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Zanzibar

3 éme week end à Zanzibar

Après une semaine studieuse à Pemba, durant laquelle j’ai pris officiellement ma fonction de chef du projet à Pemba, cette fois-ci je vole de mes propres ailes, vers celle qui m’est promise, je n’en doute pas. Une sorte de sixième sens qui se développe à l’usage. Et je ne risque pas de manquer l’avion pour Zanzibar ce vendredi après-midi. Toutefois durant le dîner, je suis seul à table, en bordure de la plage, seul face à une bougie qui se consume à l’intérieur d’une cruche en verre coloré mais translucide. Le temps passe et le doute s’insinue dans ma self-confiance qui baisse en même temps que la petite flamme vacille. Heureusement, mon culte de la pensée positive recharge mes batteries. À la fin du repas, j’interpelle un serveur, Frenchy, que j’affectionne bien, parce qu’il parle un peu le français : « Frenchy ! Auriez-vous une table près de la piste, s’il vous plaît ? ». « Mais bien sûr, Cher Monsieur, veuillez me suivre, s’il vous plaît ».

Ce sont deux phrases clés que nous aimons, par connivence et accord tacite, employer tous les deux… comme un clin d’œil complice…Il m’installe, solitaire en retrait, à une petite table ronde, comme je l’avais précisé en plein dans l’air marin, qui dissipe la fumée des clopes et des pipes. Je commande une bouteille de champagne et deux flûtes, en attendant Natasha…pour la troisième. Et Frenchy qui comprend l’humour français, se fend la pipe ; il se taille au bar, pour ramener une troisième flûte. Taille, pipe et flûte, comprenne qui pourra ! « Zut, et crotte, crotte et flûte ! » une expression ancienne bien élevée, précédant l’époque du trop usité « ça fait chier » que je déteste.                                 .
J’observe sur la plage, à la lisière de la lumière électrique et de l’ombre de la nuit, un corps de gymnaste qui se contorsionne dans des poses incroyables où se mêlent l’équilibre et la puissance des muscles qui le tiennent.                                 . 
L’homme est torse nu, simplement vêtu d’un sarouel noir. Défiant la pesanteur, il enchaîne l’une après l’autre, avec souplesse et ampleur, des postures ésotériques immobiles qu’il livre au regard surpris du nouvel observateur. Après ce moment extatique, il se déplie et disparaît dans l’ombre, pour reprendre son souffle. A quelques pas, il réapparaît dans la lumière, choisi son endroit ; il est concentré, debout ; il esquisse en gestes souples et subtils l’amorce de son prochain tableau. Encore quelques secondes et il me livre, en souplesse et en force, la construction d’une nouvelle posture ésotérique immobile.                             .
C’est un spectacle captivant : Simplicité de son appareil, la nuit dont il émerge, avec accrochée à ses pas son ombre portée par la lumière, et le silence de l’océan. Sa performance se déroule sans un bruit. Intrigué, je saute sur la plage, en contre bas; à la fin de l’envoi, il vient vers moi, et nous parlons un peu. J’ai trouvé son exhibition palpitante : L’homme sortant de l’ombre océanique pour se proposer à la lumière et aux paillettes dorées. Oui, c’est bien de cela dont il s’agit, m’explique-t-il. Bouddhiste, ceinture noire d’Aïkido, il tente d’attirer l’attention des touristes vers ce sport qu’il vénère, avec l’espoir d’une contribution en retour, de participations à ses cours ou peut-être, pourquoi pas, la rencontre d’un nouvel amour. A propos d’amour, mon sang ne fait qu’un tour et je regagne la terrasse, du restaurant à ma place réservée et surveillée du coin de l’œil par Frenchy. Du coin de l’œil, moi aussi, je fais le tour de la piste de danse et de la terrasse.                                             . 
