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Maroc 2001

Marco au Maroc!

« Et quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir ».
Merci Paulo, et merci à l’Univers.

Marco
Surprise, surprise, au bureau à l’ONEP, Faïza me connecte avec Marco, mon camarade motard; nous nous étions un peu perdu de vue depuis notre virée à Tombouctou, il y a trois ou quatre ans.
Il m’annonce son arrivée á Rabat, dans la soirée, accompagné d’une bande de motards, des anciens que j’avais connus au Mali et aussi des nouveaux. Super, je les invite tous à la maison à Haroura, et on se donne rendez vous au Miramar, vers le mileu de l’après midi.
On file chez moi, je fais les présentations, Hagiba, Nadjet, Marco, et sa bande. Il sont 6 en tout.
On rentre les motos au garage, où il y a encore un peu de place à coté des huit Aprilia 50cc du programme.
Je leur suggère à tous de profiter de la douche, et en attendant je discute un peu avec mes deux potes Marco et Patrice, de leur aventures, depuis notre excursion à Tombouctou.

Marco est toujours prof de sociologie (jeunes, villes, emplois) à Parly 2, mais il s’est dégagé assez de temps libre pour aller à Madagascar, à plusieurs reprises, y retrouver une petite amie et la convier, par e.xemple à la traversée du nord au sud de la grande île. Il a en effet une Ténéré 500, en dépôt depuis quelques années dans un garage de Tana car il adore Mada, et fait souvent le voyage. Il adore aussi les malgaches leur convivialité et leurs jeunes pousses..

Quant à Patrice, spécialisé dans l’importation en France de sacs à dos fabriqués en Asie du Sud-Est, il partage son temps entre la Thaïlande, le Laos..etc.

Et maintenant quel est leur programme?
Marco, leader incontournable du groupe, pense à une virée à Marrakech, et dans le Haut Atlas (ça nous rappellera notre galère de 1996), puis retour à Rabat. Et après on verra.
« Bon on en reparle au Miramar pour l’apéro? ».
Alors j’ai tout de suite l’intention de me joindre à eux, pour Marrakech et l’Ouka. Ensuite j’en profiterai pour visiter notre équipe en charge de l’alimentation en eau potable de 200 villages (sur les 450) dans la Province du Haouz.

On pourra rester à Marrakech, 2 ou 3 jours, chez mon ami Yves Lerocher qui y tiend un hôtel pour les voyageurs, et qui pourra donc nous héberger à tarif réduit. De là on montera à l’Oukaïmeden, la station de sky du Maroc. Çe fera une belle balade, sur la petite route goudronnée jusqu’à 2000 m. d’altitude. Ça nous changera aussi du désert notre terrain de jeu habituel.
Tout le monde se frotte les mains en pensant aussi aux plaisirs à venir, demain soir avec les danseuses marrakchi dont la réputation dépasse les frontières.
Donc, on ne va pas tarder ce soir à aller se coucher, de manière à partir à motos, demain au petit matin, avec un 4×4 Toyota hilux du projet en support logistique, et son chauffeur Mustapha.
Cependant avant d’aller dormir je leur propose d’essayer chacun un petite moto Aprillia 50 cc.
« Vous verrez elles sont très chouette. Du même coup nous allons ainsi les roder ».
Et ni une, ni deux 7 motos en ligne font le tour d’Haroura, toutes lumières allumées, en générant, il faut le dire, pas mal de décibels.
A ma demande nous allons tourner aisi pendant 30 minutes.
Et c’est ainsi que nous avons fété entre amis, mes retrouvaille avec Marco, Patrice et les autres. De mémoire d’Harouriens, on n’avait jamais vu un tel étalage de motos toutes neuves !
Maintenant, pour ce soir tout le monde dort à la maison, chez Hajiba et Xavier.
Bonne nuit, les petits.

Le lendemain partis de bonne heure nous arrivons à la ville rose pour le repas de midi.

