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Tonton Jean 1

Tonton Jean

Tonton Jean a terminé sa carrière dans la Marine, au grade de pharmacien chimiste principal, avec cinq galons sur l’épaule. Depuis qu’il est retraité il est bloqué la plupart du temps dans son appartement à Toulon, à cause d’une mauvaise maladie, qui le fait souffrir d’une heure après son réveil jusqu’au coucher du sommeil.
Alors, il a envie de bouger, de voyager, pour se changer les idées.
A Toulon nous élaborons ensemble un audacieux roadtrip: Niamey – Dakar par le sud, puis retour Dakar-Niamey par le nord. Je regagne Niamey, séance tenante pour m’occuper de la construction de la station de traitement, et pour préparer le voyage qui débutera dans quinze jours. Je me mettrai en congé pour le mois de janvier. Tonton Jean me rejoindra par UTA, juste après les fêtes.
Nous aurons un 4×4 Toyota Hilux du projet, et mon chauffeur Sido. Pour le 4×4 j’ai le choix entre 10 véhicules, ceux de mon projet, plus ceux d’un autre projet en attente. Quant à Awa, elle est partie en Guinée pour revoir sa famille, tout le mois de janvier. Tout va bien, le genre de voyage que nous allons entreprendre, est préférable entre hommes seulement: d’une part, rouler toute la journée est fatiguant pour une femme, et d’autres part célibataire pendant un mois, j’ai envie de disperser mes gènes, au gré des étapes journalières, à loisir et en toute liberté.

Olé, la voie est libre et Tonton Jean se pose à Niamey, le 2 janvier1994, vers 14h.
Avec Sido, nous décidons de partir dès le lendemain. Tonton Jean a une belle chambre, sur piscine dans la villa, située au bout d’un couloir; il ne sera pas dérangé par mon partenariat d’un soir avec une jeune et jolie gazelle, et ne la verra pas s’éclipser enchantée mais en silence au petit matin…
Le voyage démarre sous de bons hospices.
On se retrouve tous les trois Tonton Jean, Sido et moi pour un bon petit déjeuner préparé et servi sous la tonnelle de bougainvillés par Amidou, boy cuisinier n⁰1.
Le temps de se relaxer dans la piscine, puis de prendre sa douche, s’habiller et préparer ses affaires pour le voyage, nous nous rendons au parking des 10 4×4 Toyota Hilux, et sélectionnons le meilleur par essais démarreur, moteur, examen des pneus, climatisation, radio, couleur des banquettes, qualité de la peinture, look d’ensemble…En plus de sa roue de secours, nous en ajoutons une autre, positionnée sur le plateau arrière, où nous transporterons aussi deux lits picots pour les nuits en brousse. Par sécurité, Sido dormira dans la cabine de la voiture. Et une table pliante quatre places, avec plateau et siège incorporés. Et encore trois jerricans de 20 litres d’eau du robinet.
Puis je conduis notre 4×4, bien chargé, à la maison, pendant que Sido rentre le sien au garage.
Il nous reste à charger en cabine, nos effets personnels avec en particulier une lampe à recharge solaire, avec son panneau et une torche à pile pour chacun. Quelques victuailles, une bouteille de rosé, pour moi et une de pastis pour Tonton Jean. Et bien sûr les inévitables bières Brakina , brassées au Burkina Faso voisin.
Sans oublier, bien évidement les bouteilles d’eau de source.
Enfin, c’est le départ du trio à midi pile: tonton Jean 70 ans, moi 50 ans et Sido la quarantaine. Sacrée équipe prête à dérouler prés de 6.000 km en 30 jours.

Banzaï!
Il fait beau, il fait chaud, la route est belle, la vie aussi! Olé, en route vers de nouvelles aventures!

