui remplace avantageusement depuis quelques années le vieux bac. En évitant ainsi aux voyageurs des heures, parfois des jours, d’attente.

Fin du périple

À partir de là, le reste du trajet pour rejoindre Niamey ne présente pas de difficultés. Nous mettons notre Toyota Hilux sur le train, jusqu’à Bamako. Puis il nous reste à rouler, sur le goudron jusqu’à Niamey. Malgré tout, après être passés à la « Cascade » pour picoler et dîner, Tonton Jean et moi sommes un peu crevés. Quant à Sido, notre fidèle Sido, il tient la forme…Il nous dépose à la villa de Kouara-Kano, où nous réveillons Awa, qui m’attendait avec un rouleau à pâtisserie à la main. Elle était donc rentrée de ses vacances à Conakry, dans son pays natal, la Guinée. Son père, inspecteur de police sous Sékou Touré, l’infâme dictateur, venait de mourir à l’âge de 48 ans (l’espérance de vie en Afrique à l’époque). C’était également mon âge, comme je le faisais remarquer à Awa. Et aujourd’hui, 28 ans après je suis toujours vivant…Pourvu que ça dure…L’allongement de la durée de vie contribue-t-il au développement du Genre Humain ? La question est posée…

A cause des difficultés de communication, Awa n’avait appris la mort de son père que trois mois après, par la poste. Elle était donc rentrée au pays, pour y retrouver sa famille, sa mère, ses sœurs et ses frères…Elle revenait au Niger, avec je l’imagine l’obsession d’avoir à envoyer à sa famille chaque mois, un mandat postal, leur permettant au minimum de survivre…Complètement déstabilisée par mon absence, à son retour, elle me priait lorsque je l’appelais, de rentrer sans délai, comme je l’ai souligné plus haut. Je suppose que mon retour, était à ses yeux, d’autant plus nécessaire que les réponses aux questions qu’elle se posait et qu’elle posait aux gardiens et à ses copines (elles se racontent tout, toujours), ne laissaient pas de l’inquiéter sur la stabilité, et donc sur l’avenir de notre couple. Voilà pourquoi, elle entrait en furie dès notre retour à la villa. Tonton Jean, qui n’appréciait pas d’avoir à supporter de telles scènes de ménage décidait donc de rentrer prestement chez lui, en France, et prenait l’avion le surlendemain. Comme j’avais payé, chaque jour, tous les frais du voyage pendant trois semaines, il m’offrait d’en prendre en charge la moitié. J’acceptais le principe et devait lui envoyer prochainement le montant des sorties de caisse, divisé par deux.  Objectivement, il a trouvé la note un peu lourde. Mais en tout cas, il était enchanté de notre périple, me confiait qu’il avait trouvé charmant et dévoué mon fidèle Sido, mais avait été réellement époustouflé, par notre libertinage sexuel. Moraliste, il ajoutait que ce n’était pas une conduite correcte vis à vis d’Awa, ma compagne. Et qu’il comprenait son courroux. « Bien vu Tonton, mais ici ç’est comme ça qu’on vit, nous les expatriés célibataires. Et comme dirait Sido : c’est l’Afrique Patron ! Wallaye !». 

Bye-bye Awa!

Une fois Tonton Jean parti, la situation avec Awa ne s’améliore que très lentement. J’observe, sans m’en formaliser (dans toute union, il faut un certain degré de liberté) qu’elle me demande souvent, et de plus en plus, de lui envoyer Sido avec la voiture, l’après-midi, pendant mes heures de travail. Elle prend alors soin de se faire une beauté, bien propre, bien maquillée, bien habillée, bref en toute beauté.  Quand on arrive au restaurant pour le repas de midi, elle prend l’habitude de manifester une certaine indépendance à mon égard en allant saluer seule, et discuter avec un groupe d’expatriés, qu’elle a l’air de mieux connaître que moi…

Et j’ai carrément l’impression, qu’ils se moquent de moi. Je n’apprécie pas, mais me dis que ça finira bien par passer. Et j’adopte une conduite exemplaire à son égard. Mais un soir, ça se dégrade sérieusement. Je vois Awa sortir discrètement par le jardin, et monter dans la voiture, Sido est au volant. Je m’empresse de lui demander où elle va ? Refus obstiné de répondre, et elle à l’outrecuidance d’intimer à mon fidèle Sido de démarrer.  Je saisis la poignée de la portière : elle est fermée à clef! Mais la fenêtre, elle est ouverte. Je me penche à l’intérieur et saisie l’infidèle sous les épaules pour la sortir de force de l’habitacle. Son buste est déjà engagé à moitié dehors, lorsque survient mon fils Moana, qui m’écarte, demande à Awa de se remettre sur son siège, et la prie de descendre. Obstinée, bouleversée, mais digne, et superbe dans sa dignité, elle rentre dans la villa et va se réfugier dans notre chambre, qu’elle ferme évidemment à clef. Le temps passe…jour après jour : moto, boulot, dodo. Awa reste claustrée à la maison, muette et distante. 

