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Mathelem

Avec Jacques et Serge nous formions  le trio des Solex Boys.

Les Solex boys en 1962: Jacques debout (paix à son âme), Serge, et moi en bas. En gestation : architecte, commandt de bord, ingénieur….

Tangente au bac: 107 jours !

CLOCLO film complet

Dans les temps préhistoriques les maths sont nées pour être utiles. Les nombres servaient à compter les moutons d’un troupeau,la géométrie à mesurer les champs et tracer des routes.
Au fil des temps, les Homo Sapiens furent bien étonnés de découvrir les chemins sinueux de cette science parfois abstraite, d’une richesse à couper le souffle. Exemple:

A quoi servent les maths d’hier et aujourd’hui ? Merci de connecter à l’adresse URL ci-dessous, qui détient la (les) meilleurs réponses. Le reste est un peu folklorique….

https://www.superprof.fr/blog/applications-pratiques-des-mathematiques/

https://www.youtube.com/watch?v=8FeC5Pnd0Hw

Histoires de lycée

Peu aprés que Roger m’ait tué, son père M. Raynaud, allait me montrer le sens de ma vie. Il se proposait de nous donner, à Roger et à moi, des cours de maths.
Pour moi ce fût une révolution: j’étais à l’aise, je comprenais facilement et j’aimais ça; en bref j’étais doué et je suis devenu effectivement fort en maths.

En classe de mathelem, notre professeur. M. Lucas me paraît apprécier mon sens des mathématiques, et mine de rien me prodigue des encouragements, tandis que j’engrange des résultats positifs, lors des contrôles.
Du coup, je me mets à bosser les leçons de cours, les exercices et les problèmes. Et à chaque trimestre je m’installe à le première place aux examens trimestriels.

Un exemple de « don », dont je me souviens:
M. Lucas nous file un exo à traiter à la maison:

Eureka, j’ai trouvé !
Sur une figure géométrique compliquée, établie à partir d’un triangle isocèle, où les hauteurs et les médianes se croisent, où les parallèles ne se rencontrent jamais, et où des cercles sont tapis derrière, des angles droits qui se déhanchent….. il s’agit, pour faire simple, de démontrer par un raisonnement géométrique appliqué à ce fouillis bordélique, bref, de répondre à une question unique que nous pose le professeur (et dont je n’ai gardé aucun souvenir).
On est trois copains à travailler ensemble (Jacques, Serge et moi), et même en y passant pas mal de temps on n’y arrive pas. On se quitte, chacun rentre chez soi et rendez vous demain après midi, pour la suite des opérations.
Je rentre à la maison, mais je suis obsédé par ce foutu problème. Et je bosse encore dessus, en vain, une partie de la nuit, la tête penchée sur ce tableau désespérant. Puis je me couche, il faut bien dormir un peu.

Le lendemain matin, avant d’aller retrouver Jacques et Serge pour continuer à unir nos efforts, je me donne encore un petit moment pour me pencher à nouveau sur le fouillis de segments, de droites, d’angles plus ou moins droits, …et?
…et…!…et?

Et de segments de droites parallèles, s’appuyant sur un cercle en haut, et un cercle en bas!

Bon Dieu, mais c’est bien sûr, UNE CAGE A LIONS qui me saute au yeux. Ayant visualisé cette cage, tout s’éclaircit, et la solution devient évidente.
Sinon, sans passer par cette cage on reste coincés, noyés dans l’embrouillamini décrit plus haut.

On peut remarquer encore une fois que « la nuit porte conseil » donc que « la solution vient en dormant ». J’en reparlerai dans le dernier chapitre de ce livre…
Toujours est-il que, fier comme bar tabac, je rejoins mes deux potes et leur explique que la solution est sous nos yeux, dans une cage de Lions.
Ils se demandent si je ne suis pas tombé malade, car ils ne voient pas cette fameuse cage et ne comprennent pas ce qu’elle vient faire dans notre pb.
Je les laisse mariner un peu, et finalement je vole à leurs secours en leur détaillant les éléments: le haut de la cage, le bas de la cage, et….les barreaux de la cage!
Ca y est, ils la voient la cage. Et du même coup, dix minutes après ils trouvent la solution de ce foutu problème. Alors qu’hier on y a passé 4 ou 5 heures, sans résultat.

Serge et Jacques, impressionnés, me laissent le soin de présenter ma solution à la classe, cet après midi.
Comme prévu, personne, sinon nous trois, ne l’a trouvée cette solution, et je l’expose sous les hourras de la foule!
M. Lucas est enchanté.