Première halte à la station service pour faire le plein. Seconde halte, à la sortie de la ville à la fabrique de glace carbonique, pour y acheter un bloc de 500 grammes que nous glissons dans la glacière. Ainsi nos denrées et nos bouteilles seront gardées au frais pendant plusieurs jours.
Puis nous enquillons la route nationale n⁰1, direction le Bénin.
Aprés une cinquantaine de kms, nous faisons halte pour manger debouts devant la nourriture et les boissons, disposées sur le rabattant ouvert du plateau arrière. Le rosé de Provence est bu à satiété, accompagné de fines tranches de jambon fumé. Sido,lui, ne boit pas pour deux raisons: il est muslim, il est chauffeur.
Il fait de plus en plus chaud, le soleil est écrasant. Le rosé, 45 degrés au soleil, aussi… Nous remontons dans le cabin-cruiser, et nous affalons sur nos banquettes avant pour moi, arrière pour Tonton Jean. De part et d’autre de la route, un prestigieux tapis de fleurs, d’herbes et de lianes rampantes. Sur cette surface à l’engageant aspect, des myriades de papillons palpitent au soleil…
Nous somnolons, Sido roule, avec la consigne de ne pas dépasser les 90 km/heure.
Soudain une brusque explosion! Je réalise en sursaut, que le pneu avant gauche vient d’éclater. Nous zig-zagons sur la route déserte. Le mouvement s’amplifie à chaque période, et soudainement le véhicule sort de la route, dévale tout droit le talus , et s’enfonce à toute vitesse dans la brousse. Nous voyons défiler, la végétation autour de nous, et par réflexe, chacun appréhende un arrêt brutal, et se prépare au choc.
Cependant le véhicule ralentit, peu à peu, et ça nous rassure…. quand brutalement c’est le choc attendu, mais beaucoup moins violent, nous avons embouti un arbre. Bruits d’arrêt brutal, de carrosserie froissée, et dans un dernier spasme, du pare-brise qui s’éclate. Donc, Sido et moi prenons les débris en pleine face.

Puis tout s’apaise, « le silence revient et les papillons indifférents reprennent leurs silencieuses sarabandes »
(Saga africaine, Henry de Monfreyd).

Eberlués, nous descendons du véhicule en nous tâtant les os. Plus de peur que de mal. Quelques égratignures sur le visage de Sido, chez moi aussi avec en plus une entaille à la paumette droite. Sur la banquette arrière, heureusement Tonton Jean n’est pas touché. Juste choqué.

Le véhicule est en mauvais état, portière avant gauche défoncée, pare-brise en miettes, et diverses bricoles, mais par bonheur, le moteur tourne.
La reconnaissance des lieux sur la trace laissée dans la végétation ne formule rien qui puisse nous empêcher de retourner sur la route.
Sido et moi changeons, avant tout la roue avant gauche. Puis après avoir enclenché la marche arrière, et craboté les quatre roues nous rebroussons chemin vers la route. Le talus est remonté en marche arrière également.
Debouts, nous faisons alors le point: je suis découragé, je pense que notre voyage est gâché car ça va prendre du temps et de l’argent pour reconditionner le 4×4 Toyota hilux. Et puis je suis blessé, les officines seront fermées pour les points de soutures.
Tonton Jean, qui est quand même venu de France pour cette randonnée, commence à faire grise mine. On peut le comprendre!
Sido prend alors la parole:
« Mais pourquoi patron? Je ne comprends pas. Des 4×4 Toyota hilux, vous en avez encore neuf, tout neufs au parking. On a pas besoin de réparer, on verra plus tard. On prend un des autres 4×4, on transfert le chargement ce soir et on repart demain matin. Pour votre blessure je vous amène chez médecin sans frontière, il sont ouvert 24/24.
Moi: « Bon sang, mais c’est bien sûr! Bien vu Sido ».
« Patron, cest l’Afrique, y a toujours une solution! »
On se sent tous beaucoup mieux et on rentre à Niamey, sans pare-brise, à vitesse réduite. On passe chez MSF, on me fait les points de suture et on me conseille de me les faire enlever à leur infirmerie à Conakry.
Tout va bien, on va prendre une douche et Sido pourra nous déposer à la Cascade pour fêter le premier jour de notre randonnée. Mais Tonton Jean préfère se coucher: il ne mange pas le soir. En fait je cromprends qu’il évite les restau, car il veut éviter la tentation de trop picoler. J’invite Sido au restau, on mange ensemble comme on le fait en déplacement. Il va faire le transfert de charge dans le nouveau 4×4 Toyota hilux, et passera me prendre après au night club.
Sido:  » Merci pour le repas patron. Eh oui, c’est l’Afrique, et en France, comment auriez vous fait? ». Bonne question!
Je passe une bonne soirée, bien arrosée pour célébrer la vie car nous avons quand même échappé à la mort.
Alors la Baraka, encore une fois?
Sido passe me reprendre, tout est prêt, je demande juste si une jolie gazelle voudrait bien se joindre à moi, pour la nuit?
Elles hésitent en voyant mes points de sutures, puis la plus belle, s’approche de moi:  » mais, qu’est ce qu’il t’est arrivé, Xavier? ». Moi: « Oh rien du tout, je te raconterai demain matin ».
Le lendemain matin je la remercie de ses délicates attentions nocturnes en lui refilant un billet rouge.
Elle s’éclipse discrètement, mais croise quand même Tonton Jean dans le couloir.