Eh bien oui, elle est là, la voilà, Natasha, assise, adossée au poteau avec quelques copines. Elle m’a vu et m’adresse un petit geste de la main droite. Je me lève prestement et arrivé à leur table, je l’embrasse sur les deux joues, de même pour ses trois copines. Quelques mots aimables de ma part, je m’excuse de leur piquer leur sœur, mais nous avons mieux à faire à la table surveillée par Frenchy, qui glisse une chaise vers Nashua (son prénom en swahéli) tout en lui souhaitant la bienvenue en français, avec un sourire de la plus extrême courtoisie qui révèle deux rangées d’impeccables dents blanches : « Hello, Mademoiselle ». Le courant passe bien entre nous deux. Dégustant le champagne de France, nous en apprenons l’un sur l’autre. Avant d’en apprendre plus, l’une sur l’autre, espérais-je en aparté. Mais attention nous ne sommes ni au Sénégal, ni au Niger, à chercher un coin discret sur la plage, pour combler nos envies sur le champ. Le moment viendra où ce qui doit arriver arrivera ; alors détendu, je parle de moi, j’adore toujours ça, et mon discours inonde Nashua d’un flot d’ondes positives. Les siennes ne le sont pas moins ; elle vient de fêter ses vingt ans, avec ses trois copines, et elle me remercie pour le champagne qui tombe à pic. De nationalité kenyane, elle habite à Dar Es Salam, mais se partage entre le continent et l’île de Zanzibar, où elle développe une activité de ventes de sacs, chics et chocs, pour les dames de bonne société ; du genre de celui qu’elle a posé dans un coin de notre table ronde.
Quant à moi, je lui explique que je travaille à Pemba, pour l’eau potable au robinet. Et que je me sens bien seul, dans la grande maison, que les Chinois ont mis à ma disposition. Buvons, chantons, dansons. Et malgré ma hanche droite désaxée, je danse comme un dératé, sur les musiques débridées d’un orchestre déchaîné. Les filles me reconnaissent et m’invite à passer de leur côté, avec Nashua, pour chanter au micro, tous en groupe.                             . 
Les bulles de champagne aidant, je rentre peu à peu, dans une quiétude, certes bruyante, mais dont je perçois sans peine le calme sous-jacent, présent dans les yeux de ma compagne, ma danseuse, ma gazelle. Rocher ou brin d’herbe, animal, personne, étoile ou galaxie,  je sens ma vie  se dissoudre dans la Conscience Unique qui englobe  le tout, qui englobe l’Univers. Je le sens au fond de moi-même. Je le sais déjà. Je le suis déjà. Vers ces sensations essentielles, je m’efforcerai d’entraîner Nashua. Maintenant que la musique s’arrête, je redescends sur terre, et retourne vers elle, et ses copines pour un peu plus de bulles joyeuses et danseuses. Il est une heure du matin, l’heure de l’hommage à Freddy Mercury : l’orchestre cède la place au DJ qui envoie l’inoubliable succès de Queens :  « Mama ». Peu après ce morceau, c’est la fermeture ; on coupe la musique, on éteint les lumières, et ne subsiste que l’éclairage de secours. Graduellement les uns après les autres, les convives, seuls ou en couples, voire en petits groupes, s’arrêtent à la sortie de la boîte, s’éternisent dans de derniers échanges, se font des bisous…et partent à pied, ou regagnent leurs voitures. Nashua et moi, marchons lentement vers mon appartement  de Stone Town, passons au pied de la mosquée, devant le groupe de jeunes gens qui veillent sur la sécurité du quartier, donc sur nous et sur moi… Une fois rendu, Nashua et moi nous étendons, l’une contre l’autre sur le grand lit tout blanc et sombrons dans l’inconscience salvatrice encore peuplée d’innombrables bulles de champagne. Le jour se lève, je rouvre les yeux, et vois avec surprise un corps de jeune fille près du mien. Une seconde et je refais surface. Voilà Natasha, les yeux fermés, que je devine apaisée. Elle dort profondément, nue et désirable, je me réveille et la vue de ses petits seins, jeunes, menus, fermes et magnétiques qui m’attirent irrésistiblement. Je les savoure doucement un petit moment, puis j’hésite entre la position du mercenaire, celle du fonctionnaire, ou alors du missionnaire immobile, sans réveiller Natasha qui dort encore du sommeil du juste. Mais ne suis-je pas les trois à la fois : mercenaire à Carthage, fonctionnaire du développement, et missionnaire, chef de mission dans une bonne vingtaine de pays d’Afrique ?