Hajiba, Xavier fiancés
Je retrouve Hajiba et Nadjet au bar Rennaissance, centre ville, avenue Mohamed V.
Elles me félicitent sincèrement pour ma conversion, étonnée car tout s’était passé si vite. Hajiba est ravie de ce pas fait vers elle, qui va clore le bec de quelques amis grincheux…envieux de notre union transculturelle; l’union non pas de la carpe et du lapin, mais plus vegétalement de la poire et de l’oignon (??..!).
Maintenant pense tout haut Nadjet, « ce qui serait bien Xavier, puisque tu es sur le bon chemin, vous devriez vous fiancer ».
« Excellente idée Nadjet, mais je dois d’abord demander à Biba (diminutif qui vient de me venir à l’esprit):
Alors Hajiba, tu veux bien ».
Biba: « oh, oui Habibi, barak allah oufiq, habibi allil! » Et elle m’embrasse (goûlument) sur la bouche (assoifée de désir). Ça s’arrose! Patron, une tournee, afek!
« Mais comment on fait, on invite cinq cent personnes? » Attention, de fiancer à financer, il n’a qu’un pas ! pensais-je en catimini.
« Pas du tout nous serons 5 ou 6, mes parents (1-2), toi et moi (3-4), Nadjet et ma tante »(5 -6), le compte est bon! Ça sera pas long. »
 » Et moi, je peux pas inviter Marco et mon fils, ils sont là tous les deux à Marrakech? »
OK super, et ce soir on va en boîte, je vais vous présenter Marco et ses six copains, …et mon fils. En tout ça fait (7). Bon je vais les retrouver à leur hôtel pour les avertir, fiançaille demain 17h, on se retrouvera tous ici. »
Pour ce soir, ici 20 h, OK les filles? » « Ouakha, habibi ».
« Allez, à + ».
« A+ Habibi ».
Mustapha qui est allé disuter au bar d’en face, le Milord, revient avec ma voiture et je vais à l’hôtel inviter mes copains et mon fils. La vie est belle, ça va vite, ça me plait du coup, les vitres ouvertes je chante à tue-tête « Ma-a vie d’Alain Barrière », une chanson qui berçait les adolescents de mon àge lancés filles et garçons dans les slow langoureux des années 60… ces slow que nous appellions à Marseille, des « esquiche moi, frotte sec ».


https://youtu.be/F51XnO09ttk

Que de chemin parcouru depuis, sur le long fleuve tranquille de la vie..c’est sûr… Mais parfois plutôt un torrent impétueux.. Et maintenant me voici en route pour mon troisième mariage, ou 4ème (?)! Fiancé à 58 ans avec une danseuse de 18 ans! 40 ans seulement de différence d’àge. Comme le disait Edith Piaf, dans sa grande sagesse, « une différence d’àge, ce n’est jamais qu’une différence d’àge » N’est -ce pas?
Perdu dans ces pensées, nous atteignons l’hôtel des motards. Je suis venu pour inviter Marco et Moana, à mes fiançailles demain à 16 h. Super!
Hélas, quelques instants plus tard, je dois déchanter. Ni l’un, ni l’autre ne souhaite venir. Marco me demande si je suis devenu fou, m’assène qu’Hajiba ma petite princesse, n’a aucun sentiment pour moi, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Quant à mon fils, il en reste coi. Il va faire du skate avec des amis marocains demain à la même heure! Pas de chance pour moi!
Bon tout ça c’est pas grave. Je m’adresse aux 7 potes de Marco: Eh, les copains, ça vous dit une sortie en boîte ce soir en ville?
Y’aurra Hajiba, Nadget et sûrement leurs copines.
Bien sûr, ça les branche, à donf. D’autant plus que dans leur hôtel, au demeurant d’une belle architecture traditionnelle, comme tous les motards à l’arrêt ils commencent par se faire…s’ennuier. Ils voudraient bien B.., B.., et B…Pas de gros mots svp.
Alors rdv au Rennaissance, ce soir a 9h!