C’est pas la joie ! Puis peu à peu la situation paraît se détendre, l’oiseau sort de son nid. Mais un beau jour, lorsque je rentre du travail : elle a disparue et emporté quelques affaires, dans une grande valise. Alors que j’aurais pu me consoler entre les bras d’une autre gazelle, je décide de rester pour dormir seul, à la maison. J’ai vraiment horreur de ce genre de situation, qui frôle la rupture : dormir seul en pensant que la femme que j’aime est en train de passer la nuit entre les bras d’un autre individu ! J’ai vécu plusieurs fois de telles nuits . À Tahiti avec Gordana, et puis avec Maeva, et avec Marjolaine etc… Et bien d’autres allaient suivre…

Pas vraiment facile de s’endormir avec une âme sensible comme la mienne !
Le lendemain, à midi je me pointe à la Cascade. Mon ami Jacques est accoudé au bar, je le soupçonne d’avoir passé la nuit avec Awa. Je lui fais part de mon inquiétude et il se marre ! « Mais quoi, c’est devant toi et tu ne le vois pas ? ». Devant moi ? » « Mais regarde là, au fond de la salle ! ». Je me décale par rapport au poteau qui me cachait… devinez quoi ?  Tim et Awa attablés ensemble…. Tim est un allemand qui a un job au Niger semblable au mien : ingénieur il gère un programme de la coopération allemande au Niger. C’est un ami épisodique, que nous avons connu ensemble Awa et moi. Je m’approche de leur table, je fais la bise à Awa et j’engage la discussion. Quelques banalités, bla, bla, bla. C’est alors que Tim m’interrompt : « Xavier, j’espère que tu ne vas pas faire de problème pour ça ? »  « Quoi ça, Tim, qu’est-ce que tu veux dire ? »
Pour moi, ça ne faisait aucun doute, Awa était à la Cascade, puis lorsque Tim est arrivé, il l’a invitée tout naturellement. Et le voilà qui m’explique qu’ils ont passé la nuit ensemble, et qu’ils sont venus à la Cascade pour me parler ! Awa n’a jusqu’alors pas prononcé un mot. “Bon Tim, Ok je comprends et ça ne me fait pas plaisir.  Mais chacun est libre de vivre comme il le veut, n’est-ce pas ?“ Et puis pour abréger cette conversation désagréable je lui assène cette vérité d’une très grande sagesse : « il vaut mieux être deux sur un bon coup, que seul sur un mauvais !». Et pour Awa : « pas grave, une de perdue, dix de retrouvées ». Là-dessus, comme ils sentent que ça peut mal tourner (ils ont fini leur dessert), ils quittent la table. La roue tourne, c’est la Vie qui passe…

Mais quelle n’est pas ma surprise lorsque la semaine suivante, rentré du travail je vois Awa arriver à la villa en taxi, elle veut me parler calmement et sérieusement. On va donc s’installer tranquillement sous la pergola, à côté de la piscine, Awa se lève et me ramène une bière.

« Xavier, je n’ai qu’une question à te poser ».« Oui, Awa, je t’en prie »

« Xavier, veux tu m’honorer en te mariant avec moi ? » Je suis encore intérieurement furieux de ce qu’elle m’a fait en couchant avec Tim, et en sortant du restaurant sans un mot, sans un regard. Et ça je ne lui pardonnerai pas. Je lui réponds que je ne veux pas l’épouser, et lui demande de prendre ses affaires restantes dans notre chambre. Sido va la raccompagner à l’hôtel de Tim, l’hôtel Gaweye, le plus smart, le “number one“ du Niger. Adieu, Awa, porte toi bien… Et je me rends à la Cascade pour le dîner..Peu après, c’est Sylvette, la fille d’un collègue travaillant à l’ORSTOM, qui se pointe à la Cascade et elle me demande comment ça va. Alors je lui raconte la scène ci-dessus. Et elle conclue :« vous les hommes, vous êtes tous pareils. On dirait que vous n’avez pas de cœur ». Une phrase que j’entendrais plusieurs fois dans ma vie. La fin de mon chantier approchant je vais me consacrer à la rédaction de mon rapport final, ce qui est toujours difficile, en m’appuyant, car la rédaction doit coller à la réalité, sur les comptes rendus hebdomadaires des réunions de chantier, sur toutes les correspondances…bla,bla,bla, sur les fiches de contrôle de qualité et de quantité, sur les ordres de services, sans oublier les contrôles mensuels des demandes de paiement de l’entreprise. Et aussi les rapports relatifs aux différents experts techniques venus en cours de mission de France et de Navarre. Et enfin terminer sur les opérations de réception et de démarrage, et de réglage de la nouvelle station de traitement.