Banzaï!
Il fait beau, il fait chaud, la route est belle, la vie aussi! Olé, en route vers de nouvelles aventures!

Le Bénin.
Cette fois-ci tout se passe à merveille, nous roulons sur le pont de Malanville, seul point de franchissement du fleuve Niger, sur une longueur de 400km.
C’est là que sont établis les postes frontières entre le Niger et le Benin. Les formalités effectuées par Sido, à qui nous confions nos passeports (pour moi celui de Fance et l’autre des Nations Unies), se passent très bien, sans même que nous ayons à descendre de la voiture.

www.bénin
Le Bénin est un pays francophone d’Afrique de l’Ouest. Il est le berceau de la religion vaudou, mais aussi le territoire de l’ancien Royaume du Dahomey (environ 1600-1900). 
Nous nous dirigeons maintenant sur la seule route goudronnée, plein Sud vers Cotonou, la capitale du Bénin, que nous atteignons au soleil couchant. Pendant le voyage, Tonton Jean a procédé à moultes reprises au mélange dans une bouteille vide de pastis et d’eau – nous avions oublié de prendre des verres.
A Cotonou, pas de problème nous avons trouvé un bel hôtel, Jean est allé se coucher, et Sido et moi sommes partis en ville dans un restau, puis danser en boîte, d’oû nous avons ramené, lui comme moi, par routine, une copine, jeune et coquine. Sido avait sa chambre au même hôtel.
Le matin, avant de prendre la route, il me questionne en apparté:  » pourquoi vous les blancs vous voulez toujours des jolies filles.
Elles coûtent beaucoup plus cher, que celle que, nous les noirs, nous prenons?
Mais au fond, jolie ou moins jolie, le plaisir est le même, non? ».
« Sido, tu parles de la fin, de l’éjaculation? « 
 » Oui, comme vous dites patron, le reste on s’en fout, la fille, on la reverra jamais. C’est une pute! ».

« OK, j’ai compris Sido ».

Bon, je lui explique:
« Peut être le blanc recherche le plaisir dont tu parles, mais il aime aussi la grâce et la beauté de celles que j’appelle « les gazelles ».
De plus en vieillissant les érections du blanc deviennent plus rares et plus hasardeuses, et demandent des corps fermes, souples et sans défaut.
Et puis il y a ceux qui recherchent de la compagnie, agréable à regarder, à discuter, au restaurant, dans le salon, dans le lit, avant ou après l’amour.
En tout cas, nous on les appellent pas des putes. On les appellent d’abord des gazelles et après des copines. Tu vois? »

« OK, patron, j’ai compris ».