L’air est doux ce soir à Marrakech, alors que sur la côte à Haroura il fait encore frisquet. Les orangers sont en fleurs. Beaucoup de monde ce soir, sur l’avenue Mohamed V. On est tout simplement, un samedi soir sur la terre.
La place Jemâ el Fna est investie comme tous les soirs par une foule de restaurants ambulants, éclairées à la lumière des lampes à pétrole. En guise d’apéro, on vous propose des petits escargots cuits sur le tas, ou des jus d’oranges, pressées par les mains expertes d’entrepreneurs individuels, à l’aide d’un pressoir au long manche emmanché d’un seul coup. C’est rapide, efficace, et d’un coût modéré. Il y a aussi des salades diverses et avariées, et en plat de résistance des bouzeloufs, têtes de moutons expressives. Sucer leurs yeux, est bon pour la santé.
Sans oublier les incontournables brochettes, de viandes, de foies et de coeurs qui grillent sur des centaines de BBQ, exhallant leurs odeurs
– appétisantes sur cette place légendaire,
– dont la réputation, n’est certes plus à faire
– depuis des millénaires.
En montant l’escalier étroit du bar panoramique, on a une vue d’ensemble hypnotisante, voir même hypnagogique, de tous ces étals contigus, submergés par des nuages de fumée et d’odeurs; c’est l’invite à se perdre dans un passé composé d’une époque antérieure, commerçant du moyen âge, ou chevalier conquérant, en armure, à la recherche d’une gente damoiselle sur la place du massacre (Jemaâ el Fna).


A présent, j’élargie ma vision vers la grande mosquée, la Koutoubia, entité immobile, voyageant a travers les temps. Au pied de son minaret, sombre et puissant, je pense aux milliards de prières, murmurées à l’appel du muezzin, cinq fois par jour, ici depuis des siècles. La ferveur des générations de fidèles, transpire encore des vieux murs…

Marco, ses copains et mon fils déboulent,, garent leurs motos et s’en viennent prendre un verre, à la terrasse du Renaissance.
Leur soirée s’annonce animée, puisque immédiatement apparraissent, sur un signe de Nadget ou d’Hajiba, de superbes berbères aux cheveux longs, aux yeux cernés de khol, aux sourires engageants..Il est d’ores et déjà clair et entendu, qu’ils ne dormiront pas seuls, ce soir à leur hôtel.
En écrivant ces lignes et en prolongeant par la pensée ouverte, imagée, imaginant ce qu’avait pu être cette nuit là les rencontres intimes entre motards et danseuses, ce qui me renvoie au souvenir de mes ébats les plus marquants avec Hajiba, c’est à dire la première nuit, puis la nuit de l’immobilité décrite ci-dessus, je réalise ce que signifie concrètement l’expression « masturbation intellectuelle ». Ce n’est pas, je crois, sa signification usuelle, « trop fouiller dans sa psyché, culpabiliser, refaire le passé..etc », la vrai masturbation intellectuelle en réponse à la seule évocation, je dis bien évocation (sans tripotage manuel) du plaisir physique passé et qui, pour moi, ne reviendra plus, paraît créer un hiatus dans le cerveau, qui active les zones érogènes, en envoyant au corps des sensations de chaleurs, une certaine tensions et des picotements variés. Dérisoire consolation comparée aux ressentis des bonnes baises du bon vieux temps. Intellectuellement très fatiguant.
Cependant ces fantasmes, fondés sur le souvenir, personne ne peut me les voler, et y trouver refuge de temps en temps peut m’être salutaire, permettant d’éliminer le mauvais et de ne garder que le bon.
Ainsi, moi je ne retiendrai de mes amours avec Hajiba, que la première phase en 2000/2002 quand elle avait 18/20 ans et non la seconde en 2011. Dont je parlerai plus tard.

Les fiançailles
Je retrouve, à l’heure dite, Biba au douar Sheba, a deux pas de Marrakech, où habitent son père et sa mère…et toute la smala. Nous devons retourner en ville, dans la médina où vit sa tante. Selon la tradition, m’explique Hajiba, ici, au Maroc, c’est en effet la tante qui veille à l’éducation de sa nièce, en priorité sur les parents biologiques, et en particulier sur l’éducation sexuelle, les plaisirs à donner à l’homme; en terme marketing on parlerait d’ « offre sexuelle ».
Bien qu’ayant entrevu depuis quelques mois, l’éventail de ses performances, tout à l’heure, en présence de sa tante, son « sexual coach », je lui poserai la question, « Hajiba, ma chérie quelle est ton offre sexuelle globale? », pour pouvoir me recentrer en harmonie, dans le présent contexte, psychique et physique, réel et bien concret.
Et pour mieux la capter, je lui demanderai aussi de me donner la fréquence vibratoire, la longueur d’onde et l’amplitude de ses vibrations habituelles lors de ses jeux amoureux.
Car il s’agit bien ici d’harmoniser nos énergies entre elle et moi, et dans tous nos ébats nous passerons par tous nos états:

Ce texte KI NO MICHI – publié par Thierry Pardo nous donne à ce titre un enseignement emprunt d’une grande sagesse.