Finalement, doucement Natasha sort peu à peu du sommeil ; elle a encore les yeux clos, mais son bassin commence à bouger, ondule un peu, puis un peu plus et enfin elle se déchaîne, sa bouche grande ouverte se saisissant de mon sexe. Maintenant elle est sur le dos, les jambes relevées et son anus offert à mon index qui la fouraille, tandis qu’elle se branle de plus en plus vite pour libérer son plaisir. J’en profite pour m’introduire dans son pussy et pendant que je vais et je viens entre ses reins, sa bouche entre-ouverte, sans me quitter des yeux, elle exhale un râle continu. Nous pratiquons ainsi quelques minutes et elle change de position, appuyée sur les avant-bras, elle m’offre maintenant sa croupe délicieuse. Puis ce sera la position d’Andromaque, et pour finir la levrette. Elle tourne le buste et la tête pour m’accrocher à son regard.
Elle ne me quitte pas de yeux jusqu’à l’éjaculation que j’égoutte sur son anus. Bien lubrifiée, je peux alors la sodomiser sans trop de mal (lol).
Entre Natasha et moi, ce fût une entrée en matière bien réussie (relol).

Nous voilà bien réveillés, nous pouvons à présent penser au petit déjeuner. Wali a laissé du café soluble, mais je dois me rendre à l’épicerie pour le pain, le lait, le beurre et la confiture. A cette heure-ci un dimanche, les rues sont désertes à Stone Town. Pourtant, à peine sorti de l’appartement surgit d’une ruelle adjacente un officier de police, apparemment pressé ;  il passe devant moi en me dévisageant, et s’éloigne tranquillement. J’atteins l’épicerie, et mes emplettes effectuées je reviens à l’appartement. Natasha a pris sa douche, je l’embrasse sur la bouche. Fraîche comme un gardon elle met les couverts, et chauffe le café. Il ne nous reste plus qu’à beurrer les tartines, et à les manger en dissertant sur les avantages et les inconvénients de la Conscience déconditionnée. Puis nous décidons d’aller au « Traveller » tout proche pour nous baigner, parler dans l’eau et nager un peu. Je réexplique à Natasha que j’habite seul dans une grande maison à Pemba et lui propose de venir y vivre avec moi. Elle n’est pas contre, mais demande à y aller pour voir, afin d’étayer sa décision en toute connaissance de cause. Nous allons donc prendre l’avion dès aujourd’hui, cet après-midi pour Pemba. Un chauffeur me conduit à l’agence, à Zanzibar-centre, ouverte le samedi matin, pour y acheter les billets. Nous allons ensuite à la pizza italienne, et retournons à l’appartement pour prendre nos bagages.

A 16h 30 nous montons dans l’avion et débarquons à 17h à Pemba airport.
Heureusement Natasha avait une tenue de rechange, pour le lendemain, sinon sa mini jupe risquait de faire scandale, dans cette île 100% musulmane. 
Moi, je suis drôlement content d’avoir une compagne avec moi ; en m’évitant la solitude, elle éloignera mes cauchemars et mes peurs chroniques.
Prévenue par le chauffeur, la cuisinière, Harissa, nous a préparé un repas type sur lequel il n’y a rien à redire. Sinon que c’est très pimenté. Le chauffeur qui a mangé dans la cuisine, nous propose une sortie ce soir, dans un dancing situé à Ali Khamis, à proximité de la base de l’entreprise Synohydro, et non loin d’une garnison de l’armée, positionnée à Pemba. Khamis, c’est également le nom de notre chauffeur qui veille sur nous de très près. Le dancing est une vaste cour, délimitée par quatre murs d’une bonne hauteur. Tout au fond, un bâtiment cuisine devant lequel sont positionnées de multiples chaises et tables, et ça sent bon la viande grillée. Nous sommes très bien accueillis et des locaux, hommes et femmes, viennent discuter avec nous. Les cuisinières, délaissant leurs fourneaux s’approchent de Natasha, et elles échangent en swahéli. Les hommes, flattés d’avoir la visite d’un ingénieur étranger, travaillant pour l’alimentation eau de leur île, sont ravis et bien décidé à faciliter ma mission. Bref les gens sont tellement accueillants, courtois et respectueux, qu’on a l’impression de faire partie d’une grande famille. Nous buvons quelques bières fraîches, alors que les autres ne consomment que des boissons sucrées non alcoolisées. 