Enfin, pour sortir de l’ordinaire, au lieu de remettre mon rapport sous forme de feuilles assemblées avec un reliure spirale, en plastique, j’utilise les matériaux locaux : je produits mon rapport et ses annexes dans une chemise extérieure en cuir du Niger, de la meilleure qualité car travaillée à la main et cerise sur le gâteau, la réalisation, également à la main du titre en lettres dorées à la feuille, encastrées à la gouge dans l’épaisseur de la couverture. Résultat : un dossier épais, sentant bon le cuir neuf, et le sable chaud, très agréable à regarder, à caresser du bout des doigts et surtout très original, sortant de centaines d’années de savoir-faire des artisans bijoutiers de Niamey et de Tombouctou.  Maintenant avec la fin de ce contrat, c’est aussi la fin des avantages qui s’y rattachent. 

Soit sur l’air de « adieu veaux, vaches, cochons » :
Adieu villa, piscine carrelée et climatisation
Jardin fleuri, chaises longues et bar bien garni
Antenne satellitaire de trois mètres de diamètres 
Adieu Toyota Hilux et chauffeurs dévoués

Bye, bye gardiens armés et enturbannés
Bye, bye jardinier, piscinier, cuisinier
Bye, bye collaborateurs actifs ou parfois oisifs
Bye, bye Société des eaux et tes beaux bureaux.                                                 
                                           .
Il me reste cependant ma Ténéré 600 et mon casque intégral, mes amis de la Cascade, les gazelles de la Croisette, et un cœur gros comme ça… avec un compte en banque bien garni.

Je bénéficie de tous ces avantages encore quelques jours, puis je quitte la villa, que l’entreprise va louer pour ses chefs de nouveaux chantiers. Et lorsqu’ils arrivent, je leur chante sur l’air du temps béni des colonies, de Michel Sardou : 

“Moi Messieurs j’ai fourni de l’eau, Dakar, Conakry, Bamako
Moi, Messieurs j’ai eu la belle vie, au temps béni chez nos amis
J’en ai gagné des XOF au temps béni de l’AOF
J’avais mon compte bien garni, au temps béni des colonies !

Moi Messieurs j’ai tué des panthères, à Tombouctou sur le Niger
Et des rhinos dans l’Oubangui, au temps béni des colonies,
Autrefois à Madagascar, j’avais des tas de serviteurs noirs,
Et sept filles dans mon lit, au temps béni-iii des colonies.” 

Et je pars m’installer dans un studio, en face de la Cascade, que je loue à Jean Pierre. Mais je dois dire que ma première nuit n’a pas laissé de m’inquiéter. Voilà ce qui s’est passé : ne m’étant pas couché trop tard, je suis réveillé vers minuit par un bruit venant de la porte vitrée, protégée par une grille.  Quelque chose bouge à l’extérieur. Je me frotte les yeux, et réalise qu’un type escalade cette grille et disparaît en haut, sans doute sur une terrasse. Je suis inquiet, je sors et escalade la grille, jusqu’à passer la tête au niveau de la terrasse. Et là, je suis plutôt surpris, une bonne vingtaine de personnes sont étendues, apparemment toutes endormies ! Je redescends sans faire de bruit, une fois à l’intérieur du studio, j’appelle Jean Pierre au téléphone, et lui expose les faits.
« Ne t’inquiète pas Xavier, J’ai oublié de te prévenir, ce sont des gars du quartier. Il fait trop chaud pour qu’ils dorment chez eux à l’intérieur. Alors ils dorment sur la terrasse, sans risquer d’être dérangés par la police. Je les connais tous, tu n’as pas de soucis à te faire. Attends j’en appelle un. Un peu après, il arrive et il monte lui aussi sur la grille et disparaît sur la terrasse. Le revoilà avec un gars derrière lui. On se salue, le gars m’explique son truc, et m’indique qu’au moindre soucis je peux compter sur lui et les autres dormeurs. Finalement, c’est très bien, une bonne protection contre les voleurs ou les voyous. « Allez, d’accord, pas de problème, retournez dormir, et bonne nuit ». « Bon salut Jean Pierre, merci d’être venu si tard me rassurer, bonne nuit et à demain ». A ce stade, je n’ai pas encore rencontré Bintou…Je dors donc seul dans le studio, ou parfois en compagnie d’une jolie grenouillette. Celles de la Cascade, des amies d’Awa sont toutes au courant de notre rupture, et je deviens la cible de toutes leurs attentions. On me connaît, je suis gentil, j’offre volontiers des bières, et comme la plupart des célibataires, j’apprécie, c’est sûr, la compagnie des Grenouillettes. Elles m’ont du reste donné un surnom, comme j’ai pu l’apprendre un soir qu’Awa défilait comme mannequin pour la présentation des modèles d’alpha Di, le grand couturier nigérien de classe internationale. Il s’adressait à moi, en m’appelant M. Blou. « Mais Mr Di pourquoi m’appelez-vous comme ça, M. Blou ? ». « Ce sont les filles qui vous appellent M. Blou », répondit-il. Mais pourquoi ? Il ne sait pas !