« Bien sûr il y a le souffle de nos poumons, la libre circulation de l’air, le va-et-vient de l’énergie à l’intérieur de nos corps pour oxygéner les cellules. Bien respirer, de la bonne façon et au bon moment est indispensable à une pratique souple et harmonieuse.
Mais la simple respiration physique ne suffit pas.
Le flux et le reflux qui agit à l’intérieur de nous doit être compris comme une énergie bien plus grande que nous.
La terre tourne, les arbres poussent, les océans dansent leur ballet aquatique au rythme des marées.
L’ énergie que nous allons utiliser, que nous utilisons déjà, dans notre union sûprème, ne nous appartient pas vraiment. Laissons nous traverser par ce flux, et veillons à ne pas contracter nos muscles, ne pas marquer de temps d’arrêt, ne pas interrompre le cours des choses, ne pas enfermer l’énergie dans nos bras, nos main, ni ailleurs…..Même la volonté acharnée de réussir peut créer une crispation inutile et néfaste à la circulation du souffle. Tout à coup, les amoureux réalisent qu’il travaillent en apnée, que leur respiration ne suit pas le cours naturel. Alors il faut reprendre tranquillement, faire descendre la respiration à l’étage ventral et petit à petit, libérer les épaules, les poumons , le plexus.
Les corps se décontractent et enfin le souffle prend sa véritable signification ».

« Kokyu ryoku » compris intellectuellement est inutilisable. Il faut l’apprendre par le corps dans l’exercice de tous les jours, il ne s’assimile qu’après un travail d’empilage.

…Et je ne doute pas qu’à la fin des fiançailles, Hagiba et moi irront nous empliler une fois encore!
La cérémonie des fiançailles est très simple, elle comprend trois phases:
– l’expression de mon désir de vivre avec Hajiba, que je formule à sa tante en la regardant franchement dans les yeux.
– l’absorption d’un bol de lait d’amandes fraîches, préparé par Hajiba devant moi, et qu’elle me tend le regard d’abord baissé dans un geste de soumission, puis droit dans les yeux, avec son sourire confiant.
– la remise à sa tante du montant de la dote, très raisonnable par ailleurs.
Pétri d’émotions, devant la solennité de la céremonie, j’ai les larmes aux yeux et je vais dans la salle de bain pour me rincer le visage.
Lorsque je reviens je ne vois ni ma fiancée, ni sa tante. Etonné, je demande au témoin de la tante: mais, où sont elles passées?
 » Selon la tradition, Hajiba va passer sa première soirée de fiancée avec sa tante. Elle sont parties place Jmâ el Fna, pour acheter des beaux vêtements pour ta chérie. Tu en seras fier quand vous sortirez ensemble: une belle fille avec de beaux vêtements! Après elles iront dîner ensemble, et Hajiba écoutera les conseils de sa tante pour votre vie commune ».
« Très bien, et moi qu’est ce que je peux faire maintenant? « 
 » Maintenant que la cérémonie est terminée tu peux y aller. Au revoir et toutes mes félicitations, tu as choisi une bonne fille, jeune et belle…Slama » et il m’ouvre la porte de sortie.
Drôle de conclusion pour des fiançailles. Enfin si c’est la tradition….
Quelques jours plus tard, de retour à Haroura, Hajiba a quelque chose à me dire, mi-ennuiiée, mi-excitée.
 » Chérie je crois bien que je suis enceinte »
 » Hajiba, tu en est sûre? C’est une bonne nouvelle, dès demain Mustapha te conduira chez un médecin pour un contrôle ». » Maintenant viens, j’ai envie de toi ». « Oui, chéri, je suis à toi, je prend une douche et j’arrive. Attends moi là haut. »
Puis je monte l’escalier rapidement et nerveux, j’attend ma cavalière. Je la prend et la reprend sur un rythme rapide, effréné et profond, la saisissant par sa crinière pour mêler ma langue à la sienne, je me libère sauvagement, en un coup, de tout mon stress, et de tout mon sperme!
Et nous nous étreignons. Magnifique union, magnifique sensation. L’annonce de cet enfant a réellement sublimé notre amour. Expérience sensuelle inoubliable.