Pendant ce temps, les militaires en permission entrent dans l’enclos. Ils sont propres et bien coiffés, vêtus dans l’ensemble en bluejeans et chemise ou T-shirt. Plus d’une centaine de bidasses, et pas une seule fille (à part Natasha, et les cuisinières). Ce n’est pas banal ! Alors les hommes, des jeunes gens, dansent tout seuls, sur des musiques modernes, qui ne se dansent pas en couple. Ils ne boivent pas d’alcool. Malgré tout, beaucoup ils sont pris par le rythme et se trémoussent de leur mieux en silence. Pas de bagarre, pas de dispute, on n’entendait à la ronde comme une sorte d’écho, que les pieds des danseurs qui frappaient en cadence, chacun à qui mieux mieux. Un spectacle pour moi inhabituel, mais qui pour eux se renouvelle chaque semaine, le samedi soir. A l’heure réglementaire, après deux heures de danses, le night-club façon Pemba, se vide en quelques minutes, et les danseurs rentrent à pied à Ali Khamis Camp. Nous reviendrons souvent, les samedis soirs, Natasha et moi, déguster des poulets bicyclettes grillés (et pimentés) et danser enlacés sans ostentation. Il arrivait souvent que des militaires viennent respectueusement nous saluer et nous souhaiter un bon séjour. Pemba, une île bien sympathique, où je n’ai jamais entendu de commentaires désobligeants sur notre demi-siècle de différence d’âge. Seul français de l’île de Pemba, j’étais globalement adoubé, et les gens semblaient contents de me voir avec une de leur sœur. Sur le chemin du retour, Khamis nous arrêtait dans un autre restaurant en plein air, où sur réservation on pouvait déguster le lendemain, pour un prix modéré, des langoustes du jour. Illégalement nous apportions de Zanzibar notre bouteille de rosé, cela n’échappait à personne mais la connivence était de règle. D’ailleurs la direction nous fournissait en glaçons. Le temps s’écoulait ainsi, paisiblement à la campagne et jour après jour nos quinze chantiers, disséminés dans l’île, progressaient correctement. Un jour, Natasha me demande de l’accompagner chez le médecin de l’île, domicilié à Chakhe-Chakhe, la capitale. Toujours attentionné, j’emmène ma princesse sur le champ, au cabinet médical. Une brève attente et nous entrons dans le bureau du médecin. Celui-ci est d’emblée très sympathique, me souhaitant la bienvenue et la réussite dans leur île ; et me félicitant en outre sur la beauté de ma fiancée. Il me demande le motif de notre visite, et je laisse la parole à Natasha, qui m’avait au préalable, déjà expliqué son embarras. Il l’écoute attentivement et nous avise qu’il va procéder à un examen gynécologique. Comme nous sommes passés devant quelques clients dans la salle d’attente, je lui suggère de les faire passer avant Natasha, et propose de revenir la chercher dans une heure, environ.« N’en faites rien », me dit-il, « d’une part ces gens peuvent attendre, et d’autres part vous devez rester pendant l’examen pour vérifier que je n’ai aucune conduite déviante ou inappropriée. »                               .
« Les gens, assis dans la salle d’attente ne comprendraient pas, et ne manqueraient pas d’en informer la population. Bref, nous aurions un joli scandale à gérer. Ni vous, ni moi, n’avons besoin de cela. Alors j’ai besoin de votre présence près de la table où j’invite votre chérie à s’allonger maintenant, dans la pièce d’à coté. Je vois ce que cette situation a d’embarrassant pour Natasha, et demande au médecin de me permettre de rester ici, dans son bureau pendant la durée de l’examen. « D’accord, mais je laisse la porte ouverte ! » A la sortie de l’examen, il fait son ordonnance, et s’excuse encore de la situation ; bien des femmes se sont faites violées en Tanzanie durant des examens sans la présence du mari. Je lui indique que je crois savoir qu’en France cela était arrivé également, il n’y a pas si longtemps.                       .
Décidément, ce médecin est vraiment sympa et heureux aussi de discuter avec nous. Courtoisement, il dispense ainsi un cours d’éducation sexuelle et de protection contre les maladies vénériennes. Natasha écoute attentivement, et remercie le docteur de ses explications. Puis la conversation prend un caractère plus général, et j’en apprends beaucoup sur l’île de Pemba, sur Zanzibar et sur la Tanzanie. A sa demande, et pour satisfaire sa curiosité, je parle aussi de moi, de mes voyages dans 25 pays, mes missions et mes rencontres. Il me paraît impressionné, et me suggère d’écrire un livre. Bonne idée, n’est-ce pas ?