Sur ces bonnes paroles nous nous dirigeons avec Jean, vers la lagune de l’Oueme, un lieux touristique à visiter.Il s’agit d’une étendue d’eau très grande, où l’on trouve des villages lacustres clairsemés sur le plan d’eau.
Chaque maison est isolée, établie sur un ilôt rectangulaire de terre compactée entre des murs de planches en bois.
En face de chacune un ilôt semblable, émergeant d’environ un mètre au dessus des plus hautes eaux, est réservé au bétail bovin.
Les maisons sont séparées les unes des autres par de vastes étendues d’eau, que l’on parcours en pirogue. Des forages d’eau ont été réalisés. Ils sont artésiens c.a.d. qu’ils fournissent de l’eau douce qui sort d’elle même, sans pompage , d’un tuyau émergeant directement du forage.
Les pirogues se présentent donc pour se faire délivrer de l’eau potable, en général dans un drum (un baril) de 200 litres placé à l’avant. On se croiraient à une station service!.
Pendant la saison sèche, le niveau de la lagune baisse, et les vaches, les bœufs, les veaux quittent leur îlot pour aller patûrer sur le sol avoisinant, qui émerge peu à peu.
Ganvié est plus grand village, sur la lagune, il y a en son centre une espèce de grande bâtisse rouge, peut être un casino de jeux, ou un night club.


Retour 5 ans en arrière.
Je me souviens être venu une première fois, au Bénin, cinq ans plus tôt.
C’était pour remettre notre offre, en réponse à un appel d’offres du Ministère de l’Hydraulique, concernant la réalisation de châteaux d’eau et de stations de pompage, précisément pour les villages de la lagune de l’Oueme. Il fallait déposer nos plis au ministère, avant 11 h, le lendemain de mon arrivée.
Un gros dossier en trois exemplaires, soit une douzaine de kilos, pour lequel il me restait à parapher chaque page à la main, soit environ 1000 pages. Et je n’avais pas comme d’habitude une secrétaire, pour me tourner les pages! C’était beaucoup plus long tout seul. Ça m’a pris trois bonnes heures et une crampe au pouce et à l’index.

J’avais aussi une deuxième mission: contacter le colonel Momo bien placé pour nous faire remporter l’appel d’offres (sic).
Je l’ai donc rencontré pour lui demander quel serait son tarif pour son intervention en notre faveur. Il m’a retourné la question en me demandant quel pourcentage du montant total de notre offre, serions nous disposés à lui payer, si nous remportions l’appel d’offres ?
C’était un premier contact, j’ai fais mon rapport puis j’ai passé l’affaire à un collègue. Il faut croire qu’un autre concurrent avait proposé à Momo un pourcentage plus élevé que le nôtre, car nous n’avons pas pu décrocher l’affaire.
Notre offre étant valablement déposée, je pouvais me décontracter et décidais après le repas d’aller en boîte de nuit. On ne se refait pas. J’y rencontre une jeune femme, Amina, apparement une étudiante, simple jolie et sympa, qui parlait un excellent français, parfaitement explicite. De plus sa conversation avait une tournure intellectuelle, elle me plaît aussi pour ça.
Et il me semblait que c’était réciproque.
Nous passons la soirée ensemble, puis la nuit, mais elle n’accepte aucun rapport et ne nous quittons pas de tout le week-end.
Elle m’emmène à Porto Novo, ancienne capitale du Dahomey (l’actuel Benin).
« Cette ville avait été établie pour gérer l’esclavage, à proximité de Ouidah, port sur l’Atlantique et plate forme de départ des captifs vers les Amériques, les Indes, la Chine, et les côtes africaines Est et Ouest. Elle a donc prospéré au temps de l’esclavage. Le roi du Dahomey aurait alors vendu 80% de sa population aux trafiquants étrangers.
Mais avec l’abolition, toute l’économie africaine fondée depuis 1000 ans sur la vente des esclaves capturés à l’intérieur des terres, bascule. Ainsi l’esclavage organisé à Porto Novo étant abandonné, Cotonou, site mieux adapté à la réception des porte-conteneurs, et à l’installation d’une industrie moderne devient la capitale moderne du Bénin. »

Malheureusement, je dois rentrer au Sénégal, lundi, et nous nous séparons le coeur meurtri, désolés de ne pouvoir donner suite à notre idylle naissante.