Le job
Le lendemain matin, j’apprends officieusement par Khalid, un animateur sociologue de notre équipe, que notre notre client l’ONEP va suspendre nos activités dans les douars, car notre communication à l’adresse du monde rural est jugée beaucoup trop intrusive Et de plus nous avons maintenant un site public sur le net www.iecntic.org (crée par mon fils, il y a seulement quelques jours). Et voilà que nous publions à profusion, des images et des videos, très expressives ramenées du terrain. Des témoignages, surtout des femmes qui alertent sur la situation misérable des populations rurales laissées pour compte du développement dans les campagne marocaines. Petits agriculteurs et cultivateurs, maisons délabrées dans les douars, corvées de l’eau qui exténuent les femmes, conditions sanitaires misérables…etc.
Des témoignages bruts, que nous sommes allés chercher directement, sur le tas, et qui font remonter dans les villes, toute la misère de la moitié du peuple marocain: les ruraux, les paysans, les bleddars, les douaristes….les oubliés du devellopement depuis des décades!
Toute cette misère exposée en public, avec le poids des mots et la force des images, alors que normalement les touristes n’ont même pas le droit de se rendre en brousse, ni de visiter les douars.
Les Gouverneurs des provinces oû nous intervenions pour le compte de l’Union Européenne, que j’avais rencontré personnellement, à plusieurs reprises n’avaient eu de cesse de me mettre en garde. Et puis c’est même un conseiller trés proche du roi, qui avait souhaité me rencontrer pour évoquer une fois encore ce sujet tabou. Nous sommes, disait-il, bien sûr pour le devellopement des douars, mais à la vitesse qui leuŕ convient.. .
Alors qu’une Omerta politique sur le monde rural (un réservoir électoral constant de 50%) totalement soumis au Roi, était la préoccupation majeure du gouvernement, malgré des avertissements répétés, nous venions de créer un site public www.iecntic.org duquel n’importe qui pouvait charger des photos et des videos en grandes quantités, dont bon nombre était virulentes contre le gouvernement!
Nous étions en train de semer les germes, d’une révolution. Les printemps arabes allaient suivre quelques années plus tard.
C’est vrai, certains citadins se doutaient bien de l’Omerta sur le secret le mieux gardé du royaume: la misère du monde rural, la moitié de la population du Maroc.
Mais avec notre site, c’est tous les citoyens du Maroc qui allaient prendre conscience de la situation calamiteuse des paysans.

En ce qui me concerne, des bruits commençaient à filtrer sur l’arrêt de nos activités d’IECNTIC, et donc sur mon prochain départ. Et ce qui devait arriver arriva le lendemain de mes fiançailles avec Hajiba!
Toutefois, professionnellement parlant ma remise à disposition au bureau d’études SOGREAH ne m’embarassait guère. Grâce à mon diplôme d’ingénieur hydraulicien j’avais en effet obtenu l’assurance de la SONES, Sociéte Nationale des Eaux du Sénégal, d’intervenir avec un contrat de deux ans, comme conseiller, chef de la mission de gestion, de suivi, et de contrôle pour un projet d’alimentation en eau potable de 11 villes au Sénégal. Basé à Dakar. Cool, non?