Et finalement j’aurais été le premier de maths à la fin de cette années en mathelem, et M. Lucas appuiera avec plaisir ma demande d’admission au Lycée Thiers à Marseille, en classes préparatoire, aux grandes écoles d’ingénieur.

Et surtout à 18 ans ans je passe le Bac mathelem., et suis admis en Hypotaupe (Mathsup dans le jargon des taupins) au lycée Thiers à Marseille.

En prenant le train bleu à la gare de Toulon, pour remettre moi même, en mains propres, au Surveillant Général du lycée Thiers, mon certificat de réussite au BAC Mathelem, j’ai conscience de réaliser une démarche essentielle à mon Histoire de Vie.


Août 1961 – Un mois sur le porte avion Clémenceau

Pendant les cours de mathelem, voilà deux officiers de la marine française qui viennent nous entreprendre sur les avantages à débuter après le BAC, une préparation au concours d’entrée à l’ Ecole Navale. Il nous tapent donc leur baratin sur le beau métier de militaire dans la Marine Française, soulignant que si on réussit au concours qui permet d’y entrer, on en ressort deux ans après comme Officier de Marine, avec un galon sur les épaulettes. Ce qui est un bon point de départ pour une vie intéressante, humainement, socialement et financièrement, avec l’assurance de progresser régulièrement vers de plus hauts grades, pour de plus hautes responsabilités et surtout ne n’avoir jamais à se retrouver au chômage comme ça arrive si souvent dans le privé. 

Rien de neuf pour moi, car avec mon oncle Tonton Jean, colonel en Santé Navale, nous en avons déjà parlé ensemble, à plusieurs reprises. J’adorais le récit de ses voyages, à Punta Del Gada, je ne sais plus où c’est, mais c’était sa destination préférée. Impressionné par sa belle prestance dans son uniforme blanc, quand on me posait, sur le ton intrusif des adultes qui s’adressent à un enfant de sept à dix ans, la question fatidique: 

“Alors et toi, qu’est ce que tu veux faire quand tu seras plus grand”. “Je serai Officier de Marine”. 
Et puis en devenant plus grand, Marine à laissé la place à Martine…
Officier de Martine ça eusse été sûrement pas plus mal!

Après cette intéressante digression, les officiers de la marine marchande font une proposition qui retient toute mon attention. Nous vous offrons un stage d’un mois, cet été, sur un bâtiment de la Royale.

Au choix: 

  • un mois sur le porte avion Clemenceau, tout neuf.
    un mois dans un sous marin de votre choix (lol)
    un mois dans un escorteur rapide , genre Jean Bar amélioré. Qui est intéressé?

“Moi M’sieur”, je lève le doigt le premier. 
“Quel est ton choix?” 
“Le Clem, M’sieur, le porte avion Clemenceau”
“Ah oui, et pourquoi?”  
“Voilà M’sieur, mon oncle Tonton Jean est pharmacien chimiste principal dans la Marine. Il m’a souvent parlé des ces misions au autre coins du monde. Alors j’ai envie de faire comme lui. Et puis je sais que le Clem est tout neuf, et j’ai envie de voir ça”.

“Très bien OK, un mois sur le Clémenceau, départ après le 2 aout, présente toi avec ton barda au port de Toulon, quai de la marine, à 10 h. Pour un appareillage à 20 h”.
Le marin met ses affaires dans un sac militaire couleur kaki, qui a la forme d’un gros boudin. Je vais donc faire de même et m’acheter un sac de marin. Pour le mois d’août tout entier je vais, je veux être un marin!

Dans la classe deux volontaires lèvent le doigt.
L’escorteur pour le premier (au retour il se plaindra des chocs sourds du destroyer lancé à vive allure dans un combat puissant, mais permanent, contre les vagues).
Le sous marin pour le second qui se plaindra de n’avoir rien vu, enfermé dans sa boite de conserve, toujours en immersion.

Eh bien , en ce qui me concerne, je ne me plaindrais pas: j’allais passer un mois passionnant sur le porte avion (où il y a pas mal de choses à voir, c’est le moins que l’on puisse dire) avec deux escales, au Portugal et en Algérie. 

Le Clemenceau, souvent surnommé familièrement « Clem » dans la marine, fut le 6e porte-avions entré en service dans la Marine française mais seulement le 2e construit en France (après le Béarn) et le 1er conçu dès l’origine comme tel.