On aura compris en lisant les lignes qui précèdent , que nous nous investissions tous les deux dans une relation beaucoup plus longue et intime à Zanzibar tous les week-ends et également à Pemba, où nous aurons vécu, pendant deux mois dans le calme et la tranquillité. Jusqu’au jour , ou plutôt la nuit où nous nous sommes fâchés très fort.

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“ La main passe. C’est la vie ! J’ai l’habitude, je saurais bien me refaire. Une de perdue, dix de retrouvées ! » 

Le comble est atteint lorsque je vois, comme dans un brouillard, mon   rival embrasser ma chérie, sur la bouche. Je me lève immédiatement et m‘approche de  ce nouveau couple, qui marque la fin du mien.  J’insulte copieusement Natasha, mais en anglais, mon éventail d’injures est vite épuisé. Puis je quitte les lieux et me dirige vers la deuxième boîte de l’hôtel, située à quelques mètres. Soudain, je fais machine arrière et retourne vers le night que je viens de quitter. J’avise le groupe de jeunes norvégiens et je les invite à venir parler avec moi. Je veux leur parler de notre couple, Natasha et moi. « Svp, venez, j’ai besoin de vous parler, allons au calme sur la terrasse».   Seuls quelques-uns m’emboîte de nuit (sorry : m’emboîte le pas). « Alors Xavier, de quoi veux-tu nous parler ? »
 » Je veux vous parler de Natasha et moi. Vous voyez, ce que fait votre copain, c’est facile quand on est jeune. Mais il faut réfléchir à la suite. Actuellement elle vit avec moi, et comme je l’aime je suis content d’assurer ses arrières, de l’aider  à développer son bisness, , la vente de sac pour dames, pour qu’elle puisse devenir par la suite autonome. Je vais lui acheter une voiture, lui louer une boutique. Alors votre copain que va-t-il faire d’elle une fois qu’il l’aura baisée ? Expliquez lui tout ça svp ».                                  .
Le groupe est un peu gêné : « Oui, Xavier, nous on y va. On espère que ça va s’arranger pour toi ». Et ils redescendent les escaliers pour retourner en boîte. Je demande au dernier de m’expliquer, où habite toute l’équipe. Puis je me dirige vers l’entrée de la seconde boîte de nuit, à proximité immédiate.                              .
Elle est quasiment déserte, mais une jeune femme est au bar, attendant l’opportunité d’une bonne affaire en cette fin de soirée. Je bois comme un trou pour me consoler, et suis dans un drôle d’état quand je l’invite à danser. Très bien, elle me soutient et me rattrape à plusieurs reprises pour m’empêcher de tomber par terre. La danse enfin terminée, elle va parler au barman, qui me fait signe d’approcher : « tu vois, la fille avec qui tu viens de danser, elle veut savoir si tu as de l’argent ? »
“Oui, appelle la ! Tu peux lui dire que j’en ai des shillings : presque un million, dans mon portefeuille. Regardez “. Et sous leurs yeux ébahis, je l’ouvre mon portefeuille. Ce qu’il ne faut évidemment jamais faire ; pour eux ça représente un an de salaire.                                
Mais le chagrin, l’amour déçu, l’amant cocu, le vin trop bu, j’en ai plein le cul ! 
Je m’accroche au bar. Et je m’décroche. Un hôtel, un plumard, allons au lit, Zigzag à Zozoubar….Olé !                          .
Et nous quittons la boîte pour aller à un autre hôtel en ville. Les chambres du Mbawana étant fermées depuis des lustres. Plus de danseur au Milord, plus personne dehors, le parking est désert; seul un taxi perspicace, attendait le dernier client que j’étais. Je monte donc dans ce taxi avec la danseuse et subitement, grosse surprise : Natasha est là, droite debout,  immobile à la sortie du parking. Je sors de ma torpeur et demande au chauffeur de s’arrêter. Puis sur un ton  furibard hors de moi, je commence à l’invectiver d’injures, sans m’arrêter. Les injures succèdent aux injures, dans un flot continu tandis que Natasha reste figée, muette, droite, et immobile.                                 . …    
Arrivé au bout de mon vocabulaire imagé, je lui en ressert une tirade ; puis encore une rasade. Toujours muette, elle, enfin tourne les talons et s’en va. Lorsque je réfléchis à cette soirée, je réalise que j’ai eu ce défaut qui m’a d’ailleurs déjà été reproché par ailleurs (Barjoline à Tahiti, me traitait de jaloux maladif, lorsque je buvais trop) : je suis si peu sûr de moi, qu’à la moindre alerte, j’imagine le pire. Après tout, peut être que, dans les vapeurs de l’alcool,  j’avais prêté à Natasha un baiser imaginaire avec Markus, mon rival. Et peut-être m’attendait-elle tout simplement pour rentrer  avec moi à l’hôtel ?                                      ??                                                                          ????                                               ?