En fait, il le savait très bien. Mais ne voulait pas me le dire .                                . 
J’ai réfléchi, « blou, blou, blou » et un titre de film qui cartonnait en 1968 me revint en mémoire : « Blow up », et je me rappelais aussi une copine libérienne d’un soir, fille d’un chef de l’ethnie Krahn, qui voulait s‘installer à demeure dans ma case à Nzérékoré et pour me convaincre répétait : « I want to blow you » “je veux te sucer“, et elle joignait le geste à la parole. C’était une bonne manière, bien explicite de m’aider à améliorer mon vocabulaire en anglais ! « Yes, please, blow me up, baby ». Donc, c’était clair, les grenouillettes, à Niamey m’avaient surnommé Mistler Blow. Il vaut mieux entendre ça que d’être sourd. Et elles ne demandaient que ça…La vie est dure… hop, une turlutte; Olé !                                  !
Et comme le disait mon fidèle Sido : Ç’est l’Afrique Patron !

Autre anecdote : un soir à l’heure de l’apéritif, sur la terrasse de l’hôtel « Le Niger » je fais la connaissance d’une Grenouillette, qui est avec son frangin, un type très sympa. Il me trouve vachement bien,  et je lui rends la politesse en déclarant à sa sœur : « j’aime vachement ton frangin ! ». Du coup, elle adopte à mon endroit une attitude très positive. Tellement positive, que je me prends à avoir envie d’adopter à son envers, une attitude très positive  également.

également.                                              .
Je lui donne alors rendez-vous pour le lendemain à mon studio, en face de la Cascade. Mais, le problème, c’est que démangée par une envie pressante (d’un billet rouge), elle avait décidé de venir tout de suite et présentement elle toquait à ma porte. Je réalise, que n’ayant pas fait le ménage, les effets intimes de ma compagne de la veille traînaient sur le plancher (après sa douche elle avait, en effet, enfilée une tenue de rechange, pour aller en boîte). Ni une, ni deux je pousse slip et soutien- gorge sous la table de chevet, dont je rabats la nappe, pour les distraire de la vue de l’impétrante. Puis je lui ouvre la porte, et lui indique à sa demande la porte des toilettes. Quand elle ressort, dans le plus simple appareil, c’est à mon tour d’aller me doucher, et de ressortir au garde à vous, dans le plus simple appareil. Juste avant l’instant fatidique, où elle sera mienne, elle a la mauvaise idée, de soulever avec sa main libre, la nappe de la table ! Patatrac, Enfer et Damnation ! La voilà qui agite sous mes yeux, de la main droite, un slip en dentelle de jeune femme, et de la main gauche un soutien-gorge affriolant, de taille honorable. Qu’est-ce que c’est que ça?

 Je bredouille : « je ne sais pas, ce n’était pas là toute à l’heure. Sûrement quelqu’un qui a déposé ça pendant mon absence ». Elle s’énerve après moi, et commence à se rhabiller. Pour ne pas être en reste, je lui dis avec conviction :« Mets-toi une plume dans le cul, et tu voleras comme un aigle ». Manifestement elle n’a pas l’air de comprendre la sagesse de ce vieil adage bouddhiste. Elle quitte la piste, sans même me faire la bise. Ç’est l’Afrique Patron…





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