Resté en service du 22 novembre 1961 au 1er octobre 1997 il constitua, en même temps que le Foch, son sister-ship mis en service un an après lui, la pièce maîtresse de la marine nationale. Durant sa (longue) carrière, le Clemenceau a parcouru plus d’un million de nautiques sur tous les océans et mers du globe.

Admis au service actif le 22 novembre 1961 et affecté au groupe des porte-avions (ALPA), il appareille aussitôt pour Toulon où il sera basé dans un premier temps.

La première escale est à Porto, au Portugal que nous atteignons après 2 jours de mer. Le Clémenceau est à l’ancre au milieu du fleuve Tage, en face de la ville de Porto. L’équipage n’étant pas consigné à bord, l’officier qui nous a en charge nous libère pour la soirée. Attention, il faut avoir réintégrer le bord avant minuit, dernier délai. Nous sommes donc un petit groupe de jeunes stagiaires à débarquer ensemble après le repas servi à bord à la tombée de la nuit. A peine, pied à terre, un ou deux jeunes portugais nous abordent et proposent leurs services. Pour moi c’est une première,mais qui sera renouvelée à chacune de mes intrusions dans un nouveau pays. Après, quand on est connu, ou reconnu, on n’est plus abordé par un tel comité d’accueil.

L’un d’entre eux, se propose de nous emmener faire connaissance avec sa soeur, dans les quartiers réservés.
Soyons prudents, notre Officier de marine nous a mis en garde: restez sur le port, il y a suffisamment de quoi visiter et se distraire, sans courir de risque. Surtout ne vous laissez pas embarquer dans les quartiers populaires. Pour moi, et pour mes collègues c’est un moment inoubliable: A 16 ans, le premier contact, sans guide, sans adulte avec un pays inconnu dont nous ne comprenons pas la langue. Chacun d’entre nous savoure avec surprise, bonne humeur et gourmandise ce moment exceptionnel dans la vie d’un homme: la véritable liberté…
Nous sommes libres, indépendants, inexpérimentés certes mais guidés par nos intuitions, nos sentiments , nos ressentis.

Animés ce désir de découvrir, je pousse la porte d’un cabaret, le “Diabolo” tapissé de rouge, au fond duquel sur scène, un petit orchestre joue du Fado, la musique et la danse traditionnelle du Portugal, selon les propos du serveur qui me guide, un peu intimidé, vers une table bien placée, et encore libre, malgré la foule des convives.
Mes compagnons me suivent, plutôt intimidés eux aussi, et nous nous installons confortablement dans nos chaises capitonnées, bien décidés à boire un bon verre, de quoi? de Porto évidement et à profiter du spectacle.

Avant de commander nous demandons au serveur le prix d’un verre de bon Porto, et le calcul du total pour nous quatre, car je lui explique que nous sommes sur le grand bateau, mais nous n’avons pas beaucoup d’argent.
Mucho, mucho? Il sourit, griffonne la multiplication sur son plateau et nous donne le nombre d’escudos (pas de calculatrice à l’époque). Après il faut encore faire la conversion en nouveaux francs français;puis il disparait et revient avec les consos et la monnaie en escudos. Un petit calcul de vérification (attention, on fait confiance mais on n’a pas l’intention de se faire rouler). 
Enfin, rassurés nous n’avons plus qu’à siroter notre porto (servi ici comme ailleurs en de trop petits verres) en écoutant les accents nostalgiques du Fado émanant de la divine diva , j’ai nommé Amalia Rodriguez. 

Que le vin est doux, que la chanteuse est belle, que sa voie est douce…le porto aidant nous sommes enchantés..
enhardis nous échangeons avec les consommateurs à la table voisine…ils sont contents de parler avec nous, étudiants français, et ne tarissent pas d’éloges sur la France et les français. Ca fait franchement plaisir à entendre…Et les voilà qui nous offrent un verre à chacun!

On discute, on boit un peu, et voilà le temps passe, nous nous embrassons tous, au revoir et à la prochaine, merci encore… et nous rejoignons, un peu en retard la chaloupe qui fait la navette entre le Clem. et le port de Porto. 

C’est une escale de courte durée, mais demain matin nous aurons le temps de revenir pour quelques emplettes, une bouteille de porto Sandeman pour moi. Et pareil pour les autres.

Ce voyage commence vraiment sous les meilleurs hospices. Nos couchettes sont à l’avant dans le quartier de l’équipage, et tout le monde est vraiment sympa avec nous, les étudiants. Le Chef cuisinier vient même nous avertir que nous pouvons venir le voir entre les repas, notamment pour le goûter en extra à 16 h. On y est allés presque tous les jours et on s’est tapé de gros sandwich au beurre, au jambon et en option, à la moutarde. Vraiment cool! Yes.