Quoiqu’il en soit, le taxi nous conduit au Zanzibar Palace Hôtel, où le  veilleur de nuit nous guide vers une chambre éloignée de la réception, au premier étage d’un bloc isolé, où nous ne serrons pas dérangés. Et où nous ne dérangerons personne ! En me jetant sur le lit, mon portefeuille tombe de ma poche, alors d’un rapide coup de pied je le pousse sous le sommier. Je l’ai vu : la gazelle n’a rien vu.                                       .
Et commence une séance de Radada, qui va durer plus d’une heure, avec de multiple changement de positions, de sollicitations, de pressions, intromissions, de soumission et d’exagération (- faut pas pousser, ça suffit comme ça !-)…où je lime comme un malade, sans rien extraire de mes gonades. Il y a quelque chose d’inexplicable à vouloir atteindre absolument la libération finale. Et finalement, je m’abats impuissant, et sombre dans un coma éthylique. Et elle ? Concentré sur moi même, je ne m’en suis pas soucié. Je l’avais plu- tôt regardée comme un corps à utiliser.

Bonne idée, nous acquiesçons. Et un mentor nous sera affecté, il facilitera notre séjour pour toute la journée. Ravis et flattés d’avoir réussi l’examen de passage, nous allons au beau bar pour l’apéritif. Kenyatta, s’approche de la piscine et je l’entends glousser, car elle y retrouve un ami de Nairobi. Auquel elle me présente, séance tenante. Un grand gars, jeune, bien bâti, bodybuildé, d’aspect franc et massif. Je les laisse discuter en Swahéli, et retourne au bar. Puis elle revient et nous passons à table. C’est sûr au Manta Resort on vous sert ce qu’il y a de meilleur (et de plus cher). On ne voit dans le restaurant, que des convives triés sur le volet. Vêtements luxueux, vins onctueux, Kenyatta et moi ne déparons pas au sein de cette clientèle aisée qui parle d’un ton feutré. Kenyatta, ne boit pas contrairement à moi. A la fin du repas on nous présente une bouteille de whisky pure malt, de grande marque : whisky Toumintoul, reconnu des connaisseurs (mais inconnu des déconneurs). Suivi d’un sorbet Colonel à la vodka, sorte de Fernet Branca pour personnes aisées, qui finit de m’achever. 
Pour digérer ce repas de mariage, quoi de mieux qu’un bain de piscine ?
Accompagné de Kenyatta, nous rentrons tous les deux à l’étroit dans une cabine de bain, où j’enfile mon string avec son aide indiscrète qui me donne des frissons dans le dos et élève mes pensées. Le plongeon dans l’eau douce me ramène sur terre, et pour me détendre je fais la planche ; ainsi flottant, les yeux fermés, je me mets à rêver. J’adopte les conseils, la philosophie de cet hôtel, j’éteins, je débranche, je déconnecte, sans aller pour autant jusqu’à me laisser couler. Glou, glou, glou ! non, non, non ! Je suis tiré de ma torpeur par Kenyatta, que j’aime tant, qui m’apostrophe du bord du bassin : « Darling, enlève ton slip! ». “Hein ! Quoi ? Pourquoi ? Comment, qu’est-ce que tu dis ? “ « Enlève ton slip ! Tu te sentiras mieux. » L’alcool, comme on sait est un puissant désinhibiteur :   “ Bon, pourquoi pas j’enlève mon slip, Ok, mais les touristes, le personnel, qu’est-ce qu’ils vont dire ? “. « Pas de souci, ils sont tous partis ». “Ok, voilà j’suis à poil, garde mon string, ?“ « Oui, oui, excuse-moi une minute, je reviens ». Elle revient tellement bien, qu’elle a une caméra à la main. Elle me filme, pour garder un bon souvenir de cette journée mémorable. Ça ne me dérange pas, au contraire, quelle attention touchante de sa part ! Physiquement (quoique..) et psychologiquement, ça fonctionne bien entre nous. Vraiment cool dans la swimming pool. Cependant j’étais loin de me douter que le paradis allait se transformer tout simplement en enfer.                                 . 