Xavier
Sentant confusément qu’il me faudrait très bientôt quitter le Maroc, je me devais de convaincre , Hajiba, de venir vivre avec avec moi au Sénégal. De sortir de sa zone de confort! …pour rentrer dans la mienne. No comment.
Pour elle, tellement attachée à sa famille, tellement imprégnée de la culture et de la pensée islamique, je présentais que celà ne serait pas facile.
La survenue de sa grossesse, la naissance prochaine d’un bébé, l’adieu à sa vie de célibataire, la mariage avec un étranger, pour sympathique que ce soit, allaient néanmoins soulever, à son endroit, de multiples difficultés.
Cependant ce qui se dessinait me paraissait à l’instant exactement conforme à ce qu’elle souhaitait: un mari riche (à ses yeux, du moins), un enfant qui fixerait ce mari un tant soit peu volage..Donc la recette qu’elle avait appliquée, en faisant irruption dans ma vie, avec son aptitude à délivrer le plaisir des yeux, du corps, de l’esprit et de l’àme, était en train de porter ses fruits.

Omar Rahyyam
 » Le plaisir des yeux », oui c’est bien, OK, c’est cool, disaient les poètes de la tradition islamique mais « :  » Il n’est de plaisir, que la main ne puisse atteindre » avait ajouté et pratiqué Omar Khayam, le mathématicien de Bagdad, auteur des fameux Ruhbayats (les quatrains): buveur et laudateur de vin, coureur de faradjia légères (jupons) portées par de jeunes tulipes évanescentes (?).
Moi, nouveau coverti, disciple dOmar Khayam? Ça, c’était sûr.

Omar Khayam, mathématicien et poète persan du XV ème. Préoccupé, 4 siècle avant Blaise Pascal ,par les coniques:

Blaise Pascal dans son Traité du triangle arithmétique, donne une présentation commode en tableau des coefficients du binôme, le « triangle arithmétique », maintenant connu sous le nom de « triangle de Pascal ». Yang Huimathématicien chinois sous la dynastie Qin, avait travaillé quatre siècles plus tôt sur un concept semblable ainsi qu’Omar Khayyam au XI siècle. 
Mais Omar Khayyam, était aussi préoccupé par le vin et les jolies filles :
« Prends la résolution de ne plus contempler le ciel. Entoure-toi de belles jeunes filles et caresse-les. Tu hésites? Tu as encore envie de supplier Allah? Avant toi, des hommes ont prononcé de ferventes prières. Ils sont partis, et tu ignores si Allah les a entendus ».

« La fraîcheur d’Hajiba appelle ma vieillesse, au printemps de mon coeur ».

https://youtu.be/UF2a_XqcB7o
Maintenant cependant une période de bouleversements psychiques et physiques s’ouvrait devant elle. Moi j’en avais pris l’habitude. Mais, elle?
Pourrais-je la soutenir dans ses débuts, et pourrais-je simultanément performer le démarrage du programme. Etait-ce vraiment le bon moment pour avoir un enfant? En fait il me paraissait nécessaire de surseoir à la naissance prématurée de ce qui n’était pour le moment qu’un embryon….
Ce qui revenait à proposer à Hajiba, ici et maintenant, de se faire avorter.

Hajiba
De retour de sa visite médicale, sa grossesse est confirmée. Je lui fais alors part avec beaucoup d’attention, d’amour et de délicatesse de mes réflexions et je conclue sur la nécessité de l’interruption de grossesse. Puis je lui parle de la fin de mon travail au Maroc et de mon départ prochain pour le Sénégal, et lui demande d’accepter de venir y partager ensemble notre vie.
Je suis conscient que ça fait beaucoup pour une jeune femme de 19 ans.
Cependant elle accepte de venir avec moi, jusqu’à une clinique qui pratique, en toute discrétion, l’avortement (illégal dans son pays et passible de prison).
La visite à la clinique se passe bien, le docteur et les infirmières comprennent bien les hésitations d’Hajiba, et mettent tout en oeuvre pour la rassurer et éveiller sa confiance: propreté, santé, compétence, expérience, exemples récents avec des jeunes femmes de son àge…etc. Après bien des hésitations, Hajiba, mise en confiance, finit par accepter l’intervention.
Rendez vous est pris pour le lendemain matin, à 8 h.
Cependant le lendemain matin, au réveil elle me fait part de sa décision de ne pas avorter et m’annonce, tout de go, qu’elle va rentrer à Marrakech chez ses parents.
Je suis navré, et j’essaye une dernière fois de la dissuader, mais sans succès. Et la mort dans l’àme, je l’accompagne à la gare, Rabat voyageurs, direction Marrak’ch.
Nous nous quittons froidement, une bise réciproque du bout des lèvres. Et le train s’ébranle, même pas un dernier signe par la fenêtre.
Là, c’est pour moi, que c’est allé trop vite. Tout cela ressemble fort à une rupture définitive.