Le lendemain il est prévu pour nous une visite sur le pont, où nous pourrons assister aux décollages et aux atterrissages, puis au garage par l’ascenseur sur le pont inférieur. Rendez vous à 14 heures à notre quartier. Quartier libre pour la matinée. Libre circulation dans les coursives…

C’est alors qu’un pilote de Corsair vient me rejoindre au quartier. Il s’agit de Jean Baudrillard, un voisin de notre maison à Hyères. Briffé par sa femme, elle même briffée par ma mère, il est content de me trouver là et m’invite à un tour du Clem. 

On commence par monter au pont d’envol. Là sont parqués les avions près au décollage. Tandis que les autres sont parqués dans un hangar, au pont inférieur, certain étant même suspendu à son plafond.

O, y trouve des avions d’assaut (Étendard IV), des avions d’interception (Aquilon) puis (Crusader) et des avions de lutte anti-sous-marine (Breguet Alizé).

Je suis visuellement un peu familier de ces types d’avion, pour avoir passé une partie de ma jeunesse, le Dimanche, au bout de la piste de la BPAN à Hyènes, à les regarder atterrir et décoller. J’assiste ainsi à la disparition des vieux Hellcats et Corsairs au profit des Aquilons et Crusaders, d’une nouvelle génération. Et aussi des Alizés.

Puisque cette après midi, nous serons sur le pont d’envol, on vas se concentrer plutôt sur le hangar aux avions et la salle des machines. Dans le hangar, M. Baudrillard repère facilement son avion, et me fait monter serré contre lui dans le cockpit du pilote. 
Là, et c’est intéressant il m’explique son métier de pilote et comment il fait corps avec son appareil, qu’il voit comme le prolongement de lui même. 
Alors qu’on en arrive au siège éjectable, il me propose de m’asseoir dessus, tout en m’expliquant comment on se catapulte en vol (une décharge d’explosif, je crois), à quelle distance de l’avion on est alors projeté. Disons de mémoire, 20 mètres à la verticale. Assis sur le siège éjectable, je regarde le plafond à 10 m maximum à la verticale. J’ai la trouille, redoutant un accident toujours possible qui me catapulterait et m’écraserait la tête, malgré le casque.
J’en parle à Jean qui se marre, mais je descends sans tarder pour me rassurer. 

La visite dans la salle des machines est impressionnante. Elle a la taille d’une cathédrale, avec des moteurs énormes, reliés par des canalisations gigantesques. On descend par un sas étroit à l’étage inférieur où l’on accède à la partie basse des moteurs. Température autour de 50 degrés, pouvant parait-il monter en fonctionnement jusqu’à 70 °. Pas question de climatisation, c’est impossible. Alors nous avons une pensée pour les machiniste qui travaillent des jours entiers dans cette fournaise.

Après le déjeuner notre officier vient pour nous offrir une visite sur le pont. A ce stade, j’arrête d’écrire et vous propose une video de “C’est pas sorcier” centrée évidement sur le décollage et l’atterrissage des avions non pas sur le Clem mais sur le Charles de Gaulle. Ca dure 20 mn mais ça vaut le coup!

Pour en revenir au Clem, nous voguons pendant quelques jours, sans jamais nous ennuyer car il y a toujours quelque chose à voir, à comprendre sur ce grand bateau peuplé de 2000 hommes. Malgré sa taille le Clem est soumis, en cas de vagues au roulis et au tangage. Dans ce dernier cas en marchant vers l’avant dans une coursive, on se sent léger, en train de courir lorsque le bateau pique du nez, ou alors on se sent écrasé dans le cas contraire. Ces mouvements n’affectent cependant pas trop ma santé, alors que d’habitude je suis sujet au mal de mer dès que je mets les pieds sur un bateau. Vingt quatre heures après le départ de Toulon, le Clem avait pris ce rythme qu’il allait conserver pendant un mois.