Après cette longue digression, revenons à Tonton Jean. Nous venons de visiter Ganvié, et les villages de la lagune de l’Ouéme. Il nous faut maintenant atteindre Lome la capitale du Togo, à faible distance de Cotonou.
Cependant, nous ne saurions quitter le Bénin sans goûter sa spécialité culinaire, connue au moins dans toute l’afrique de l’Ouest. A savoir: le rat de brousse. C’est une viande de venaison, préparée en ragoût.

Tapez: Benin Agouti.

Voilà, c’est fait. On peut y aller. On sort de Cotonou, et très rapidement on se retrouve à la douane, avec le Togo. Il y a beaucoup de monde car le passage n’est ouvert que quelques heures dans la journée. Avec Sido devant, nous sommes obligés de nous mêler à la foule. Il fait chaud, on est bousculés, et comme tout le monde on transpire au soleil, on mouille notre chemise…
Ce genre de situation, peu agréable, j’arrive en général à l’éviter grâce à Sido, qui identifie rapidement à qui il faut donner un petit billet, pour obtenir une aide efficace, on pourrait dire un passe-droit, habituel pour les blancs. Mais ici Sido est loin de chez lui, et a du mal à s’imposer. Alors au moins cette fois-ci, on fait comme tout le monde! On passe en personne aux guichets. Ça prend du temps, mais finalement on s’en fout, on n’est pas pressé. Dans ce voyage, on est appelé à passer beaucoup de frontières, mais si on sait y faire cela ne se passe pas trop mal: les douaniers tant redoutés des autochtones sont assez souvent sympas avec les français, leurs anciens patrons. Mais cependant pas toujours. Un peu plus loin dans ce récit et sur le terrain, j’aurai l’occasion d’y revenir.

Le Togo
Tapez: wiki togo.
Mais voilà, tout va bien, à nous le Togo. Rapidement rendus dans la capitale: Lomé. Je me rends à l’agence du Groupe, qui nous fait guider par un chauffeur vers un bon hôtel, celui qu’adopte en général les toubabous. Il est situé sur la corniche en bord de mer, et est menacé de destruction totale, déjà en cours, par l’érosion de la houle qui le frappe directement de face.
Le propriétaire, de nationalité russe, nous affecte trois chambres, en retrait de l’océan , et nous passons à table. Nous sommes servies par les deux filles du patron dont la beauté est vantée à travers l’Afrique de l’Ouest. Il faut dire que leurs cheveux blonds et leurs yeux bleus contrastent singulièrement avec le look des beautés locales.
Durant le repas, pris dans la salle à manger, directement menacée car proche du front des éboulements, des camion-bennes, se succèdent pour déverser des enrochements au pied de l’aplomb; ultime tentative, désespérée, pour sauver l’hôtel, de la menace irrémédiable de la houle.
Renseignement pris l’hôtel a été emporté par cette foutue houle, quelque temps après notre passage. Et toute une partie de la corniche aussi. Un togolais nous à affirmé que la côte avait reculé de 300 mètres en 50 ans!.
Pas de sortie nocturne pour notre trio après le repas. On est un peu crevés par la visite de la lagune, la dégustation de l’agouti, forcément arrosée, et le passage en douane. Rideau, dodo…
Demain matin, on part au Ghana.

Le Ghana
Peu de souvenirs concernant notre passage au Ghana. Sinon un grand hôtel de style colonial anglais, et des colons habillés tout en blanc avec des chaussettes montantes.