En enfer, en effet, car après être allé me rhabiller, je me dirige vers le bar, où j’ai le plaisir de retrouver Kenyatta assise sur son tabouret, un verre à la main… ». Et là, elle m’invective à voix haute : « Alors, tu es content de toi ?  Tu m’as eu comme tu as eu toutes celles que tu as baisé à travers l’Afrique. Tu n’es qu’un con et un salaud, va te faire foutre, connard ». Les yeux et les oreilles dans l’assistance présente dans ce bar se dirigent vers moi. Stupéfait, j’encaisse le choc et furieux je lui réponds, je lui déverse une bordée d’amabilité concentrée. Elle s’approche doucement de moi toujours debout en haut des quelques marches qui séparent le bar de la piscine. Elle me regarde en face, et soudain, frappé aux jambes je m’écrase par terre. Je n’ai rien vu, rien compris, mais je me retrouve impuissant (encore) allongé sur le sol. Toute l’assistance est pétrifiée. Je me remets difficilement sur pied et une fois debout je la menace des pires avanies. Immédiatement elle réitère, et je me retrouve encore par terre, les quatre fers en l’air ! Ça suffit comme ça, je demande au personnel du bar, d’intervenir et je clame bien fort que je suis handicapé de ma jambe droite.
Alors s’il vous plait qu’on arrête cette folle, et qu’on m’aide à me relever.!
Seulement dans ma colère, je m’exprime en français et personne ne me comprend. Sauf notre mentor, qui entraîne le personnel du bar ; il se saisisse, de ma délicieuse compagne, et l’emmène chez le directeur de cet hôtel feutré. Quant à moi, après m’avoir relevé, ils me conduisent vers une table basse, à l’écart, m’aident à m’asseoir et me demande aimablement quelle boisson me ferait plaisir ? “Un jus de fruit de la passion, amélioré au Djinn.  Merci. “              .                                                   Je reste seul dans mon coin, à ruminer après les vicissitudes de l’existence, et la médiocrité de l’espèce humaine. Je suggère au chauffeur, resté à l’extérieur, et alerté par mon mentor, de me ramener à Chake-Chake. Mais il me demande d’attendre Kenyatta, qui ne devrait pas tarder, d’après ce qu’il en sait.                                Effectivement, au bout d’une heure, la star réapparaît accompagnée du directeur. Elle a quand même l’air un peu gênée. Le directeur plaide devant nous pour le pardon, et une sincère réconciliation. A laquelle, je me refuse, mais finalement Kenyatta me présente ses excuses, tant et si bien que je me récuse. Le directeur nous demande alors de nous faire la bise. Aussitôt dit, aussitôt fait, je lui roule une grosse galoche, en tournant sept fois ma langue dans sa bouche ; j’ai conscience qu’à chaque tour je risque le pire : la morsure, la mort sûre. En même temps que ce ramonage buccal, le désir monte en moi : Le désir mu par la vengeance qui exige que je la prenne, là tout suite, avec rage, par un ramonage anal qui lui fasse quand même un peu mal.                                    . 
C’est alors que le directeur avec une grande courtoisie, nous raccompagne à la sortie du Manta Resort, et nous salue aimablement. « Au plaisir  de (surtout ne pas) vous revoir ».                                              . 
Dans la voiture ce n’est pas pareil : j’ai ordonné à la belle de s’asseoir devant, à côté de Khamis. Je projette de la débarquer à 10 km de là, au bout de la piste, dans un tout petit village, là où commence le goudron.  Pour les 50 km restants elle devra se débrouiller seule. Lorsque j’ouvre la portière avant, elle flippe un max (et elle n’a pas tort, les villageois très islamisés ne sont pas toujours très tendres avec les filles de mauvaise vie), elle a peur, me supplie, me dit qu’elle risque sa vie, puis me fait des promesses d’ordre sexuel, que ma discrétion légendaire m’interdit de rapporter ici°. Khamis intervient, me confirme qu’elle risque sa vie, si je l’abandonne ici, etc.  Bon Prince, j’accepte de la ramener à la maison, où elle me promet les délices de Capou, pendant mille et une nuits. Capou, où il y a vingt siècles, j’étais mercenaire pour Hannibal.

Capou, où il y a vingt-deux siècles, j’étais mercenaire pour Hannibal.

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