Puis vint le moment, où dans le golf persique, allait se dérouler des manoeuvres conjointes entre les forces de l’OTAN. Avec en particulier le porte avion Forrestal le plus grand du monde en 1962. Lorsqu’il naviguait de conserve avec Le Clemenceau, un pilote américain se posait sur le Clem. Et, une fois sa mission effectuée, se retrouvait au mess des officiers supérieurs où célébrant l’amitié Franco.US il fit preuve, dit-on à bord, d’une bonne descente. C’est l’habitude bien connue des militaires que de se bourrer la gueule avec leurs invités, à bord. 
En fait les grandes manoeuvres internationales ne se sont pas très bien passées pour le Clémenceau, touché, coulé au bout d’un quart d’heure. Et s’est vu astreint à un virage très serré à grande vitesse pour marquer sa sortie de la bataille navale!

Quelques jours plus tard, le programme de notre voyage est bouleversé par un évènement imprévu: une panne de catapulte. Pour remplir les objectifs de sa mission permanente, c’est à dire être opérationnel tout le temps à 100%, il fallait donc réparer d’urgence cette catapulte. Compte tenu de notre position, le plus rapide serait de foncer sur l’Algérie, pour réparer dans la base française de Mers El Kebir. 

Sélectionnez et cliquezsur le lien bleu qui apparaît.

https://www.google.com/search?q=mers+el+kebir+base+souterraine&client=safari&rls=en&sxsrf=ALeKk03BNxJJfUeAxfzvZxx4XPK8KuKHFg:1586485207167&tbm=isch&source=iu&ictx=1&fir=1hnMxFsNh2DHsM%253A%252CywLhCkMjacEB6M%252C_&vet=1&usg=AI4_-kRcnrqzVA9m76h6ASkQONKprWa7Rg&sa=X&ved=2ahUKEwiAp9v55dzoAhUUITQIHYa4BBAQ9QEwDHoECAkQIA&biw=1199&bih=812#imgrc=lDbhjji2xcuJxM&imgdii=yaxR3zMDqx4BbM

Un foule de photos et de renseignements sur la base française, à l’époque, avant de devenir algérienne 5 ans après l’indépendance. 

Le Clemenceau se dirige donc vers Mers El Kébir, une base érigée par les français au temps de la colonie. Mais ce temps est passé alors que nous accostons dans le port. 


Nous arrivons deux semaines après que l’Algérie eût accédé à l’indépendance le 5 juillet 1962. .

Alors que le Clem est en train d’accoster on me demande au téléphone: c’est mon oncle Tonton Jean à l’appareil qui m’appelle d’Oran, où il est en mission de longue durée en tant que pharmacien chimiste principal dans la marine nationale française. Je suis surpris de son appel, car je le pensais en France, sans doute M’man l’a-t-elle briffé à propos de mon stage sur le Clémenceau. Il propose de venir me chercher pour que nous passions la journée ensemble. Mais je lui rétorque que tout le monde est consigné à bord en raison des évènements. On peut le comprendre, il ne serait pas bon de voir nos pompons rouges parader dans les rues d’Oran, juste quinze jours après l’indépendance. Mais Jean m’explique, que sur sa demande, je serai autorisé à sortir avec lui, en sa qualité d’officier supérieur, 5 galons dorés. D’ailleurs il va venir me chercher habillé en uniforme.

Une heure après il m’attend sur le quai d’accostage, et nous partons tous les deux visiter les bases navale et souterraine de Mers El Kébir. Abondamment décrites sur le lien très riche ci-dessus. Pour ma part je suis impressionné par la dimension des souterrains, où l’on peut circuler en voiture sur 4 voies. Evidement tout est à l’arrêt, le corps médical (Santé navale) étant rentré à la maison juste avant le jour de l’indépendance. Il ne reste que le personnel de garde, et d’entretien. En effet selon les accords d’Evian, la France conserve encore la base pour une durée de 15 ans (en fait la restitution aura lieu au bout de 5 ans seulement). Jean tient particulièrement à me montrer les installations de santé, particulièrement le bloc opératoire. Tout est là, moderne, complet, propre.. 

Puis nous allons faire un tour à Oran (à proximité). En ville les barrages tenus par les soldats sont nombreux. Mais nous n’y sommes pas arrêtés, et Jean est salué en regard de son uniforme de général de l’armée française. Le drapeau vert et rouge de l’Algérie flotte au vent.
Ça et là les murs des immeubles portent les traces de combats récents: impacts de balles, traces noires d’explosifs. Personne dans les rues, personne dans les avenues. Jean habite dans un immeuble à proximité de la cathédrale. Là aussi des traces de balles en façade. Mais des balles françaises, les gendarmes rouges tirant sur tout ce qui bouge. Un viel ascenseur à grille coulissante. Pas de clim, à l’époque, juste les volets fermés, et l’obscurité sur les sols en tomettes (carreaux) provençales. 