J’ai reçu le coup que j’attendais. Ma bien-aimée m’a abandonné. Quand je l’avais, il m’était facile de mépriser l’amour et d’exalter tous les renoncements. Près de ta bien-aimée, Khayyâm, comme tu étais seul! Vois-tu, elle est partie pour que tu puisses te réfugier en elle.

L’amour qui ne ravage pas n’est pas l’amour. Un tison répand-il la chaleur d’un brasier? Nuit et jour, durant toute sa vie, le véritable amant se consume de douleur et de joie.

Hajiba qui savait si bien combler avec amour les désirs de mes yeux, de mon corps, et de mon âme, réalisait qu’elle ne pouvait trouver « les mots le dire ». C’est à dire, pour me dire, ses pensées, ses sentiments, ces émotions. Elle préfèrait prendre la fuite. Un bel exemple de la difficulté de vivre ensemble en couple transculturels.
Mais comme d’habitude en pareil cas (j’en ai tant vécu des séparations, des ruptures) j’augmente la réalité.
Et moi aussi je la fuis, en me jetant vers d’autres aventures. J’ai ma méthode, l’alcool avec des nouveaux copains de bar, les filles, la baise, l’argent.

Les émotions fortes, et parfois le danger.
Contrairement à un proverbe de comptoir sur les femmes:  » Y en a pas une pour remplacer l’autre », moi j’ai tout le temps trouvé une remplaçante.

« Rien ne m’intéresse plus. Lève-toi, pour me verser du vin! Ce soir, ta bouche est la plus belle rose de l’univers… Du vin! Qu’il soit vermeil comme tes joues, et que mes remords soient aussi légers que tes boucles! »

Cependant s’agissant d’Hajiba, pourquoi avoir supposé une rupture? Partir oui pour le boulot, mais ne plus me manifester, non!

Voilà, en m’investissant à fond dans le maelström de ce nouveau programme, au Sénégal, j’allais oublier Hajiba.
D’ailleurs avais-je vraiment l’intention qu’elle vienne avec moi?

Wait and see…
Cependant, le vide laissé dans mon esprit par Hajiba est très vite comblé par le retour de ma crainte de l’Organisation. Avec ses moyens sans limites elle peut corrompre n’importe qui. Je ne suis pas entièrement remis de la peur qui m’avait fait quitter le programme dès son début, pour venir me réfugier en France, et ne revenir au Maroc que deux semaines après..
D’ailleurs ma course effreinée vers l’alcool, ma motivation, mon engagement à fond pour mon job, mes heures de travail excessives, les déplacements fréquents avec les animateurs dans les douars, ma créativité professionnelle, mon obscession de la réussite du programme, les amitiés interlopes, les filles faciles et mon attachement à Hajiba, n’etait-ce pas tout simplement pour meubler le vide, combler le temps dans mon cerveau et ne laisser aucune place, aucune faille, à l’Organisation pour y pénétrer à nouveau?
La sortie de ma vie d’Hajiba, me laissait à nouveau vide, désemparré, sans défense.

https://youtu.be/HI6Er7t5c4Yhttps://youtu.be/fbnic9e8C7Q


Maintenant de mon coté je n’ai pas de temps à perdre, je sens qu’il me faut quitter les lieux avant que la situation avec les autorités ne s’aggrave.
Il me faudra à peine une semaine pour demissioner, déménager, prendre congé de tout le monde et déployer mes ailes de l’aéroport Mohamed V à Casa jusqu’à l’aéroport de Yoff àDakar.
L’arrivée de mes collaborateurs est imminente. Ça commence par Etienne Lenoir, belge, spécialiste en l’électromécanique, puis Jamel Brahmi tunisien, génie civiliste.. et enfin Gerhardt Sanzenbarer. du bureau d’étude allemand IGIP, qui a le contrat avec la SONES.

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