Allez, tapez wiki Ghana et vous en saurez plus.

La Cote d’Ivoire
En entrant en C.I., je me retrouve en pays connu. Sur la route côtière qui mène à Abidjan, nous traversons un village dénommé Carthage. Cest là où je suis né, en Tunisie. Puis un restaurant au bord de l’eau du nom de La Goulette… autre nom de mon lieu de naissance. Alors, puisqu’il est midi, on s’arrête. Le poisson fumé est vraiment délicieux.
Arrivé à Abidjan, j’appelle au Niger, chez moi. Cest Awa qui répond, elle est rentrée de Guinée depuis plusieurs jours. Elle est furieuse, elle exige mon retour immédiat, des prisonniers viennent de s’évader (air connu) et elle a peur le soir seule à la maison (gardée par trois gardiens, quand même…). Bref, je raccroche, il sera toujours temps d’ en reparler à notre retour.
Pour le moment, nous ne sommes qu’à la moitié du périple.
Bonsoir tout le monde, demain nous serons dans son pays, la Guinée. Avec Sido nous faisons quand même un tour dans les boîtes de Trechville: la cabane bambou, la canne à sucre et le whisky à gogo. Dans cette dernière je me lie d’amitié avec la responsable du bar. Mais le cœur n’y est plus, nous commençons à être passablement fatigués par la route.

La basilique de Yamoussoukro

Parti de bonne heure d’Abidjan, nous nous dirigeons vers la fameuse basilique de Yamoussoukro. Tonton Jean, étant un fervent catholique, nous ne pouvons laisser cette occasion de visiter le plus grand édifice catholique du monde.

https://www.youtube.com/results?search_query=basilique+de+yamoussoukro+côte+d%27ivoire

www.basilique yamoussoukro.

Nous nous gardons à côté du portail d’entrée dans le domaine. Au bout d’une large allée, entièrement placée de marbre, on aperçoit la basilique à faible distance.
Elle se détache clairement sur le terrain environnant, libre de tout végétation. Excepté un tapis de gazon verdoyant, qui s’étant à perte de vue.
On nous ouvre le portail: « voilà, c’est tout droit, vous ne pouvez pas vous tromper. Un kilomètre de marche et vous êtes arrivés. »
« Un kilomètre, mais c’est bien plus près, regardez! ».
Et nous commençons à marcher. Peu à peu la basilique s’impose dans le paysage, puis nous commençons à prendre conscience de ses dimensions…Nous marchons toujours, de grande, elle devient très grande. Nous approchons enfin, d’ici elle est gigantesque, majestueuse dans toute sa puissance. Ça y est nous y sommes, nous sommes au pied de larges et hautes colonnes, colossales. Certaines abritent un ascenseur.
Nous avons bien parcouru un km, mais la basilique est si grande que nous l’avons crue beaucoup plus proche, en l’absence de tout point de repère, dans son environnement uniforme, engazonné.

Wikipedia:
« L’esplanade elliptique, en forme de bras ouverts et accueillants, couvre une superficie de 30 000 m2, entourés de 128 colonnes de 21 m de hauteur et 2,20 m de diamètre. Le grand axe fait 275 m contre 60 m pour le petit axe, plancher au niveau 23,90 m. Les sols reluisants de la basilique sont en marbre importé d’Italie, d’Espagne et du Portugal, à raison de 700 000 m2 ».
You tube, basilique….
Nous entrons et nous nous promenons ça et la, ébahis par la grandeur, le luxe et la majesté des lieux. Tonton Jean plus sensible que nous aux vibrations divines va s’appuyer, debout sur la balustrade proche de l’hôtel et silencieusement il commence à prier.
Un peu plus tard, Sido et moi nous approchons de lui, et je lui tapote doucement l’épaule.  » Vous pouvez me laissez avec le Seigneur, je vous prie! ».
Je comprends, pour moi c’est pareil, ça m’est très désagréable d’être dérangé quand je médite « dans le vide » c.a.d. dans le calme mental.
Bon, un peu plus tard, Tonton Jean sort de l’extase, et on y va.