Une bière ou deux, en fumant une Bastos, l’heure du déjeuner arrive. Jean est ravi de m’emmener au mess des officiers supérieurs, quartiers des roches noires. Un mess très confortable, un service impeccable par des garçons en livrée; on commence par les présentations, puis c’est l’apéro – on boit beaucoup de whisky dans la marine – et nous passons à table. Alors à la demande de l’Amiral je raconte mon voyage sur le Clem, l’ambiance à bord, l’escale à Porto, les grandes manoeuvres dans le golfe persique, puis le problème de catapulte qui nous amène à Oran et le plaisir d’y retrouver Jean, mon oncle et de découvrir l’ Algérie, et finalement de me retrouver au Mess des officiers supérieurs. En soulignant la compétence et l’amabilité de l’officier qu’on nous a détaché, et de tous ceux que j’ai pu rencontrer pendant ce que je peux appeler une belle et très intéressante croisière.
Je leur précise, de plus, qu’avant de partir de Toulon, j’étais allé proposer au Directeur du journal bien connu “Le Provençal” de lui livrer à mon retour le récit de mon voyage sur le Clem: quatre publications, une par semaine. 

Bref tout le monde est bien content de mes propos aimables, et les commentaires vont bon train. Puis on me demande, quelles études vais je commencer juste après ce voyage. Evidement ils attendaient tous (sauf Jean) la préparation à l’Ecole Navale, et ont donc été un peu déçus, mais néanmoins impressionnés par ma réponse: je vise l’X, l’Ecole Polytechnique, la plus prestigieuse des écoles d’ingénieurs.Et je vais faire ma prépa au lycée Thiers à Marseille. 
Bon, Jean modère mes propos, “travaille bien en Prépa, passe les concours communs aux grandes écoles et on verra le résultat”.
Apparté: en fait je n’aurais été qu’un ancien futur élève de l’école polytechnique. Mais j’ai quand même intégré l’ ENSHG (école nationale supérieure d’hydraulique de Grenoble) qui m’a propulsé vers une vie de rêve, avec un job de rêve. YES! I DID. 

Après ce délicieux repas, en si bonne compagnie, Jean me ramène au bateau, à Mers El Kébir. IL est 17 h et Jean qui est bien renseigné me dit: le Pacha va bientôt rentrer à bord, laissons le passer comme ça tu pourras monter plus discrètement la passerelle, vu que personne n’était autorisé à débarquer aujourd’hui. Donc si j’ai bien compris sur les 2000 personnes à bord, seuls l’Amiral et moi même avons mis pied à terre aujourd’hui. Olé!

Au revoir Tonton et merci pour cette belle opportunité de découvrir l’Algérie. 

Aujourd’hui le Clem est à la casse. Il a été remplacer par le Charles de Gaulle.

J’étais loin de me douter en cette année 1962 que mon destin me conduirait, 43 ans plus tard, à nouveau en Algérie, dans un contexte bien différent.
Après c’est le retour en France à Toulon, où a peine débarqué je continue à tanguer pendant deux heures.

 A voir sur You Tube: le Charles De Gaule

Pour finir cette aventure il me reste à en communiquer, comme promis, chaque semaine un article au journal “le Provençal” ; tout va bien, mais avant de publier mon quatrième et dernier article le Directeur du journal me demande de passer le voir; ce que je fais me rendant de Hyères à Toulon en bus, et là il m’explique, après un petit baratin sur la censure, qu’il ne publiera pas ce dernier article, car il est truffé de remarques désobligeantes envers la marine française, dont les lecteurs constituent une grande part de sa clientèle.

Il est sympa et a l’air gêné, comprenant ma déception, et me consolant en quelque sorte par des mots aimables « c’est la vie, jeune homme; vous en verrez d’autres ».
Des vertes et des pas mûres.

A vrai dire je suis quelque peu surpris car j’étais plutôt genre Algérie française, et la description de ma sortie à Oran n’était sans doute pas des plus aimables pour l’Algérie. Mais quid de la marine française ? Manarf (je ne sais pas en arabe).

Évidemment les multiples séjours effectués depuis dans divers pays, en Afrique et plus spécifiquement en Algérie ont fait tomber mon racisme sommaire de l’époque. Si bien qu’aujourd’hui je ne suis raciste ni contre les arabes, ni contre les blacks. 

Le Chrales De Gaulle, a voir sur You Tube:
https://www.youtube.com/watch?v=CpI_LDx5mX4


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