En tout cas, il a vraiment apprécié cette visite et cette prière dans la basilique de Yamoussoukro, qui traduisait vers la fin de sa vie son retour vers le divin.

Je suis sûr, en écrivant ces lignes, que
là- haut, il pense encore à la basilique et me remercie de ce voyage.
Tout simplement en pensant à moi, comme vous pensez à lui, tout simplement..



San Pedro
San Pedro, est une station balnéaire réputée, à la frontière avec le Libéria. C’est aussi la capitale d’une zone d’exploitation forestière intensive.
Des camions de transport de gigantesques troncs d’arbres, sillonnent la route, à toute allure. Il faut être très attentifs et prudents car les chauffeurs ne maîtrisent pas totalement leur véhicule: ils ne peuvent pas faire de brusques manoeuvres . Attention donc surtout dans les virages. Oui, il ne s’agit pas de semi-remorques, à proprement parlé. Derrière la cabine, et le moteur (appelé tracteur) il n’y a pas de plate-forme. C’est le tronc d’arbre qui sert de châssis: son extrémité avant est reliée à la sellette du tracteur, et son extrémité arrière est calée sur un châssis à 4 roues. Pas facile à conduire et les accidents sont nombreux.
Evidemment les exploitants sont ici chez eux, on le devine à leur comportement, et à leurs puissants 4×4 aux roues surdimensionnées.
Il nous reste assez de temps pour aller à la plage, où la forêt primaire longe le rivage. Nous montons dans une pirogue avec son rameur et remontons une lagune, peuplée d’arbres et de bruits d’oiseaux rares. C’est impressionnant, la densité de végétation, et la hauteur des arbres, dont la canopée absorbe la lumière du soleil. Impressionnant le silence profond, entrecoupé ça et là de cris stridents improbables et innombrables.
Impressionnés, abassourdis et ébahis, nous ressortons de la forêt.
Maintenant, il est l’heure de rentrer à l’hôtel, pour l’apéro et le dîner. Puis avec Sido, nous allons faire un petit tour en ville. Pas moyen d’entraîner Tonton Jean dans nos agapes nocturnes. Pourtant il est jeune, il aurait peut être encore l’âge….
L’hôtel où nous sommes est un hôtel de brousse, mais propre et confortable.
Au milieux de la nuit, je suis réveillé en sursaut par un puissant bruit d’explosion, à proximité de ma tête. Je me lève d’un bond et, sur les nerfs, j’essaye de reprendre mes esprits, embrumés par l’alcool.
Que s’est-il passé? Je ne comprend pas.
Je me calme peu à peu. Le bruit était très fort, et puis maintenant plus rien!. La fille qui m’accompagne, complètement bourrée dors paisiblement. Je ne comprend toujours pas. C’est le silence tout autour. Et puis j’entends un petit sifflement, comme de l’air qui s’échappe. Je remonte avec les mains à l’origine de ce souffle. Bon dieu, mais c’est bien sûr! : le climatiseur archaïque, au dessus du lit à carrément explosé!
Bon tout le monde roupille, je n’ai rien d’autre à faire que de me recoucher. Tant pis pour la clim. De tout façon en forêt, la nuit est fraîche.
Le lendemain matin, la tête dans le cul, je me pointe au petit dej. La voiture est prête déjà chargée, j’avale un grand verre d’eau avec un alka-selzer, un café, et je vais me mettre à l’aise (comme on dit en Guinée), et enfin je me commande une bière fraîche pour me refaire la bouche. Il ne me reste plus qu’à payer la « tropical native » et l’hôtel. Je paye d’avance et Tonton Jean me remboursera. Moi et Jean, on fait 50-50. Pour Sido, tout est gratuit, la bouffe, l’hôtel, …etc mais pas les filles! Lui, il saura mieux négocier, pour son compte, que moi.